La découverte d’une tablette en argile à Büklükale, non loin d’Ankara, en Turquie, offre un aperçu d’un chapitre turbulent de l’histoire de l’Empire hittite. Datant de 3 300 ans, ce précieux artefact raconte l’histoire d’une invasion dévastatrice survenue pendant une période de guerre civile au sein de l’empire, révélant des détails inestimables sur les pratiques religieuses, les conflits politiques et les événements sociaux de l’époque.
Découverte archéologique à Büklükale
Büklükale, site historique situé à une centaine de kilomètres de la capitale turque, est devenu un point focal pour les archéologues après la découverte d’une tablette d’argile presque intacte. D’un diamètre de 500 mètres, Büklükale est une ville de l’Empire hittite à période unique, d’après la typologie et la répartition des tessons de poterie découverts.
Cette tablette est presque intacte, contrairement aux tablettes brisées qui avaient été trouvées lors de fouilles antérieures à Büklükale. C’est au milieu des ruines hittites de Büklükale que Kimiyoshi Matsumura, un archéologue de l’Institut japonais d’archéologie anatolienne, a découvert la tablette de la taille d’une paume de main en mai 2023.
Selon Matsumura, les Hittites organisaient des cérémonies religieuses en langue hurrienne, et il semble que la tablette témoigne d’une cérémonie sacrée organisée par le roi hittite à Büklükale. Cela suggère que le roi hittite a visité Büklükale au moins une fois et a organisé la cérémonie.
L’écriture sur l’argile
Selon la traduction du texte cunéiforme de la tablette par Mark Weeden, professeur associé de langues anciennes du Moyen-Orient à l’University College London, les six premières lignes du texte indiquent en hittite que « quatre villes, dont la capitale, Hattusa, sont frappées ». Les 64 lignes restantes sont une prière en hurrien qui appelle à la victoire.
Le hurrien, qui n’est pas apparenté aux langues indo-européennes ou sémitiques, a été parlé depuis les derniers siècles du troisième millénaire avant J.-C. jusqu’aux dernières années de l’Empire hittite (1400-1190 avant J.-C.). Cette langue, aujourd’hui éteinte, était principalement parlée dans l’ancien royaume de Mitanni, devenu plus tard un État vassal des Hittites.
La prière s’adresse à Teššob (parfois orthographié Teshub), la divinité orageuse vénérée par les Hittites et les Hurriens. Elle rend grâce au dieu, implorant son intervention et évoquant les défis de communication entre dieux et mortels. La prière demande ensuite la guidance divine à la fin et cite un certain nombre de personnes qui semblent avoir été des souverains ennemis.
Aperçu des conflits
L’effondrement de l’Empire hittite au XIIe siècle av. J.-C. est attribué à un certain nombre de facteurs, dont des conflits internes, des changements climatiques et des invasions par les Peuples de la mer, les Kaskis, les Phrygiens et les Grecs mycéniens, qui ont repoussé les frontières du Hatti.
Toutefois, l’événement décrit sur la tablette est distinct et antérieur à l’effondrement de l’Empire hittite. Matsumura affirme que la tablette a été créée entre 1380 et 1370 av. J.-C., sous le règne du roi hittite Tudhaliya II, soit environ 200 ans avant la fin de l’âge du bronze tardif.
La tablette semble provenir d’une période de guerre civile mentionnée par d’autres textes hittites. Au cours de cette période, le cœur des Hittites a été envahi de plusieurs directions à la fois et de nombreuses villes ont été temporairement détruites. Même si des invasions et des conflits internes ont ébranlé l’empire, il est probable que ce problème existe depuis longtemps. Par ailleurs, une tablette médiévale « maudite » invoquant Satan a été découverte au fond d’une latrine en Allemagne.