Des chercheurs de l’Institut de technologie du Massachusetts (MIT) ont développé un vêtement intelligent capable de s’adapter à notre température corporelle. Afin d’y parvenir, l’équipe a utilisé une bactérie présente dans un plat traditionnel japonais. SooCurious vous en dit plus sur cette invention aussi incroyable que judicieuse.
Le Tangible Media Group du MIT, dirigé par Hiroshi Ishii, a imaginé un futur où tout ce qui nous entoure est interactif, même nos vêtements. Les développeurs s’intéressent de plus en plus à l’interactivité des habits, comme en témoignent ces 7 vêtements connectés. En dévoilant le projet BioLogic, les chercheurs ont toutefois poussé le concept beaucoup plus loin. Menée par l’étudiante en doctorat Lining Yao, l’équipe s’est alliée à la marque New Balance et au Royal College of Art de Londres pour élaborer un vêtement agissant comme une seconde peau, pouvant réagir à notre température corporelle.
Un vêtement particulièrement intrigant, puisqu’il a été conçu à partir d’une bactérie appelée Bacillus subtilis natto. En provenance du Japon, elle sert notamment à la confection du natto : un plat à base de soja et de haricots fermentés. Mais ce n’est pas pour ses propriétés culinaires que Lining Yao s’est intéressée à cette bactérie, elle possède en effet la capacité de réagir (se dilater ou se contracter) à l’humidité atmosphérique. En exploitant parfaitement cette aptitude, l’équipe du MIT a estimé que la bactérie pouvait agir en tant que véritable actuateur, et non comme un organisme imprévisible.
Un plat de natto :
Les actuateurs sont des éléments mécaniques présents dans la majorité des objets technologiques : les montres, les téléphones ou encore les voitures. Lining Yao et son équipe veulent élargir les possibilités en créant un actuateur fait à partir de matière biologique. Ils ont ainsi placé les bactéries dans des bioréacteurs en analysant leur développement à l’aide d’un microscope à force atomique. Les chercheurs ont ensuite utilisé une imprimante 3D à résolution micron pour créer le matériau en entourant les bactéries de plastique et de Kapton, une variété de film.
Ils ont effectué de nombreux essais, notamment différentes tailles et formes, en utilisant un logiciel capable de simuler la réaction des cellules. Une fois prêts, les composites ont été envoyés à des designers qui les ont intégrés dans des habits. Pour effectuer cette tâche, ces derniers ont analysé des cartes indiquant quelles régions du corps sont les plus chaudes lorsque nous faisons de l’exercice. Le vêtement est ainsi capable de s’élever et de se baisser pour laisser l’air circuler lorsque vous transpirez ou que votre température corporelle est élevée. BioLogic n’a pas pour seul usage les vêtements. L’équipe a ainsi mis au point des abat-jour capables de s’ajuster en fonction de la lumière, ou encore des sachets de thé indiquant lorsqu’ils sont prêts.
Dans cette vidéo, vous pouvez voir le processus de l’élaboration de BioLogic, mais aussi son fonctionnement :
La création de Lining Yao est aussi révolutionnaire qu’encourageante. La chercheuse estime que des millions d’autres organismes biologiques peuvent être exploités, comme certains qui réagissent à la lumière ou d’autres à l’électricité. Ces micro-organismes ou bactéries représentent un potentiel conséquent d’actuateurs qui n’utilisent pas d’énergie et qui fonctionnent silencieusement. A la rédaction, nous sommes bluffés par BioLogic, et nous aimerions pouvoir essayer le vêtement. Seriez-vous prêt à porter un tel dispositif ou préférez-vous faire votre exercice dans des vêtements normaux ?
Par Mathilde Rochefort, le
Source: gizmodo