
Depuis des décennies, les scientifiques débattent de l’origine de l’eau de notre planète. Aujourd’hui, une comète périodique apporte un indice fascinant : elle pourrait avoir « semé » la vie sur Terre sans que nous le sachions.
La comète 12P/Pons‑Brooks montre un rapport deutérium/hydrogène pratiquement identique à celui de nos océans
Des astrophysiciens et cosmochimistes étudient ce mystère depuis plus de 50 ans. Ils ont longtemps cherché à savoir si l’eau terrestre venait de la vapeur libérée par les volcans primordiaux ou d’impacts cosmiques.
Ces derniers mois, une équipe pilotée par Martin Cordiner (NASA/GSFC) a utilisé les puissants instruments ALMA (Au Chili) et l’IRTF de la NASA à Hawaï pour analyser la chevelure de la comète périodique 12P/Pons‑Brooks.
Le résultat est stupéfiant : le rapport D/H (deutérium/hydrogène) de cette comète se révèle quasiment identique à celui des océans terrestres. Depuis longtemps, les comètes étudiées donnaient des valeurs beaucoup plus élevées, or ici ce trait biologique cosmique ressemble de façon bluffante à celui de notre planète.
Cette découverte relance l’option cométaire comme source majeure de l’eau terrestre
On a longtemps supposé que l’eau terrestre venait surtout des chondrites carbonées, des astéroïdes riches en eau. Ces roches ont un rapport D/H proche de celui de la Terre, contrairement à la plupart des comètes. Mais cette comète Halley‑type, 12P/Pons‑Brooks, nous oblige à repenser l’équilibre.
Alors, si une comète possédant la bonne signature isotopique a pu nous livrer de l’eau, pourquoi n’aurait-elle pas carrément contribué à rendre la Terre habitable ?
Cette hypothèse, déjà avancée il y a des décennies, gagne aujourd’hui sa preuve la plus solide. En d’autres mots, une partie de nos océans pourrait provenir de ce genre de corps célestes.
Révéler le passé de l’eau terrestre oblige à combiner volcanisme, astéroïdes et comètes
Le volcanisme terrestre a fourni une partie de la vapeur d’eau via le dégazage du manteau, surtout durant l’Hadéen. Puis les chondrites carbonées ont apporté leur lot d’eau « froide », moins abondante que nécessaire. Maintenant, une comète comme 12P/Pons‑Brooks rééquilibre la balance.
Cela signifie que l’origine de l’eau sur Terre relève vraisemblablement d’une synergie : les océans se sont constitués grâce à des apports successifs, mêlant eau primitive du manteau, météorites riches en eau et comètes aux signatures isotopiques compatibles.
Avec ce nouvel élément, la théorie évolue. Mais surtout, elle devient plus cohérente, plus riche. Finalement, notre planète habitable se construit peu à peu comme une mosaïque cosmique dont chaque pièce importe.
Par Eric Rafidiarimanana, le