La pollution plastique constitue une menace grandissante pour la vie marine. De nouvelles recherches révèlent que les habitudes évolutives des tortues juvéniles les attirent dans les zones les plus polluées de l’océan, où elles sont davantage susceptibles d’en ingérer.
Une menace grandissante
Dans le cadre de travaux publiés dans la revue Frontiers in Marine Science, des chercheurs de l’université d’Exeter ont étudié un total de 121 tortues de mer de cinq espèces différentes, récupérées sur les côtes est (océan Pacifique) et ouest (océan Indien) de l’Australie. Ces spécimens juvéniles, dont la carapace atteignait au maximum 50 cm de diamètre, avaient été rejetés sur le rivage ou pris dans les filets des navires de pêche.
L’étude du contenu des intestins de ces jeunes tortues a révélé la présence récurrente de plastiques courants, notamment le polyéthylène et le polypropylène, se présentant sous la forme de fragments durs pour celles qui fréquentaient le Pacifique et de fibres pour celles évoluant dans l’océan Indien. La proportion de reptiles ayant ingéré des plastiques était beaucoup plus élevée dans le Pacifique, avec 86 % des tortues caouannes, 83 % des tortues vertes et 80 % des tortues à dos plat touchées.
« Ces polymères sont si largement utilisés qu’il est impossible d’identifier les sources probables des fragments que nous avons trouvés », explique le Dr Emily Duncan, auteure de l’étude. « Des débris d’une longueur maximale d’environ 5 à 10 mm ont été trouvés chez les spécimens les plus jeunes, et leur taille augmentait avec celle des tortues. »
Les tortues de mer fraîchement écloses suivent les courants et passent des années de leur développement précoce en haute mer, où elles se nourrissent du plancton flottant près de la surface. Mais des recherches récentes ont montré que les processus dynamiques les poussant vers ces zones convoyaient également du plastique.
« Ce comportement évolutif les amène aujourd’hui dans des zones hautement polluées »
« Les tortues juvéniles ont évolué pour se développer en pleine mer, où les prédateurs sont relativement rares », explique Duncan. « Cependant, nos résultats suggèrent que ce comportement évolutif les amène aujourd’hui dans des zones hautement polluées telles que le Vortex de déchets du Pacifique nord. Ces créatures n’ont généralement pas de régime alimentaire spécialisé, et notre étude suggère que celui-ci inclut le plastique. »
Bien que l’impact du plastique sur les organismes marins reste actuellement assez obscur, des études récentes ont commencé à mettre en lumière certaines de ses conséquences potentielles, qui pourraient inclure des anévrismes chez les poissons, ainsi qu’une altération des performances cognitives chez les crustacés et physiques chez les mollusques. Selon les scientifiques, le fait que les jeunes tortues soient confrontées à de telles concentrations de plastique si tôt dans leur vie est préoccupant.
« Nous ne savons pas encore quel est l’impact de l’ingestion de plastique sur les tortues juvéniles, mais toute perte à ces stades précoces de la vie pourrait impacter significativement leurs populations », conclut Duncan.
Par Yann Contegat, le
Source: New Atlas
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