Tout le monde connaît la fameuse citation d’André Malraux, l’ancien ministre de la Culture et écrivain : « Une vie ne vaut rien, mais rien ne vaut une vie. » Et si on vous disait que pourtant, la vie d’un homme a bel et bien un prix. L’idée peut vous paraître saugrenue, mais c’est une réalité qui remonte au Moyen Âge. Aujourd’hui encore, la vie d’un homme a un prix. SooCurious clarifie pour vous le sujet.
Comment peut-on fixer un prix à un être humain ? C’est une question que beaucoup de gens se posent et qui soulève de nombreux tabous moraux et éthiques. Un homme doit-il être assimilé à de la marchandise ? Dans les faits, oui. La vie humaine a une valeur économique. Elle peut être évaluée en terme monétaire. Cette valeur est beaucoup utilisée par les pouvoirs publics, notamment dans les secteurs de la sécurité routière et de la santé. Par exemple, un gouvernement prend en compte la valeur d’une vie quand il doit décider d’installer un feu tricolore ou un rond-point. Celui qui sauvera le plus de vies sera toujours privilégié car il fera moins perdre d’argent à la société. Il s’agit d’évaluer l’impact de dépenses ou d’investissements sur le risque de décès. Cependant, il faut savoir comment la valeur de la vie humaine est estimée.
Un sablier rempli de billets et d’un crâne via Shutterstock
Il existe concrètement trois méthodes pour donner un prix à une vie. D’abord, il y a le coût d’indemnisation. C’est simplement le montant des indemnités versées par les compagnies d’assurance aux victimes d’accidents. Il s’agit donc de voir quel est le montant de chaque assurance vie pour déterminer le prix d’une vie humaine. La deuxième méthode est la notion de capital humain. Cette dernière a fait l’objet de nombreuses théories. Elle vise à estimer la perte subie par la société à cause de la mort d’un individu. Une fois mort, un individu lambda ne travaille plus et ne consomme plus. En somme, il ne crée plus de richesses pour la société. Le capital humain a été développé dans les années 1930 et a été utilisé en France jusque dans les années 90, surtout dans le domaine de la sécurité routière (cf. l’exemple du rond-point et du feu tricolore).
Il existe enfin une troisième méthode, qui est clairement la plus employée. C’est la disposition à payer d’une personne pour réduire ses risques de décès. Une formule chiffrée existe qui est appelée « valeur d’une vie statistique » (ou valeur d’une fatalité évitée). Cette valeur se calcule avec le consentement chiffré de l’individu et la réduction de la probabilité de décès. Cette méthode est notamment employée par les gouvernements dans leurs politiques publiques. Par exemple, une personne qui prend sa voiture tous les matins découvre qu’un airbag à 100 euros lui permettrait de réduire ses risques de mourir de 4 chances sur 100 000. Grâce à la formule, on estime que la vie de cet homme vaut 2,5 millions d’euros.
La vie humaine en balance avec de l’argent via Shutterstock
Si ces méthodes existent et sont réellement employées, elles soulèvent de nombreux problèmes éthiques. Et elles peuvent avoir des conséquences dramatiques inattendues. Dans les années 70, Ford a lancé sur le marché le modèle Pinto. Ce dernier avait un problème de taille : le réservoir d’essence avait la fâcheuse tendance à exploser au moindre contact avec un obstacle. Pourtant, l’entreprise américaine a refusé de reprendre ses véhicules pour modifier ce problème en prétextant un coût trop élevé. La firme a justifié cette décision scandaleuse en s’appuyant sur la valeur d’une vie établie à l’époque à 200 000 dollars. Heureusement, une enquête journalistique a révélé l’affaire et Ford a été contraint de rappeler les véhicules défectueux. La question se pose aussi dans le domaine de la santé.
Le QALY est une formule mathématique qui calcule combien coûte un médicament capable de maintenir en bonne santé un patient pendant un an. Ici, c’est un moyen détourné pour donner un prix à la vie. Si le coût est inférieur à 50 000 dollars, le médicament sera remboursé par l’assurance maladie (en général). Cela indique que si le médicament coûte plus cher, le patient devra payer de sa poche. De nos jours, cette formule est utilisée dans plusieurs pays comme les États-Unis, le Canada ou la Grande-Bretagne. En revanche, cette pratique est interdite en France. On peut comprendre pourquoi.
Un crâne humain sur une liasse de billets via Shutterstock
On pourrait conclure en disant que la vie humaine a bien une valeur économique, mais qu’elle se heurte à de nombreuses critiques éthiques et morales. En effet, il est difficile de concevoir qu’un humain vaut telle somme d’argent. Chiffrer une chose aussi complexe et dense que la vie n’est pas concevable pour beaucoup de gens. Beaucoup de gens se refusent à résumer une vie à quelques billets. Pour certains, la vie est tellement précieuse qu’ils sont prêts à transférer leur esprit dans des fichiers informatiques en espérant devenir immortels. Que vous inspire l’idée que la vie humaine ait une valeur ?
Par Thomas Le Moing, le
Source: la bonne question
Étiquettes: economie, question, valeur, vie-humaine, santé, éthique
Catégories: Actualités, Monde