On connaissait déjà les voitures ou les métros autonomes, il va falloir maintenant compter sur les trains sans conducteur. La SNCF souhaite développer des véhicules autonomes pour répondre à l’augmentation du nombre de trains par ligne. Une solution qui permettrait aussi de lutter contre les retards tout en faisant des économies d’énergie. Tenez-vous prêt, les premiers trains autonomes vont arriver dès 2022.
DES TRAINS SANS CONDUCTEUR ?
Mi-juin la SNCF a dévoilé son projet d’autonomisation des trains. Mais de quoi s’agit-il vraiment ? Quand on parle de véhicule autonome, il existe, aussi bien pour les trains que pour les voitures, quatre niveaux différents d’autonomie. Au premier niveau, l’autonomie est équivalente à celle d’un régulateur de vitesse en automobile. Le conducteur de train continue à démarrer, conduire, arrêter le véhicule, ouvrir et fermer les portes et seul le reste est géré par le système. Au niveau 2, le train freine et accélère tout seul. Au niveau 3, la conduite est entièrement automatisée mais le conducteur est toujours présent et peut prendre la main si besoin. Enfin, le niveau 4 correspond à une autonomisation totale du train.
« Dans notre projet, nous sommes dans des cas d’automatisation de niveau 2 ou 3 même si techniquement, il sera possible d’aller jusqu’au niveau 4. Ce qui veut dire que nous laisserons du personnel à bord », souligne Luc Laroche, directeur du projet train automatique à la SNCF. Pour la société ferroviaire, il s’agit de procéder par étape et de commencer par des phases d’autonomisation partielle. Mais l’objectif annoncé reste celui de l’automatisation complète et des expérimentations de trains roulant « tout seuls » sont déjà prévues. Surtout, ce processus s’inscrit dans une réflexion globale de l’avenir de la SNCF. Et si pour l’instant l’autonomisation va concerner seulement les locomotives des trains, à long terme, les rames entières pourront être conçues en fonction de cette autonomisation.
L’AUTONOMISATION COMME SOLUTION AUX RETARDS ?
Si la SNCF souhaite automatiser ses trains, c’est avant tout pour faire face à l’augmentation du nombre du matériel roulant. Sur une ligne avec des conducteurs, la compagnie est obligée de respecter des laps de temps entre chaque train. En effet, les conducteurs ont tous des temps de réaction ou des pratiques et techniques qui varient et il faut donc créer une zone-tampon entre deux véhicules de façon à éviter tout risque d’incident.
En automatisant ses trains, la SNCF va pouvoir les paramétrer de façon à ce qu’ils roulent tous de la même manière. Ainsi, la zone-tampon va pouvoir être réduite, ce qui va permettre d’augmenter le nombre de trains sur chaque ligne. Sur certaines lignes, la compagnie annonce déjà jusqu’à 25 % de trains en plus grâce à l’automatisation. De la même façon, en remplaçant les risques d’erreurs humaines par des programmes informatiques, la SNCF espère aussi que cette automatisation va permettre d’améliorer la ponctualité de ses trains. La normalisation des conduites des trains permettrait aussi d’effectuer des économies d’énergie. Alors l’autonomisation, solution miracle pour le train ?
DES RISQUES À L’AUTOMATISATION ?
Le train étant un mode de transport sur rails, son automatisation peut paraître moins complexe que celle d’une voiture par exemple. Mais si dans le cas des métros, cette technique est en effet moins risquée, l’autonomisation du train pose tout de même quelques problèmes. Le train évolue dans un environnement ouvert ce qui oblige une vigilance toute aussi particulière que pour les automobiles quant à la détection d’obstacles ou l’observation de l’environnement.
Les trains autonomes vont donc devoir eux aussi se barder de capteurs, caméras, radars et lidar. Mais surtout, le train autonome pose certains défis en terme de sécurité, comme l’explique Luc Laroche : « contrairement à la voiture qui peut passer sur le bas côté pour éviter l’obstacle, le train ne peut pas dévier de sa route. Et surtout, il faut savoir faire repartir le train. C’est ce qui fait de la gestion des aléas la partie la plus compliquée du projet ». Et c’est pour faire face à ces risques que la SNCF souhaite procéder par étape en commençant par des phases d’essais progressives.
DES TRAINS AUTONOMES EN SERVICE DÈS 2022 ?
La SNCF compte procéder par étape dans son processus d’autonomisation. La société va d’abord commencer en 2019 par des trains-drones télécommandés à distance par un conducteur. Quant à l’autonomie complète, c’est-à-dire une autonomie de niveau 4, les deux premiers prototypes seront testés dès 2022. Il s’agira alors d’un train de fret sur une ligne partant de Vitry-sur-Seine vers le Sud et d’un TER dont la ligne n’a pas encore été définie. Les expérimentations qui vont être menées par la SNCF se fixent donc des objectifs à court terme pour mener à une autonomisation rapide du matériel roulant.
La compagnie prévoit déjà d’intégrer un système d’autonomisation de niveau 2 dans le prolongement de la ligne E du RER en 2022. A la même échéance, elle souhaite aussi mettre en place les premiers TGV équipés eux aussi d’une autonomie de niveau 2. Une autonomie partielle qui passera alors par des voies spéciales mais qui permettront par exemple d’augmenter de 25 % le nombre de trains sur la ligne Paris-Lyon. Si ces expérimentations sont concluantes, le train entièrement autonome pourrait très vite devenir une réalité généralisée.
Par Adrien Bertoni, le
Source: Sciences et Avenir
Étiquettes: autonome, trains, mode-de-transport, sncf, autopilote, pilote-automatique, semi-autonome, trains-autonomes, voiture-autonome, transport
Catégories: Technologie, Actualités