La guerre entre PepsiCo et Coca-Cola n’en finit pas. L’Américain PepsiCo a décidé hier de laisser de côté ses briques de jus de fruits en carton pour un emballage plastique, recyclé à hauteur de 50 %. Cette décision est très surprenante du point de vue de l’environnement, et semble s’inscrire dans une dynamique totalement économique afin de concurrencer la firme Coca-Cola et sa marque Innocent.
Pourquoi choisir le plastique plutôt que le carton ?
Bruno Thévenin, le directeur général de PepsiCo France, rappelle que Tropicana“représente 30 % des ventes de PepsiCo et c’est la deuxième marque de boisson en France derrière Coca-Cola”. La décision de changer les emballages est donc d’une importance économique cruciale, afin de concurrencer, comme toujours, Coca-Cola. Cela fait déjà des décennies que les deux géants américains s’affrontent, traditionnellement sur le marché du soda. Aujourd’hui, hormis la guerre entre Coca-Cola et Pepsi, les deux colas de référence, d’autres secteurs sont désormais tout autant partagés entre les deux monstres : on peut citer l’eau, mais également les jus de fruits. PepsiCo avec Tropicana, Coca-Cola avec Innocent.
Pour justifier une telle décision anti-environnement, la firme explique que cela répond aux souhaits de ses clients, sondés à travers une étude. “Les consommateurs veulent de la transparence”, comme le rapporte Bruno Thévenin. Et puisqu’il n’est pas possible de produire un carton transparent, le plastique dans un format de bouteilles est le meilleur compromis. Mais dans un contexte où la surconsommation de plastique est sans cesse dénoncée, cette décision interpelle. Rappelons que la production mondiale de matières plastiques a atteint un niveau record de 359 millions de tonnes en 2018, soit l’équivalent de 11,38 t par seconde. Un chiffre en augmentation permanente.
D’ailleurs, plus surprenant encore, un des rares terrains d’entente entre les deux firmes remontait à janvier dernier. Les deux géants américains étaient alors tombés d’accord lors du Forum économique mondial à Davos sur le caractère urgent de faire des progrès en matière de recyclage du plastique. Aujourd’hui, PepsiCo tient à rappeler que son emballage dit PET est à 50 % recyclé. En toute logique, l’autre moitié ne l’est pas, et c’est bien le plus inquiétant. Également, d’après un rapport d’Euromonitor International, sur 480 milliards de bouteilles plastiques vendues dans le monde, 50 % ont été recyclées, pour seulement 7 % de transformation en nouvelles bouteilles. Le progrès est donc impératif et le secteur n’a pas besoin de plus de déchets plastiques.
Coca-Cola dans le viseur de Pepsi
Comme bien souvent, PepsiCo et Coca-Cola vont s’affronter dans un secteur de l’agroalimentaire pour se tailler la part du lion. Pepsi souhaite relancer Tropicana ou plutôt la conforter dans son statut de leader dans les rayons des supermarchés. Également, la décision de se focaliser sur un emballage plastique va dans le sens de récentes études, qui font état d’une diminution de la popularité d’une brique en carton. Selon l’Union nationale interprofessionnelle des jus de fruits(Unijus), elle pèse aujourd’hui moins de 50 % du marché, contre 60 % du marché en 2010.
C’est également dans le but d’enrayer Innocent, nouveau bébé de Coca-Cola. Le géant d’Atlanta a racheté, en 2013, 90 % des parts et se montre de plus en plus agressif avec une campagne publicitaire largement financée. Chaque année, Innocent prend de plus en plus de place sur le marché des jus de fruits. En France, pour l’année 2015, Innocent est le leader du marché des smoothies, et troisième sur celui des jus de fruits frais. Enfin, PepsiCo s’inquiète des machines à jus de fruits en libre-service proposées par de nombreuses enseignes, dans les magasins ou les gares. Le consommateur semble privilégier ce format-là, qui permet de presser soi-même son orange, et de repartir avec, dans une bouteille… en plastique.
Par Benjamin Cabiron, le
Source: Le Monde
Étiquettes: carton, bouteille-en-plastique, Pepsico
Catégories: Actualités, Écologie
A cela il faut ajouter:
une augmentation du prix de vente par unité
une diminution du volume de chaque unité.
Quand le marketing est à la limite de l’escroquerie !