Les activités humaines ont de fortes répercussions sur l’environnement. Bien que des mesures ont été déjà prises, de nombreuses espèces continuent de s’éteindre. Le totoaba, un poisson vivant au large du golfe de Californie, au Mexique, en fait partie.

Le totoaba est un grand poisson argenté vivant dans le golfe de Californie. La menace plane sur cet animal, comme sur d’autres espèces, victime de la médecine traditionnelle chinoise et du braconnage.

La Chine est le premier demandeur de ce poisson avec une consommation grandissante sur le plan gastronomique mais surtout pour la médecine traditionnelle… Or, il faut savoir que cette dernière représente actuellement une grande menace pour de nombreuses espèces en voie de disparition. Une étude du groupe philanthropique ADM Capital Foundation a en effet indiqué que les trois quarts des ventes de produits issus de la faune en danger d’extinction des cinq dernières années étaient destinées à l’industrie de la médecine traditionnelle chinoise (MTC).

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L’utilisation du totoaba dans la médecine chinoise

Vieille de plusieurs milliers d’années, la médecine traditionnelle chinoise (également connue sous le sigle MTC) a comme principal objectif d’entretenir la santé, de prévenir les maladies et de soigner la plupart des problèmes de santé. Pour ce faire, elle a recours à différentes pratiques dont la pharmacopée chinoise où l’on utilise les herbes médicinales.

Mais la MTC utilise aussi beaucoup de produits et substances issus des animaux, dont le poisson totoaba. Ce dernier est recherché pour sa vessie natatoire qui est réputée pour avoir des vertus thérapeutiques. Des témoignages littéraires affirment que les vessies de totoaba auraient des effets stimulants sur le système immunitaire, d’où leur surnom de « ginseng de l’eau ».

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Des vessies pas si miraculeuses que ça

Alors que les vessies natatoires des totoaba sont vraiment très prisées par la médecine traditionnelle chinoise, on ne trouve cependant pas de véritables preuves scientifiques de leurs réelles vertus.

Certains chercheurs se sont même exprimés sur le sujet : « Je pense qu’en réalité n’importe quelle vessie natatoire ferait l’affaire pour être consommée en Chine », a déclaré Philippe Cury, scientifique français qui a développé ses recherches dans le domaine de la biologie océanographique. « On ne sait pas pourquoi le totoaba est particulièrement visé. II y a des marchés qui s’organisent, des fantasmes incroyables. Ce sont des traditions qui perdurent et entraînent ces espèces terrestres et marines à l’extinction absolue », a-t-il également déploré.

Alerte au braconnage excessif du totoaba !

Avec presque 1,4 milliard d’habitants à son actif, la Chine et sa médecine traditionnelle constituent aujourd’hui un marché juteux pour le braconnage. Pour ce qui est du totoaba, le poisson est très recherché par les trafiquants de cartels mexicains et chinois qui l’ont baptisé « la cocaïne des mers ». Pour cause, son prix peut aisément dépasser celui de la cocaïne avec un tarif moyen au kilogramme pouvant atteindre les 20 000 dollars !

« Plus l’espèce s’effondre, plus elle devient rare et plus les prix augmentent. Ça atteint des prix astronomiques, de 20 000 à 80 000 dollars le kilo de poids sec. Ce sont des prix identiques à ceux de la cocaïne, c’est une marchandise illégale », explique Philippe Cury qui condamne cette pratique, d’autant plus que toute cette histoire sur les vessies de totoaba ne tient absolument pas la route. « La vessie natatoire est composée d’une protéine. Mais c’est comme la corne de rhinocéros, il n’y a absolument aucune valeur thérapeutique. C’est une bêtise d’exploiter cet organe pour en faire un soi-disant médicament. »

Plusieurs espèces endémiques menacées par la Chine

Le totoaba n’est pas le seul animal à souffrir de la consommation chinoise. C’est aussi le cas du pangolin et du saïga. Il faut en effet savoir que la demande chinoise concernant les animaux exotiques n’est pas seulement motivée par leurs vertus thérapeutiques. Les Chinois en raffolent également pour le statut social qu’ils renvoient, ou bien pour leur diversité gastronomique.

Par exemple pour le totoaba, l’ONG environnementale Elephant Action League a mené une enquête sur le trafic de cette espèce de poisson : les investigateurs ont découvert que les vessies natatoires du poisson sont souvent achetées par de riches Chinois pour effectuer des investissements financiers illégaux comme le blanchiment d’argent. Pour ce faire, les vessies sont par exemple offertes lors de mariages ou comme cadeau d’entreprise.

Des mesures doivent être prises

A l’heure où il est devenu plus que capital de prendre soin de notre chère planète, la médecine traditionnelle chinoise a reçu une mise en garde de la part des autorités protectrices de l’environnement. Comme l’explique Ivonne Higuero, secrétaire générale de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) : « L’humanité doit répondre à la crise de l’extinction qui ne cesse de s’aggraver en transformant la manière dont elle gère les animaux et les plantes sauvages du monde entier. »

Si le chemin de la rédemption est encore loin pour la médecine traditionnelle chinoise, les choses évoluent tout de même petit à petit : comme l’explique Steve Given, spécialiste de la médecine traditionnelle chinoise et doyen du Collège américain de la médecine traditionnelle chinoise en Californie, dans une interview pour National Geographic : « De nombreux patients qui se tournent vers la médecine traditionnelle chinoise sont souvent végétariens et ne veulent pas de traitement à base d’animaux. »

Les défenseurs des animaux espèrent que les adeptes de la MTC laisseront le totoaba tranquille avant que l’espèce ne disparaisse complètement.