L’UFC-Que Choisir a testé la composition en nanoparticules de 16 produits alimentaires et cosmétiques. Seuls 3 d’entre eux signalaient leur présence. L’association de consommateurs traîne en justice les 9 marques hors-la-loi, et rappelle au gouvernement que la loi doit être respectée par tous – même les grandes entreprises.
Une loi foulée aux pieds
Le 23 janvier 2018, l’UFC-Que Choisir publie un communiqué sur son site internet : l’association attaque en justice les fabricants n’ayant pas cru nécessaire de signaler la présence de nanoparticules sur l’emballage de leurs produits. Une violation en bonne et due forme de la réglementation européenne qui, depuis décembre 2014, impose aux marques d’indiquer « clairement dans la liste des ingrédients […] tous les ingrédients qui se présentent sous forme de nanomatériaux manufacturés » directement sur l’emballage.
Le Ministère de l’Économie s’inquiétait déjà de cette infraction au règlement européen dans un communiqué du 16 janvier 2018 : « Les analyses menées par la DGCCRF [la Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes] montrent que cette obligation est insuffisamment respectée : 87% des 40 produits cosmétiques analysés et 39% des 74 produits alimentaires (confiseries, décorations pour pâtisseries, épices, …) analysés contiennent des nanoparticules. » Un seul produit parmi les 114 analysés par l’institution respectait la loi européenne – soit 0,9 % de l’échantillon.
Nanoparticules, la grande interrogation
Le nanomatériau, si l’on se réfère à la définition européenne, désigne tout type de matériau naturel intentionnellement fabriqué ou complètement fortuit dont au moins la moitié des particules atteignent entre 1 et 100 nanomètres de hauteur. Les propriétés de ces minuscules matériaux diffèrent en fonction de leur structure, de leur composition, et de leur utilisation, mais c’est bel et bien leur taille qui pose problème : nul ne connaît leurs véritables effets sur le corps humain.
Bien que les scientifiques sachent pertinemment que « chaque nanomatériau possède un profil toxicologique qui lui est propre » comme le rappelle l’INRS, les conséquences occasionnées par les nanoparticules sur notre organisme demeurent relativement obscures. Plusieurs études suggèrent tout de même que ces nanomatériaux pourraient provoquer des « effets inflammatoires, respiratoires, cardiovasculaires ou neurologiques » dont une poignée menée sur des rats par l’Anses et l’Inra.
L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail et l’Institut national de la recherche agronomique ont démontré que l’exposition répétée au dioxyde de titane pouvait « entraîner des lésions colorectales précancéreuses ». Leur taille jouerait elle aussi un rôle crucial selon l’INRS : les nanoparticules entrées dans l’organisme par inhalation peuvent s’accumuler et contribuer au « développement de certaines pathologies cardiaques ou du système nerveux central ». Des résultats préoccupants à remettre en perspective : l’Anses affirme qu’il est impossible de statuer sur les effets du dioxyde de titane sur le corps humain.
https://www.youtube.com/watch?v=HrZ3ktl3JY4
La grenouille et le boeuf
L’Union fédérale des consommateurs s’est toujours donnée comme objectifs d’informer, conseiller, et défendre tous les consommateurs de France et dans tous les domaines : énergie, immobilier, alimentaire, cosmétiques, médicaments… L’association enquête sans relâche pour démasquer les entreprises hors-la-loi qui abusent de la confiance des consommateurs. Dernières cibles en date : les nanoparticules, présentes à la fois dans des produits alimentaires mais aussi cosmétiques.
L’UFC-Que Choisir a étudié la composition de 16 produits. Sur cet échantillon, seuls 3 respectaient la législation en vigueur en indiquant la présence de nanoparticules sur l’emballage. Parmi les 13 produits incriminés, beaucoup sont issus de marques mondialement connues : M&M’s, Sanex, Aquafresh… Autant d’enseignes qui s’obstinent à enfreindre la législation européenne. Face à tant d’impunité, l’UFC sévit : elle attaque 9 entreprises dont Avene, le groupe Casino, ou le géant pharmaceutique britannique GlaxoSmithKline pour dissimulation de nanoparticules contenues dans les additifs et les ingrédients de leurs produits.
L’association de consommateurs exhorte par ailleurs le gouvernement à se montrer moins complaisant sur la mention des nanoparticules sur l’emballage, quitte à « poursuivre […] les fabricants en infraction avec la réglementation » et « maintenir durablement les investigations sur le sujet ».
Par Matthieu Garcia, le
Source: Sciences et Avenir
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