Selon un rapport publié par l’OMS, les anti-vaccins font partie des dix principales menaces sanitaires mondiales en 2019. Ce triste phénomène est cependant loin d’être nouveau, comme le prouve cette lettre émouvante écrite par Roald Dahl en 1986.
Depuis quelques années, la baisse du nombre de vaccinations provoque la réapparition de maladies considérées comme quasi-éradiquées. C’est particulièrement vrai pour la rougeole, avec une augmentation de 30 % des cas constatés à l’échelle mondiale. Mais bien que le phénomène des anti-vaccins ait pris une toute autre ampleur avec les réseaux sociaux, il existe en réalité depuis des décennies, comme en témoigne la lettre touchante écrite l’écrivain britannique à succès Roald Dahl (Charlie et la Chocolaterie, Matilda…).
Olivia, la fille de l’auteur, est décédée en 1962 des suites des complications dues à la rougeole, à une époque où les vaccins n’existaient pas. Face à l’émergence du phénomène anti-vaccins à la fin des années 1980, Dahl a choisi d’écrire une lettre évoquant ce drame familial, afin de faire prendre conscience à ses lecteurs de l’absolue nécessité de la vaccination. Plus que jamais d’actualité, ce court texte particulièrement touchant devrait achever de convaincre les parents plus sceptiques.
« Olivia, ma fille aînée, a contracté la rougeole à l’âge de sept ans. Comme la maladie suivait son cours habituel, je me souviens lui avoir lu des histoires alors qu’elle était alitée et ne pas m’être senti particulièrement alarmé par son état.
Puis un matin, alors qu’elle semblait sur le chemin de la guérison et que j’étais en train de lui montrer comment faire de petits animaux avec des cure-pipes colorés, j’ai remarqué que ses doigts et son esprit semblaient déconnectés et qu’elle ne pouvait rien faire.
« Tu te sens bien ? », lui ai-je demandé. « Je me sens toute endormie « , m’a-t-elle répondu.
Au bout d’une heure, elle était inconsciente, et finirait par décéder 12 heures plus tard.
La rougeole s’était transformée en une terrible encéphalite rougeoleuse et les médecins n’ont rien pu faire pour la sauver. Cela s’est produit il y a 24 ans, mais si un enfant ayant contracté la rougeole développait aujourd’hui la même réaction qu’Olivia, les médecins seraient tout aussi démunis qu’en 1962.
Toutefois, il y a aujourd’hui une chose simple que les parents peuvent faire pour s’assurer que ce genre de tragédie n’arrive pas à l’un de leurs enfants. Ils peuvent insister pour que leur enfant soit vacciné contre la rougeole. Je n’ai pas pu le faire pour Olivia en 1962 parce qu’à l’époque, aucun vaccin antirougeoleux fiable n’avait encore été découvert. Mais aujourd’hui, un vaccin sûr et efficace est disponible pour tous, et tout ce que vous avez à faire est de demander à votre médecin de vous l’administrer.
La rougeole n’est toujours pas considérée comme une maladie potentiellement dangereuse. Mais croyez-moi, elle l’est. Selon moi, les parents qui se refusent à faire vacciner leurs enfants mettent leur vie en danger. En Amérique, où la vaccination contre la rougeole est obligatoire, la rougeole, comme la variole, ont été quasiment éradiquées.
Ici, en Grande-Bretagne, parce que tant de parents refusent, par obstination, par ignorance ou par peur, de faire vacciner leurs enfants, nous avons encore cent mille cas de rougeole chaque année. Parmi les malades, plus de 10 000 souffriront d’effets secondaires d’une manière ou d’une autre. Au moins 10 000 d’entre eux développeront des infections de l’oreille ou de la poitrine et une vingtaine en mourront.
Chaque année, une vingtaine d’enfants meurent des suites de la rougeole en Grande-Bretagne. Alors, qu’en est-il des risques que vos enfants courent en étant vaccinés ?
Ils sont presque inexistants. Ainsi, dans une agglomération d’environ 300 000 habitants, il n’y aura qu’un enfant tous les 250 ans qui développera de graves effets secondaires à la vaccination contre la rougeole ! Ce qui représente une chance sur un million. Les risques que votre enfant s’étouffe avec une barre chocolatée sont bien plus élevés que ceux de tomber gravement malade à la suite d’une vaccination contre la rougeole.
Alors, de quoi avez-vous peur ? Aujourd’hui, c’est presque un crime de refuser que votre enfant soit vacciné. Il est recommandé de le faire autour des 13 mois, mais il n’est jamais trop tard. Tous les écoliers qui n’ont pas encore été vaccinés contre la rougeole devraient exiger de leurs parents qu’ils prennent les dispositions nécessaires afin qu’ils le soient le plus rapidement possible.
J’ai d’ailleurs dédié deux de mes livres à Olivia, le premier était « James et la Pêche Géante », de son vivant, et le second « Le Bon Gros Géant » à titre posthume. Vous verrez apparaître son nom au début de chacun de ces livres. Et je sais à quel point elle serait heureuse de savoir que sa mort n’a pas été vaine et a contribué à éviter celle de nombreux enfants. »
Par Yann Contegat, le
Source: Indy 100
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