Un signal cosmique, capté à travers l’étude de pulsars, intrigue les astrophysiciens : il s’agit d’un rythme régulier qui rappelle un battement de cœur. Pourrait-il s’agir d’ondes gravitationnelles à très basse fréquence, ou d’un duo de trous noirs supermassifs ? Une nouvelle méthode d’analyse pourrait changer notre compréhension du cosmos.

Imaginez pointer un micro vers l’Univers… et entendre un battement. Lent, régulier, presque organique. Non, ce n’est pas le scénario d’un film de science-fiction. C’est l’objet de réelles observations faites par des astrophysiciens en 2023. Ce qu’ils ont perçu ? Un signal à la régularité étonnante dans le comportement de certains pulsars. Une pulsation faible mais constante, qui revient comme un métronome cosmique.
Pour les chercheurs, cette répétition évoque un “battement de cœur” au plus profond de l’Univers. Et s’ils parvenaient à comprendre sa source, cela pourrait ouvrir une nouvelle fenêtre sur l’origine des ondes gravitationnelles.
Ce rythme dans les pulsars pourrait trahir la présence d’ondes gravitationnelles à très basse fréquence
Les pulsars, ces étoiles à neutrons qui tournent sur elles-mêmes à une vitesse folle, émettent des signaux radio réguliers comme des phares dans l’espace. Mais depuis peu, certains de ces signaux montrent de légères variations répétitives. Ces irrégularités, très faibles, mais bien présentes, laissent penser à une sorte de battement cosmique à intervalles fixes. C’est précisément ce qui a déclenché la curiosité des scientifiques.
En 2023, plusieurs équipes ont publié des indices allant dans ce sens. Ils suggérent une origine possible : les ondes gravitationnelles à très basse fréquence. Celles-ci se forment lorsque deux trous noirs supermassifs tournent l’un autour de l’autre. Cependant, les données ne franchissent pas encore le seuil scientifique de 5-sigma, nécessaire pour valider une découverte. Pourtant, le motif répétitif reste là, troublant et fascinant.
Des chercheurs japonais proposent une nouvelle lecture : un battement issu de l’interférence d’ondes
En 2025, une équipe japonaise a proposé une approche originale : et si ces “battements” n’étaient pas une simple pulsation, mais un motif issu de l’interférence entre deux ondes proches ?
Ce phénomène, courant en acoustique, pourrait s’appliquer à deux systèmes de trous noirs très proches en fréquence. En interagissant, leurs ondes produiraient un battement régulier, plus facile à repérer qu’un signal pur. Ainsi, cette lecture transforme un bruit diffus en motif clair et distinct que les chercheurs pourraient isoler dans le bruit de fond cosmique.
Bien que ce changement de méthode ne constitue pas encore une preuve, il offre néanmoins une nouvelle façon d’analyser les données. En détectant ce rythme d’interférence, les scientifiques pourraient alors identifier l’existence et la localisation de ces systèmes massifs avec une précision inédite.
Un pas de plus vers la détection des ondes gravitationnelles les plus lentes de l’Univers
Depuis la découverte fondatrice de LIGO en 2015, les chercheurs cherchent à élargir leur détection aux fréquences nanohertz, les plus basses connues. Or, ces ondes gravitationnelles extrêmement lentes s’étendent sur des mois voire des années, rendant leur détection particulièrement complexe.
Le battement perçu dans les pulsars pourrait être la clé pour révéler ces ondes lentes, encore inaccessibles aux instruments actuels. Si cela se confirme, cela ouvrirait la voie à la détection d’événements cosmiques encore plus anciens et plus vastes : naissance des galaxies, fusion de trous noirs géants, ou encore mouvements de masse à l’échelle de l’Univers.
Même dans le silence du cosmos, l’Univers bat et raconte une histoire invisible
Ce phénomène de “battement de cœur” rappelle que l’espace, en apparence silencieux, vibre en permanence. Et grâce à ces signaux subtils, nous pourrions apprendre à lire une partition cosmique encore inconnue.
Aujourd’hui, nos radiotélescopes ne font qu’amorcer cette écoute. Et si ces battements se confirment, ils pourraient devenir le meilleur outil d’exploration indirecte du passé lointain de notre Univers. Comme un écho venu de milliards d’années, que nous commençons à peine à percevoir.
Par Eric Rafidiarimanana, le