Memphis Meats est l’une des entreprises qui développent la viande in vitro avec l’objectif de la rendre un jour moins chère et plus écologique que la viande traditionnelle. La start-up qui « cultive » la viande à partir de cellules animales se donne trois à quatre ans avant de voir paraître ses produits sur le marché. Pour montrer leurs avancées, ses porte-parole ont dévoilé la première boulette cultivée à partir de cellules de bœuf.
Afin de produire la viande dans un laboratoire, Memphis Meats commence par isoler des cellules de vaches et de porcs qui ont la capacité de se régénérer, et alimente les cellules avec de l’oxygène et des nutriments tels que les sucres et les minéraux.
« C’est l’avenir de la viande », dit Uma Valeti, le PDG de Memphis Meats. « Nos produits sont à l’industrie de la viande ce que l’automobile a été au cheval. La viande de culture remplacera complètement la viande existante, rendant l’élevage d’animaux à des fins alimentaires tout simplement impensable. »
Selon la FAO, l’abattage des animaux pour fournir de la viande représente plus de 1900 animaux par seconde, soit 60 milliards d’animaux tués chaque année. Plus d’un milliard d’entre eux sont tués dans les abattoirs français.
D’après M. Valeti, aucun animal n’est abattu pour la fabrication de la viande de Memphis Meats. Cependant l’enseigne utilise du sérum de veau fœtal à partir du sang de veaux à naître pour lancer le processus. Il s’agit du supplément animal le plus couramment utilisé pour les cultures cellulaires. Mais l’entreprise travaille actuellement sur une alternative à base de plantes qui devrait remplacer le sérum à l’avenir.
Memphis Meats a ainsi pu cultiver de la vraie viande en petites quantités, en utilisant des cellules de vaches, de porcs et de poulets. Sur son site web, la société explique l’enjeu de cette technologie. « Nous aimons la viande. Mais comme la plupart des Américains, nous n’aimons pas tous ces effets indésirables propres à la production conventionnelle de viande : la dégradation de l’environnement, les nombreux risques pour la santé, et les produits alimentaires qui contiennent des antibiotiques, des matières fécales, des agents pathogènes et d’autres contaminants. »
Sa première ligne de produits comprendra des hot-dogs, des saucisses, des hamburgers et des boulettes de viande faites selon les recettes de chefs de renom. « Notre concept est simple. Au lieu d’élever les animaux pour obtenir leur viande, pourquoi ne pas cultiver la viande directement ? À cette fin, nous combinons des décennies d’expérience dans les domaines culinaires et scientifiques pour cultiver des cellules réelles sans viande animale – dans un processus qui est plus sain, plus sûr et plus durable que l’agriculture animale conventionnelle. »
Révélée il y a une dizaine de jours, leur première boulette de viande de bœuf ressemble comme deux gouttes d’eau à une boulette de viande issue d’élevage. « Nous avons regardé comment la boulette se comportait dans la casserole, nous avons entendu le grésillement, nous avons senti la viande et elle sentait exactement comme une boulette de viande doit sentir », dit Valeti dans la vidéo créée pour l’occasion.
Le seul inconvénient majeur de ce nouveau produit est son coût. En ce moment, produire un kilogramme de bœuf haché de Memphis Meats coûte environ 40 000 dollars par rapport à 9 dollars le kilo dans la plupart des épiceries américaines.
Memphis Meats vise à réinventer l’agriculture animale moderne qui selon les estimations des Nations Unies consomme un tiers des céréales dans le monde et utilise environ un quart de l’ensemble des terres pour le pâturage, a rapporté le Wall Street Journal. Tandis que la production d’une calorie de bœuf nécessite la présence de 23 calories dans le fourrage, Memphis Meats prévoit de produire une calorie de viande en utilisant seulement trois calories dans les intrants.
La société indique que sa technique de pointe permet de réduire de 90 % des émissions à effet de serre et de consommer moins d’éléments nutritifs. De plus, elle ne nécessite pas d’antibiotiques ou d’autres additifs utilisés dans la production de viande traditionnelle. Les porte-parole de Memphis Meats affirment qu’ils ont eu des discussions avec le ministère américain de l’Agriculture et la FDA sur la façon dont leurs viandes seront réglementées.
Mais l’entreprise n’est pas la seule à travailler dans ce domaine : le premier burger créé « in vitro » à partir de cellules souches de vache a été cuisiné et dégusté à Londres en 2013. Son créateur, le scientifique néerlandais Mark Post, a affirmé qu’il pourrait révolutionner l’industrie alimentaire et aider à sauver la planète. Malgré le coût prohibitif (250 000 euros pour 142 grammes), Mark Prost a tout de même conclu à un « très bon départ » pour son produit, surnommé « Frankenburger« . Avec son équipe, il a mis six semaines pour confectionner ce steak à partir de cellules souches de vache cultivées en laboratoire. Ils y ont ajouté de la chapelure, du sel, de la poudre d’œuf ainsi que du jus de betterave et du safran pour la couleur.
« Dans vingt ans, on pourra avoir dans nos supermarchés deux produits ayant exactement le même goût et la même apparence. L’un provenant de la vache qui comportera une écotaxe et impliquera que des animaux aient été tués. L’autre venant du labo sans que personne n’ait eu à souffrir et potentiellement moins cher », a résumé Mark Post.
Sergey Brin qui a financé le projet de Mark Post pense en revanche qu’il peut « transformer le monde ». « On est en gros devant trois scénarios : on devient tous végétariens mais je n’y crois pas. On ferme les yeux et on aura des problèmes environnementaux. Ou on essaye quelque chose de nouveau », a dit le co-fondateur de Google.
Malgré son coût élevé, la complexité des procédés et le manque de recherches en matière d’effets secondaires, cette technologie révolutionnaire ouvre de nouvelles voies à l’industrie agroalimentaire, tout en permettant de sauver la vie de nombreux animaux. Vous pouvez vous informer sur le sujet avec ces chiffres qui vont vous faire prendre conscience des conséquences colossales de la surproduction de viande.
Par Ida Junker-Ceretti, le
Source: Daily Mail
Étiquettes: restauration, cuisine, animaux, viande, cellule
Catégories: Écologie, Sciences, Actualités