
Une stèle funéraire exceptionnelle, sculptée dans du basalte noir et ornée d’un aigle majestueux accompagné d’inscriptions grecques, vient d’être mise au jour à Manbij, à l’est d’Alep, en Syrie. Datant de près de 2 000 ans, elle éclaire d’un jour nouveau l’influence romaine dans le nord du pays et le rôle central de la ville comme carrefour historique. Explications.
Un monument impérial retrouvé par hasard
C’est un habitant du quartier, derrière le marché de gros de Cardamome, qui a repéré la stèle et alerté les autorités locales. Rapidement sécurisée par la Direction des musées et des antiquités, elle a été transférée sur le site des anciens bains de Manbij, avant un futur transport à Alep pour une étude approfondie.
Sculptée dans du basalte noir, la stèle représente un aigle aux ailes déployées tenant une couronne dans ses serres, un symbole directement lié à l’art impérial romain. Ce type de monument était destiné à honorer la mémoire de citoyens ou de soldats éminents, en célébrant leur bravoure et leur lien avec les idéaux romains.
2,000-Year-Old Roman Stele Decorated with an Eagle and Greek Inscriptions Found in Manbij, Syriahttps://t.co/0MD2qvgYYc pic.twitter.com/96XWtY0vmb
— Arkeonews (@ArkeoNews) August 23, 2025
L’aigle et les inscriptions grecques
Dans la culture romaine, l’aigle incarne la force, l’autorité et la protection divine. Associé à Jupiter, roi des dieux, il figurait sur les étendards militaires, les monnaies et de nombreux monuments. Sa présence sur cette stèle témoigne de l’importance accordée au défunt et à sa mémoire.
Les inscriptions grecques qui l’accompagnent reflètent quant à elles la rencontre des traditions romaines et hellénistiques dans la région. Utilisé couramment dans les provinces orientales de l’empire, le grec servait aux contextes administratifs et funéraires. Ces textes pourraient dévoiler le nom, le rang ou la lignée du défunt, constituant ainsi un précieux témoignage de la vie quotidienne dans l’antique Manbij.
Manbij, un carrefour antique menacé par les pillages
Anciennement connue sous le nom de Hiérapolis Bambyce, Manbij fut un centre religieux et commercial majeur de l’époque romaine. Sa position stratégique en fit un lieu d’échanges où se mêlaient traditions locales, influences hellénistiques et domination romaine.
Mais cette richesse patrimoniale a aussi attiré les convoitises. Depuis le début de la guerre civile syrienne, la ville a subi de nombreux pillages : plus d’un million d’objets ont été dérobés à travers le pays entre 2011 et 2019, et Manbij est devenue une plaque tournante du trafic d’antiquités, notamment sous le contrôle de Daech.
Une vigilance locale cruciale pour protéger le patrimoine
La découverte de cette stèle illustre l’importance de la coopération avec les habitants. Sans la vigilance du riverain qui l’a signalée, elle aurait pu disparaître dans les circuits de contrebande. Une fois étudiée en détail, elle apportera de nouvelles clés sur les pratiques funéraires romaines et sur la place de Manbij dans l’Antiquité.
À travers ce monument, c’est tout un pan de l’histoire syrienne et romaine qui refait surface. L’aigle gravé dans la pierre rappelle la puissance symbolique et l’héritage durable de l’Empire romain, tandis que sa redécouverte témoigne des efforts nécessaires pour préserver un patrimoine constamment menacé.
Par ailleurs, un ouvrier découvre un complexe funéraire antique sous les décombres d’une maison en Syrie.
Par Cécile Breton, le
Source: Arkeonews
Étiquettes: empire romain, syrie
Catégories: Actualités, Histoire