Lorsque Vagrant Story débarque sur PlayStation en 2000, les joueurs sont assez surpris de voir un RPG de Square si différent de ce qu’ils faisaient traditionnellement. En effet, suite à la réalisation de Final Fantasy Tactics et son gameplay stratégique, Yasumi Matsuno et son équipe s’attaquent au genre de l’action RPG avec des combats plus dynamiques et un univers plus sombre. Retour sur l’une des gemmes de la PlayStation.
Selon Yasumi Matsuno, il n’était pas question de faire un jeu classique avec les mêmes systèmes de combats et les mêmes univers que dans les autres RPG de Square. L’ambition de Vagrant Story était presque de créer son propre genre et d’en faire quelque chose de spécial. Pour donner vie au royaume de Valendia et à la cité de Lea Monde où se déroule l’intrigue, l’équipe s’inspire de l’architecture de la France médiévale et des paysages du sud-ouest français, plus particulièrement de Saint-Emilion. Cité réputée imprenable, Lea Monde est pourtant à moitié en ruine suite à un terrible séisme ayant détruit la majeure partie des fondations de la ville. En miroir à ce terrible événement, une guerre civile secoue le royaume de Valendia alors que l’histoire commence.
Une période de troubles commence et apparaît alors notre héros, Ashley Riot, un Riskbreaker, c’est-à-dire un expert au combat et au maniement des armes travaillant toujours seul et envoyé par les Chevaliers de la Paix de Valendia pour faire régner la loi sur une zone sensible ou en mission secrète. Ladite mission par laquelle le jeu débute est d’enquêter sur Sydney Losstarot, le leader d’un culte religieux du nom de Müllenkamp. Ce dernier assiège alors le manoir du duc Bardorba afin de mettre la main sur une mystérieuse clef et kidnappe Joshua, le fils du duc. Ashley intervient alors que d’autres personnages intrigants et charismatiques font leur apparition, dont Romeo Guidenstern, un membre des Crimson Blades dont la mission est de chasser les hérétiques.
La grande majorité de la population étant morte durant le séisme, la cité est remplie de cadavres maintenant contrôlés par des forces obscures et utilisés par Sydney et son culte. Malgré l’ambiance fantomatique de Lea Monde, la cité a une place capitale dans le jeu puisque le gameplay est essentiellement une succession de donjons et de quartiers de la ville que le joueur explore tout en rossant monstres, dragons, chimères et autres créatures surnaturelles inspirées du folklore européen. Au centre de Lea Monde, on trouve la grande cathédrale et un temple autrefois somptueux avec différents quartiers rappelant le charme sans pareil des villages médiévaux français.
Mais tout ne sera pas si plaisant puisque vous voyagez aussi dans les parties moins hospitalières de l’île sur laquelle se dresse la cité avec notamment l’exploration d’une mine sans fin, d’une carrière poussiéreuse, et de labyrinthes ténébreux qui vous mèneront à une ville souterraine et des donjons terrifiants. Tout n’est pas que pierres taillées et obscurité puisque la végétation reprend peu à peu ses droits sur la ville abandonnée et que la forêt environnante s’étend de plus en plus sur les remparts. Au final, le joueur en vient à considérer la cité de Lea Monde comme un personnage à part entière, comme un lien vivant qui vous lie à l’univers du jeu. Et que dire de la musique d’Hitoshi Sakimoto qui, du début à la fin, vous plonge dans une atmosphère médiévale et fantastique, ancienne et épique.
Les personnages charismatiques et leurs dialogues shakespeariens ponctuent l’aventure alors qu’Ashley explore les nombreux donjons et perfectionne son équipement. Le système de fabrication d’armes et leur perfectionnement au fil des combats sont un des concepts fondateurs du gameplay du jeu. Lorsque le joueur initie un combat (quand ce n’est pas un dragon qui vous saute dessus), il appuie sur le bouton Cercle pour interrompre la continuité de l’action alors que s’ouvre un petit menu qui vous laisse décider où vous voulez frapper l’adversaire. Si vous blessez sa jambe, l’ennemi sera plus lent, si vous frappez ses bras, il frappera moins fort, si vous décidez de couper court et de viser la tête, cela pourra peut-être faire plus de dégâts, mais vous n’handicaperez pas l’ennemi pour le reste de la bataille.
Tout est donc une question de priorité. Si certains monstres peuvent être tués en se concentrant uniquement sur les parties vitales, d’autres demanderont patience et stratégie ainsi que le bon équipement pour en venir à bout. Il faudra non seulement prendre en compte la défense de votre adversaire, mais aussi ses faiblesses élémentaires et à quel type d’arme résiste-t-il. Car même si Ashley commence avec un simple sabre et une arbalète, un éventail impressionnant d’armes est disponible dans le jeu, que vous pourrez forger au cours de l’aventure en récoltant les matières premières. Beaucoup d’heures seront passées à raviver la flamme du four d’un forgeron dans une maison à moitié en ruine pour aller ensuite terrasser un monstre avec votre nouvelle arme. Une progression passionnante pour le joueur qui se délecte de chaque scène de l’histoire principale, habilement mise en scène par Square alors au sommet de son art.
De la direction artistique à sa bande-son, de son gameplay novateur à l’exploration de la cité inoubliable de Lea Monde, Vagrant Story représente ce qu’il se faisait alors de mieux à la grande époque du RPG. Une histoire à la narration fascinante et aux personnages charismatiques qui nous fait ressentir après seulement quelques heures que le monde du jeu est une chose vivante et cohérente, avec sa propre histoire et ses centaines de détails. Un monde duquel on ne voudrait jamais s’échapper. Avez-vous déjà joué à Vagrant Story ?
Par Florent, le