Alors que la Corée du Nord a réalisé un test de missile intercontinental qui place désormais l’Alaska à la portée d’un tir nucléaire, les Nations Unies viennent de prendre une décision historique. Vendredi dernier, a été adopté à la très grande majorité un traité qui vise l’interdiction des armes nucléaires dans le monde. Et, si ce texte capital pourrait faire disparaître la menace atomique à tout jamais, les pays détenteurs d’armes nucléaires (dont la France) se sont déjà prononcés contre cette décision.
UN MOMENT HISTORIQUE
« Ce sera un moment historique et le premier traité de désarmement nucléaire multilatéral conclu en plus de 20 ans » déclarait jeudi dernier Elayne Whyte Gomez, présidente de la conférence des Nations Unies pour la négociation de la prohibition des armes nucléaires. Ce vendredi 7 juillet, l’organisation a adopté le premier traité imposant un bannissement total des armes nucléaires.
« Aujourd’hui, la communauté internationale a rejeté les armes nucléaires et a précisé qu’elles sont inacceptables » se félicite la Campagne Internationale pour l’Abolition des Armes Nucléaires, un consortium d’ONG qui avait porté cette initiative devant les Nations Unies. Véritable bond en avant, le texte adopté ce vendredi sera ouvert à la ratification le 20 septembre et entrera en vigueur si cinquante pays le signent. Après les armes biologiques en 1972 et les armes chimiques en 1993, cette nouvelle initiative se veut donc de mettre fin à des armes dangereuses qui auraient des « conséquences catastrophiques sur le plan humanitaire ».
L’OPPOSITION DES PUISSANCES NUCLÉAIRES
Les discussions qui ont mené à cette prise de décision remontent à mars dernier, alors que plus de 2500 scientifiques de 70 pays avaient signé une pétition en faveur d’un désarmement total des armes nucléaires. Aujourd’hui, ce sont donc 122 pays qui ont adopté ce texte et qui se sont prononcés en faveur « d’un instrument juridiquement contraignant pour prohiber les armes nucléaires. »
Si plus de 120 pays sur les 192 membres de l’ONU se sont prononcés en faveur de ce texte, aucune des nations détentrices de l’arme atomique (que ce soit les nations reconnues par les traités que sont les États-Unis, la Russie, la France, le Royaume-Unis, la Chine, et l’Inde, mais aussi les états non déclarés comme le Pakistan, Israël ou la Corée du Nord) n’a pris part aux négociations entourant ce traité. Ces pays ont appelé à un renforcement du Traité de Non-Prolifération Nucléaire, un texte vieux des plus de 50 ans et qui autorise les 5 puissances nucléaires historiques à conserver leur arsenal atomique.
UN TEXTE PUREMENT SYMBOLIQUE ?
« Nous n’avons pas l’intention de le signer, le ratifier ou même faire d’en faire partie » ont indiqué les États-Unis, le Royaume-Uni et la France dans une déclaration commune. Paris a aussi estimé que « le désarmement nucléaire ne se décrète pas ». Ces nations mettent en avant la question de la sécurité et du contexte international pour soutenir le maintien de leur force de dissuasion nucléaire. Face à l’opposition clairement affichée des puissances nucléaires, la prohibition votée ce vendredi a-t-elle une réelle chance d’aboutir ?
Pour certains observateurs ce texte, malgré le vote largement majoritaire des membres des Nations Unies, gardera avant tout une portée symbolique. Il marque tout de même une décision historique et une première étape importante dans un processus complexe vers la fin des armes nucléaires. Comme le souligne Beatrice Fin, directrice de la Campagne Internationale pour l’Abolition des Armes Nucléaires, « Si le monde entier se réunit pour soutenir le bannissement du nucléaire, les nations détentrices d’armes nucléaires suivront probablement, même si cela ne se produit pas tout de suite ».
Par Adrien Bertoni, le
Source: Science Alert
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