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Une étude révèle des détails sur cette structure fabriquée à partir d’os et de crânes de mammouths

L'analyse a permis de mieux comprendre comment les chasseurs de l'ère glaciaire l'ont construite

Mammouth Os
© Alex Pryor et al.

Dans les étendues glacées du sud-ouest de la Russie, une structure imposante, entièrement composée d’os et de crânes de mammouths, se dresse depuis plus de 24 000 ans. Cette construction circulaire, haute de 15 mètres, intrigue encore les chercheurs quant à son usage. Une récente analyse ADN menée sur les ossements de 30 mammouths, extraits du site archéologique de Kostenki 11, apporte de nouveaux éléments sur la vie des chasseurs de l’ère glaciaire et leur rapport avec ces géants disparus. Ces découvertes ont été publiées dans la revue Quaternary Environments and Humans.

Le mystère des cercles d’os

Kostenki 11, situé près de la rivière Don, à environ 300 kilomètres de Moscou, est l’un des sites paléolithiques majeurs d’Europe. Il abrite plusieurs structures circulaires constituées d’ossements de mammouths laineux, certaines atteignant 12 mètres de diamètre. Ce type de constructions, déjà découvert à plus de 70 reprises en Russie et en Ukraine, alimente les spéculations depuis des décennies. Ces cercles ont-ils été érigés à partir de mammouths fraîchement chassés ou les os ont-ils été récupérés sur des carcasses plus anciennes ? 

Pour le savoir, des chercheurs ont mené des analyses approfondies, combinant datation au radiocarbone, étude de l’ADN ancien et examen des isotopes stables. Les résultats ont révélé que les os utilisés dans la construction provenaient de mammouths morts à différentes époques, certains ayant péri plus de mille ans avant l’édification des structures. Cela suggère que ces chasseurs ne dépendaient pas uniquement de la chasse, mais exploitaient également des ossements trouvés sur des carcasses anciennes. 

Les cercles d’os étaient souvent accompagnés de grandes fosses, probablement utilisées pour stocker de la nourriture ou pour se débarrasser des déchets. La découverte du site de Kostenki 11 en 2013 a donné lieu à trois années de fouilles, utilisant notamment la technique de la flottation pour récupérer de petits objets et restes organiques. Au total, 51 mâchoires inférieures et 64 crânes de mammouths ont été utilisés pour ériger ces structures, selon l’équipe dirigée par Alexander Pryor de l’université d’Exeter, au Royaume-Uni.

Mammouth
© Alex Pryor et al.

Traces de vie et conditions extrêmes

Les fouilles ont permis de découvrir des fragments de charbon de bois, des os brûlés, des outils en pierre, et même des restes végétaux, apportant des indices précieux sur le quotidien des habitants de Kostenki 11. La présence de charbon de bois suggère que des feux étaient allumés à l’intérieur, une nécessité pour survivre aux conditions climatiques extrêmes de l’époque. En effet, les reconstructions climatiques estiment que les températures moyennes avoisinaient les -20 °C, voire moins, lorsque cette structure a été bâtie.

En outre, les os de mammouths ne présentent aucune trace évidente de boucherie. Cela pourrait s’expliquer par le fait que les chasseurs dépeçaient généralement la viande sur place, ne laissant que des morceaux insignifiants sur les os.

Une prédominance de femelles mammouths

L’analyse ADN des os de 30 mammouths a révélé que la majorité étaient des femelles. Cette observation diffère des autres sites paléontologiques où les mâles dominent souvent les archives fossiles. Les chercheurs émettent l’hypothèse que les mammouths de Kostenki provenaient de troupeaux dirigés par des matriarches.

De plus, l’étude génétique a identifié sept lignées mitochondriales distinctes parmi ces mammouths, indiquant qu’ils ne provenaient pas tous du même groupe familial. Cette diversité confirme que les os ont été collectés sur une longue période et ne résultent pas d’un unique épisode de chasse.

L’analyse des isotopes stables a permis d’en apprendre davantage sur leur régime alimentaire. Contrairement aux éléphants actuels, où mâles et femelles ont des comportements alimentaires distincts, aucune différence significative n’a été relevée chez les mammouths de Kostenki. Cette observation suggère que leur organisation sociale et leurs habitudes alimentaires étaient différentes de celles de leurs descendants modernes.

Le fait que les os aient été récupérés sur plusieurs siècles suggère que ces structures circulaires ne sont pas le fruit d’une construction unique, mais d’un usage prolongé et répété. Cela remet en question l’image classique de chasseurs-cueilleurs en perpétuel mouvement. Ces groupes humains, bien qu’étant nomades, semblent avoir opéré autour de points fixes servant de bases ou de lieux de rassemblement, notamment lors d’événements astronomiques comme les équinoxes et les solstices. Par ailleurs, les mammouths laineux ont survécu bien plus longtemps qu’on ne le pensait initialement.

Par Eric Rafidiarimanana, le

Source: ZME Science

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