Le sommeil a une importance primordiale chez l’être humain. Dormir est bénéfique pour la mémorisation, pour la remise en état de notre corps, pour notre métabolisme en général. Le manque de sommeil peut, quant à lui, être très dangereux. Pourtant, nous sommes bien l’espèce parmi les primates qui dort le moins. Découvrez en quoi cette particularité a peut-être bien impacté notre évolution.
L’ÉVOLUTION DE L’HOMME ET DE SON SOMMEIL
Nos ancêtres australopithèques dormaient probablement dans les arbres, puis avec l’évolution, les Homo erectus sont passés au sol, y faisant sûrement leur lit. Sur la terre, le sommeil était alors plus réparateur et plus profond. Pourquoi ? Sur le sol, le risque de tomber était nul, donc moins sur le qui-vive, les individus dormaient plus profondément. Même si au sol les prédateurs pouvaient mieux les atteindre, les moyens de défense étaient aussi plus nombreux. Ainsi, on peut imaginer que les grottes se présentaient à eux comme une évidence une fois au sol.
AU SOL, LE SOMMEIL ÉTAIT PLUS RÉPARATEUR ET PROFOND
En descendant des arbres, ces hominidés ont dû apprendre à s’adapter à un nouvel environnement. Plus intelligents et mieux armés, les Homos erectus pouvaient mieux se défendre et survivre. On peut aussi noter une meilleure communication entre les individus.
Dans un premier temps, leurs armes ont très vite évolué, prouvant que les connaissances étaient partagées. De plus, la taille des groupes a elle aussi augmenté à l’époque. Pour David Samson et Charles Nunn de l’université Duke en Caroline du Nord (États-Unis), il est évident qu’il y a une corrélation entre cette évolution du comportement et la façon nouvelle dont nos ancêtres dormaient.
LE SOMMEIL HUMAIN UNIQUE EN SON GENRE ?
D’après les deux chercheurs, même si nous dormons en général 1 heure de moins que les primates, notre sommeil est de bien meilleure qualité. Pour mieux comprendre cette particularité, Samson et Nunn ont comparé les habitudes de sommeil de 21 primates (y compris des humains), de manière quantitative mais aussi qualitative en prenant en compte le temps passé en mouvement rapide des yeux (REM), c’est-à-dire lorsque nous rêvons, que notre cerveau stocke des souvenirs à long terme, etc.
Alors que les lémuriens microcèbes mignons et les douroucoulis (primates nocturnes) dormaient 15 à 17 heures, les humains dormaient moins. Mais, 25 % du sommeil humain était en état de REM, avec seulement 5 à 10 % pour les primates.
NOUS DORMONS MOINS QUE LES PRIMATES MAIS NOTRE SOMMEIL EST-IL DE MEILLEURE QUALITÉ ?
De la même manière, ils ont pu dessiner un schéma similaire en comparant singes et grands singes. Les petits singes ne se construisent pas de nids dans les arbres, ils ont un sommeil plus léger, leur permettant de se réveiller rapidement face à un prédateur. Pour les grands singes qui dorment dans des nids spéciaux, le sommeil est donc meilleur.
Lors du sommeil paradoxal, nous sommes si profondément endormis que nous sommes presque morts, presque incapables de nous défendre. Il nous a donc d’abord fallu apprivoiser notre environnement et écarter tous les dangers afin de s’assurer d’un sommeil réparateur.
LE SOMMEIL ÉVOLUE-T-IL ENCORE ?
Nous avons tendance à penser qu’aujourd’hui, les technologies et éclairages nous empêchent d’avoir un sommeil long et naturel. Pourtant, une étude menée par Jerome Siegel, de l’université de Californie, a examiné les habitudes de sommeil de trois sociétés pré-industrielles (qui ne sont pas impactées par les technologies actuelles).
IL EXISTE ÉGALEMENT DES DIFFÉRENCES DE SOMMEIL ENTRE LES HUMAINS
Parmi elles : deux groupes de chasseurs-cueilleurs d’Afrique et un groupe d’horticulteurs de Bolivie. L’ensemble dormait en moyenne 6,4 heures par nuit : moins que la moyenne pour une société industrielle ! Leur sommeil n’était pas influencé par le cycle du Soleil (ils se réveillaient avant son lever et dormaient après son coucher). De même, cette courte durée de sommeil ne semblait pas affecter leurs capacités cognitives, ils semblaient tous en bonne santé. Ces résultats ont donc pu renseigner les chercheurs sur les premiers humains modernes qui avaient de courtes périodes de sommeil.
POURQUOI UNE TELLE DIFFÉRENCE DE SOMMEIL ENTRE LES HUMAINS ALORS ?
D’après certains chercheurs, la différence entre un individu qui a besoin de beaucoup de sommeil et un autre qui n’a besoin que de quelques heures pourrait provenir des gènes qu’ils portent, des gènes ancestraux qui auraient pu évoluer ou non selon les individus.
De même, entre un enfant et un adulte, le sommeil est totalement différent. En particulier en termes de qualité. Un bébé aura un sommeil paradoxal bien plus important afin de développer au mieux son cerveau, surtout le système nerveux. Malheureusement, nous ne connaissons que trop mal les fonctions du sommeil, le sommeil paradoxal ou tout simplement pourquoi nous passons de ce type de sommeil à un autre.
ET LE SOMMEIL CHEZ D’AUTRES ESPÈCES ?
Pour comprendre un peu plus le sommeil humain, on pourrait le comparer à d’autres mammifères. Dès lors, les choses se gâtent : les dauphins, qui sont très intelligents et ont un gros cerveau, n’ont pas besoin de sommeil paradoxal alors que les opossums, bien moins intelligents, comptent plus de 6h de sommeil paradoxal. Soit le sommeil paradoxal n’influerait pas sur l’intelligence, soit la comparaison d’espèces aux modes de vie si différents serait vaine.
NOUS CONSACRONS UN TIERS DE NOTRE VIE AU SOMMEIL
Le sommeil reste en tout cas un allié de taille pour l’être humain. Nous manquons d’informations précises le concernant et de comparatif avec nos ancêtres pour en voir l’exacte évolution. Cependant, il est clair que l’évolution nous aura permis d’obtenir un sommeil plus profond et plus court. Nous consacrons tout de même 1/3 de notre vie à dormir, un temps qui n’est pas gâché, bien au contraire, puisqu’il contribue à nous garder en bonne santé et peut-être plus encore…