
La guerre de Troie, considérée comme un évènement majeur qui a duré une décennie, a opposé les Grecs à la cité de Troie, située au nord-ouest de l’Anatolie. Alors que les forces grecques étaient dirigées par Agamemnon, roi d’Argos, les Troyens étaient gouvernés par le vieux Priam. L’Empire hittite, qui a dominé une grande partie de l’Anatolie durant cette période, a été au cœur des recherches de preuves de cette guerre. La découverte récente de la tablette Keilfischurkunden aus Boghazköi 24.1 enrichit notre compréhension du récit de la guerre de Troie. Explications.
Homère et l’histoire hittite
Cette tablette fraîchement découverte relate une correspondance royale entre un monarque hittite et Pariyamuwa, probablement un roi régional ou un vassal de Taruiša (Troie). Elle fait référence à un personnage connu des archives hittites, Attaršiya d’Ahhiyawa, et à ses fils attaquant Taruiša. Ce récit concorde avec des récits antérieurs où Attaršiya est décrit comme un redoutable chef achéen en Anatolie occidentale.
Cette découverte est d’autant plus frappante qu’elle révèle l’inclusion d’un fragment poétique louvite vers la fin de la tablette, qui semble décrire la chute de Wiluša (Troie). Ce vers présente une ressemblance avec le célèbre début de l’Iliade d’Homère : « Chante, déesse, la colère d’Achille… » Cela suggère qu’une tradition poétique louvite autochtone traitant de la chute de Troie existait des siècles avant Homère.
New Hittite Tablet Reveals Luwian Songs on the Fall of Troy. From https://t.co/SkGabqUotR pic.twitter.com/xWDmslh2T7
— oldeuropeanculture (@serbiaireland) April 1, 2025
La récitation orale
Par ailleurs, cette tablette nous offre un aperçu inédit d’un recueil poétique en langue louvite, documentant la chute de Troie pour la première fois. Bien que fragmentaire, le texte révèle un rythme qui suggère qu’il a été conçu pour la récitation orale. Ses motifs dactyliques ou spondaïques, évoquant l’Iliade d’Homère, pourraient indiquer une tradition épique plus large, existant dans les cours anatoliennes, possiblement antérieure à la composition de l’Iliade au VIIIe siècle avant notre ère.
Le vers louvite faisant allusion à la colère divine et à la destruction suggère des similitudes thématiques et structurelles avec la tradition épique grecque. Troie étant située en Anatolie et la région abritant une population diversifiée, bilingue, voire multilingue et comprenant des Hittites, des Louvites et divers groupes indo-européens, l’hypothèse d’une tradition narrative locale entourant la chute de Troie est à la fois logique et mise en avant par ces éléments.
Finalement, Keilfischurkunden aus Boghazköi 24.1 enrichit non seulement notre compréhension du paysage géopolitique de l’âge du bronze final, mais nous invite également à reconsidérer les récits qui ont façonné notre perception de la guerre de Troie. En explorant les textes hittites, nous découvrons des indices fascinants d’une tradition poétique antérieure à Homère, suggérant que l’histoire de Troie n’était pas seulement le fruit de l’imagination grecque, mais plutôt un récit ancré dans la mémoire collective des peuples d’Anatolie.
Par ailleurs, ces tablettes prouvent que la paperasse bureaucratique existait déjà il y a 4 000 ans.
Par Cécile Breton, le
Source: https://arkeonews.net/new-hittite-tablet-reveals-luwian-songs-on-the-fall-of-troy/
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