Un examen approfondi de formations inhabituelles parsemant le plancher de la mer de Béring a permis aux scientifiques d’identifier les probables « architectes » en étant à l’origine : des amphipodes.
Le « coupable idéal »
Angelika Brandt et ses collègues étaient initialement tombés sur ces étranges séries de cavités alors qu’ils étudiaient la biodiversité de la fosse aléoutienne, à l’ouest de l’Alaska. Une analyse plus poussée avait révélé que ces structures étaient reliées par près de 200 galeries horizontales, suggérant fortement qu’il s’agissait de l’oeuvre de petites créatures marines.
Minuscules crustacés ressemblant à des crevettes, les amphipodes peuvent mesurer jusqu’à 3,4 centimètres de long. Plusieurs espèces sont connues pour creuser les fonds marins afin d’atteindre une couche de sédiments nutritifs, et les observations réalisées dans le cadre de travaux récemment publiés dans la revue Ecology and Evolution renforcent l’idée que les trous étranges observés au fond de la mer de Béring constituent des signes de leur activité.
L’équipe a photographié (image ci-dessous) le « coupable idéal » à proximité de l’une des cavités. Appartenant au genre Maera, l’amphipode mesurait la taille adéquate et possédait également des pattes adaptées au creusage.
Bien que des dizaines d’autres animaux aient été repérés à l’intérieur ou à proximité des trous, notamment des oursins et des grenadiers géants (Albatrossia pectoralis), aucun ne correspondait tout à fait au profil recherché. N’étant pas connus pour creuser des nids linéaires, les poissons étaient trop grands pour entrer dans les cavités, tandis que les oursins auraient difficilement pu se glisser dans les étroites galeries horizontales.
Ingénierie sous-marine
Outre leur aspect étrange et le mystère marin qu’ils suscitent, les trous de la mer de Béring ont un impact écologique profond. Selon Brandt, de telles cavités confèrent une complexité tridimensionnelle à la plaine abyssale, et constituent des habitats prisés par de nombreuses espèces marines.
« Ces structures étonnantes contribuant significativement à la biodiversité locale, leurs auteurs pourraient être considérés comme des ingénieurs de l’écosystème des grands fonds », concluent les auteurs de la nouvelle étude.
Ces derniers mois, des scientifiques ont annoncé avoir identifié les phénomènes à l’origine de formations bien différentes, respectivement observées en Namibie et en Californie.
Par Yann Contegat, le
Source: IFL Science
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