De récentes expériences ont montré que lorsqu’elles étaient privées d’eau ou coupées avec des ciseaux, les plantes émettaient des cris comparables à l’éclatement de papier bulle une fois leur fréquence abaissée dans une gamme perceptible par l’oreille humaine.
Détresse végétale
En 2019, des recherches menées par des scientifiques de l’université de Tel Aviv avaient révélé que les plantes soumises à un stress hydrique subissaient un processus appelé cavitation, impliquant la formation et l’éclatement de bulles d’air dans leur tissu vasculaire. Ce bruit sec ayant été détecté à l’aide d’appareils d’enregistrement attachés à la plante, dans le cadre de nouveaux travaux publiés dans la revue Cell, la même équipe a cherché à savoir s’il pouvait également être capté à distance.
Pour ce faire, des microphones ont été placés à proximité de plants de tomates et de tabac sains et stressés (exposés à un stress hydrique ou dont les tiges ont été coupées), à la fois dans une boîte insonorisée et dans une serre. L’équipe a également enregistré des pots contenant uniquement de la terre, afin de vérifier que la terre seule n’émettait aucun son.
En moyenne, les plantes saines émettaient moins d’un bruit par heure, contre 11 à plus de 40 pour leurs homologues stressées, en fonction de l’espèce et du facteur de stress (les plants de tomates privés d’eau s’avérant être les plus bruyants). Dans d’autres expériences, l’équipe a réussi à enregistrer les sons de plants de tomates malades infectés par le virus de la mosaïque, et également capté les « cris » d’autres plantes stressées, telles que le blé, le maïs et le cactus coussin.
« …with the aid of a soundproofed chamber and some sensitive microphones, scientists have discovered that plants do emit noises that can travel through the air and be detected up to a metre away, particularly when they are experiencing stress. » https://t.co/kKfcafZyRT
— Richard Farmer (@richardlfarmer) March 31, 2023
Bien que les chercheurs aient recueilli ces enregistrements en plaçant les microphones à environ 10 centimètres des plantes, ils suggèrent que ces sons ultrasoniques pourraient potentiellement être entendus par des mammifères et des insectes dotés d’une bonne ouïe à une distance de 3 à 5 mètres.
Utiliser l’IA pour surveiller les cultures
L’utilisation d’un algorithme d’apprentissage automatique a permis de distinguer avec une précision d’environ 70 % les sons émis par différentes plantes exposées à différents facteurs de stress. Deux autres ont respectivement permis de différencier des tomates saines de leurs homologues soumises à un stress hydrique dans une serre, et d’établir le stade de déshydratation de plusieurs espèces végétales, avec une précision de 80 %.
Selon l’équipe, de tels résultats suggèrent que nous pourrions à l’avenir exploiter les dispositifs d’enregistrement et l’intelligence artificielle pour surveiller les cultures et détecter ces signes de déshydratation ou de maladie.
« Ces travaux contribuent à modifier notre perception du règne végétal, considéré jusqu’à présent comme presque silencieux », concluent les chercheurs.