Les premiers voyageurs interstellaires pourraient bien être les représentants d’une espèce terrestre n’étant pas étrangère à l’exploration spatiale : les tardigrades. Mesurant seulement 0,5 millimètre de long, ces créatures font partie des plus résistantes connues de la science.
Des candidats de choix
Bien que cinq engins spatiaux soient jusqu’à présent parvenus à quitter notre Système solaire, aucun d’entre eux ne transportait de vie biologique. Il leur faut actuellement des dizaines d’années pour parcourir les 18 milliards de kilomètres les séparant de l’espace interstellaire, mais tout cela pourrait bientôt changer : des chercheurs développent actuellement un système de propulsion par voile solaire. Alimentée par des lasers tirés depuis la Terre, une telle technologie permettrait de se passer de propergol (utilisé par les fusées classiques) et de couvrir la même distance en quelques jours seulement.
La possibilité de pouvoir quitter plus rapidement le Système solaire ouvre la voie à l’envoi d’organismes vivants dans l’espace interstellaire. Dans le cadre de travaux publiés dans la revue Acta Astronautica, Stephen Lantin et ses collègues de l‘université de Floride ont analysé la quantité de nourriture nécessaire pour subvenir aux besoins de différentes espèces, ainsi que leur résistance aux niveaux de radiation et aux fortes accélérations qu’elles subiraient durant leur voyage.
En raison de leur faible poids et de leur résistance hors du commun (ceux-ci pouvant notamment survivre à des impacts à plusieurs milliers de km/h, des niveaux de radiation incroyablement élevés et même au vide spatial), les tardigrades se sont révélés être des candidats de choix. « Il faut une quantité considérable d’énergie pour envoyer quoi que ce soit dans l’espace interstellaire, du moins aux vitesses dont il est question, et pour ce faire, une charge utile vraiment réduite est actuellement nécessaire », détaille Lantin. « Malheureusement, il s’agirait d’une mission sans retour. »
Un voyage éprouvant
Les tardigrades et le minuscule ver Caenorhabditis elegans, autre espèce étudiée par les chercheurs, peuvent entrer en cryptobiose, forme d’hibernation extrême impliquant un ralentissement drastique de leur métabolisme lorsqu’ils sont exposés à des conditions hostiles (déshydratation, gel…). On estime que les tardigrades n’utilisent que 0,01 % de leur énergie lorsqu’ils se trouvent dans cet état.
D’après Thomas Boothby, de l’université du Wyoming, un voyage interstellaire se révèlerait éprouvant, même pour ces créatures quasi indestructibles. « Je pense que les tardigrades pourraient nous apprendre beaucoup de choses sur la façon dont nous pourrions nous en sortir », souligne-t-il. « En identifiant les mécanismes qu’ils utilisent pour survivre, nous pourrions développer des thérapies ou des contre-mesures pour les voyageurs humains confrontés au stress des voyages interstellaires. »
Par Yann Contegat, le
Source: New Scientist
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