S’appuyant sur la technique d’édition CRISPR, des scientifiques ont modifié génétiquement des vers à soie afin qu’ils produisent de la soie d’araignée pure, réputée pour sa flexibilité, sa légèreté et sa résistance exceptionnelle.
Ver à soie d’araignée
La soie d’araignée est considérée comme une alternative plus écologique aux fibres synthétiques, dérivées des combustibles fossiles et libérant des microplastiques nocifs dans l’environnement. Toutefois, la cultiver représente un défi, en raison de la tendance des arachnides à s’entredévorer et des faibles volumes qu’elles sont en mesure de produire. À titre d’exemple, la création d’un châle en soie d’araignée de 4 mètres carrés, exposé au Victoria and Albert Museum de Londres, a impliqué celle de plus d’un million de spécimens.
Pour ces raisons, depuis quelques années, des chercheurs tentent de modifier génétiquement des vers à soie, plus faciles à élever et produisant des quantités nettement plus importantes de fibres, afin qu’ils fabriquent ce précieux matériau.
Dans le cadre de travaux publiés dans la revue Matter, Junpeng Mi, de l’université de Donghua, et ses collègues se sont tournés vers la technique d’édition avancée CRISPR pour introduire les gènes responsables de la production des protéines de la soie d’araignée dans le génome de vers.
Alors que les fibres précédemment produites en contenaient 35 %, l’approche a permis de créer de la soie d’araignée pure, capable de résister à une force d’étirement de 1 299 mégapascals sans se rompre, trois fois supérieure à celle que peut supporter le nylon, et d’absorber une énergie de 319 mégajoules par mètre cube, la rendant six fois plus résistante que le Kevlar.
Une alternative plus écologique et durable
L’équipe a constaté que le matériau était recouvert d’une couche protectrice semblable à celle produite par les araignées elles-mêmes, impliquant une durabilité accrue par rapport à la soie d’arachnide artificielle. Lors d’expériences sur des rats, son utilisation pour suturer des plaies a permis une guérison plus rapide de ces dernières, par rapport aux fils de nylon traditionnels.
Selon Mi, de tels travaux ouvrent la voie à la production de masse bon marché de soie d’araignée, qui pourrait être utilisée comme fil de suture chirurgical ou dans les gilets pare-balles.
Par Yann Contegat, le
Source: New Scientist
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