De récentes recherches ont révélé que la trompe des pachydermes leur permettait d’aspirer l’eau à une vitesse près de 30 fois supérieure à celle à laquelle nous expirons l’air lorsque nous éternuons.
150 mètres par seconde
Les éléphants utilisent leur trompe, qui pèse plus de 100 kilos, de différentes manières : pour sonder la végétation à la recherche de nourriture, s’abreuver, et même comme tuba lorsqu’ils pataugent dans des eaux profondes. Afin de mieux comprendre le fonctionnement de leur iconique appendice, Andrew Schulz et ses collègues de l’Institut de technologie de Géorgie ont soumis une éléphante de savane africaine (Loxodonta fricana), âgée de 34 ans et résidant au zoo d’Atlanta, à une série de tests.
Dans le cadre de ces travaux présentés dans le Journal of the Royal Society Interface, l’équipe a rempli un aquarium avec un certain volume d’eau et a ensuite mesuré le temps que mettait l’éléphante pour aspirer son contenu. Le volume d’eau restant a ensuite été relevé afin de déduire la puissance d’aspiration de sa trompe.
Il s’est avéré que les éléphants aspiraient l’eau à une vitesse équivalente à celle à laquelle ils inhalaient l’air, soit environ 150 mètres par seconde. « Cela représente environ 30 fois la vitesse de l’éternuement humain », souligne Schulz. « Lorsque nous éternuons, nous expirons l’air à une vitesse de 4,5 mètres par seconde. »
Schulz et son équipe ont également estimé la capacité de la trompe en mesurant le volume interne d’une trompe provenant d’un éléphant d’Afrique de 38 ans souffrant de graves problèmes de santé et ayant dû être euthanasié. L’appendice possédait une taille et un poids similaires à ceux de la trompe de l’éléphant du zoo d’Atlanta.
Des pachydermes capables d’augmenter le volume de leur cavité nasale de 64 %
Les mesures ont révélé que cette dernière était capable d’inhaler beaucoup plus d’eau que le volume estimé de sa trompe détendue. Afin d’en comprendre les raisons, les chercheurs ont utilisé l’imagerie par ultrasons pour visualiser l’intérieur de la trompe pendant que l’éléphant inhalait, et ont constaté qu’il était capable de dilater ses narines de 30 %, augmentant ainsi le volume de sa cavité nasale de 64 %.
« Ils utilisent ce mécanisme pour aspirer l’eau et également la stocker dans la trompe afin de la vaporiser sur leur corps pour se rafraîchir », précise Schulz.
« C’est un comportement auquel peu d’animaux vertébrés autres que les poissons ont recours », explique John Hutchinson, du Royal Veterinary College de Londres. « Étant donné que les éléphants ont évolué à partir d’ancêtres aquatiques très éloignés, il semble qu’ils aient conservé cette capacité ancestrale et l’aient adaptée afin de pouvoir se nourrir sur la terre ferme. »