« SKAL », la web-série franco-canadienne dirigée par Benjamin Cappelletti et coproduite par Rockzeline et La Guérilla, est disponible sur Blackpills, en téléchargement gratuit sur iOS et Android ! Les huit épisodes vont vous entraîner dans l’univers apocalyptique et sarcastique d’Arthur, jeune YouTubeur à succès qui vient de fêter sans modération ses 3 millions d’abonnés et qui va finalement vite « décuver… ». Et vous, que feriez-vous si l’eau venait à disparaître du jour au lendemain ?
Rencontre avec Benjamin Cappelletti, jeune réalisateur français dont vous n’avez pas fini d’entendre parler ! (interview réalisée par Alyssa Yang pour le Daily Geek Show)
Peux-tu nous parler de tes débuts dans ce métier ?
B.C. : Quand j’étais adolescent, j’ai acheté ma première caméra et j’ai commencé en réalisant de petits films avec des potes. Après un Bac S et une année en fac de cinéma, j’ai fait un BTS audiovisuel (option image) et mes stages m’ont amené à travailler sur Paris. Comme cadreur en télévision dans un premier temps, puis comme réalisateur. J’ai aussi fait pas mal de boulots d’électro ou de renfort régie sur des tournages de films et de publicités. Puis, j’ai commencé à réaliser des clips musicaux. Sans jamais perdre de vue mon objectif de faire du cinéma, j’ai écrit, financé et réalisé mon premier court-métrage, SKAL, qui aujourd’hui est devenu une série 10×10 min pour l’application mobile et tablette Blackpills.
Quels sont les réalisateurs et les œuvres qui t’inspirent ?
B.C. : David Fincher est probablement ma plus grosse influence (Fight Club est pour ainsi dire mon film de chevet), mais je peux aussi citer Martin Scorsese, Brian De Palma, Quentin Tarantino, John Woo, Tony Scott, Matthew Vaughn ou Edgar Wright. Et la liste est encore très longue. Pour ce qui est des œuvres qui m’inspirent et pour ne pas uniquement parler des films de mes réalisateurs préférés, je dirais que ça oscille entre plusieurs domaines comme les jeux vidéo, la BD (comics et mangas), l’art au sens large, la littérature (surtout de science-fiction), mais aussi la musique. J’écris toujours en écoutant des BO de films ou de jeux vidéo, très souvent du Hans Zimmer ou du Jason Graves dont j’adore le travail sur la série de jeu Deadspace.
D’où est venue l’idée du scénario de SKAL ? Et dans le genre apocalyptique, penses-tu avoir apporté quelque chose de nouveau ?
B.C. : L’idée de SKAL est née d’une anecdote vraie et personnelle. Un lendemain de cuite, je me réveille en ayant complètement oublié qu’une coupure d’eau a lieu dans mon immeuble. Ce qui stagnait dans la cuvette de mes toilettes n’ayant pas été retenu comme une option viable pour me réhydrater, je suis allé au commerce le plus proche pour acheter de l’eau. L’apocalypse sur Terre m’est alors apparue comme un monde où toute l’eau aurait disparu du jour au lendemain (océans compris) et où les stocks en bouteilles seraient la seule source restante. À ma connaissance, aucune histoire n’avait jamais abordé cette éventualité, c’était donc a priori un concept original dans le genre apocalyptique. Surtout, je cherchais depuis longtemps une idée de catastrophe tellement violente et immédiate qu’elle mettrait l’humanité face à ses responsabilités écologiquement parlant : sans eau, pas de vie.
Comment s’est présentée cette collaboration avec Rockzeline et La Guérilla ? Est-ce suite au court-métrage ?
B.C. : C’est effectivement le court-métrage qui a fait connaître le concept de SKAL à Rockzeline. Jimmy Boutry, qui était mon chef opérateur sur le court, l’a montré à Antoine Disle (le fondateur de la société Rockzeline). Antoine m’a ensuite contacté pour écrire la bible de ce que pourrait être une série inspirée du court-métrage et il l’a proposée aux équipes de Blackpills. En ce qui les concerne, La Guérilla, eux et Rockzeline avaient déjà travaillé ensemble sur une autre série pour Blackpills : Game of Death. Ils sont intervenus comme producteurs exécutifs. C’est eux qui ont organisé le tournage au Canada ainsi que toute la partie postproduction.
En créant « Arthur », le personnage principal, voulais-tu en faire le reflet de la génération « Y » ?
B.C. : Lorsque j’ai eu l’idée du court-métrage, je me suis immédiatement questionné sur le personnage qui serait le mieux à même de connecter un public « jeune » avec mon histoire et le Youtubeur s’est imposé à moi comme une évidence. C’était inédit d’en faire le « héros » d’un film et ça permettait aussi de dynamiser ma mise en scène avec tout un tas de procédés narratifs liés à ses compétences de video maker et ses savoirs geeks. Surtout, je tenais un personnage générationnel qui me servirait de véhicule d’idées pour parler de la société. Comme inspiration, j’ai immédiatement pensé à Norman Thavaud (d’où la ressemblance avec l’acteur Evan Marsh). Tout comme Arthur dans mon histoire, Norman est le reflet de la génération Y, mais aussi de la génération Z (avec Cyprien, Natoo et bien d’autres).
Comment se sont déroulés le casting et le tournage ?
B.C. : Au début, nous avons concentré tous nos efforts sur le rôle d’Arthur : c’était d’une part, le personnage principal, mais surtout le plus exigeant en ce qui concernait le jeu. Vu la nature de notre « héros », nous avons lancé les recherches à la fois chez les vraies stars de YouTube et les « influenceurs », mais aussi parmi les acteurs classiques et après un temps, c’est Evan Marsh qui s’est imposé comme notre Arthur. Il était charismatique, bon dans le One Man Show façon YouTubeur, mais surtout, il était capable de jouer le drame. C’est très rare de tomber sur un tel talent qui, avec justesse, peut passer du rire aux larmes. Encore aujourd’hui, je me dis que nous avons eu une chance folle d’avoir Evan. Pour l’anecdote, c’est en voyant son colocataire faire une « self-tape » pour le rôle d’Arthur qu’il a découvert qu’un casting avait été lancé pour la série. Sans ça, il n’en aurait probablement jamais entendu parler.
Une fois notre Arthur trouvé, nous avons organisé le reste de la distribution autour de lui. D’abord avec les deux amis, Darren (Darren Eisnor) et Emma (Olivia Scriven), puis avec Frank (Trevor Hayes) et Malika (Mariah Inger) et, ainsi de suite. Cette méthode nous a permis d’avoir la bonne alchimie entre tous nos rôles. Avant toute chose, je voulais trouver de vrais acteurs, des performeurs, qui seraient capables de faire évoluer leur personnage dans l’éventualité qu’une saison 2 voie le jour. Même les rôles plus « secondaires » comme, par exemple, notre équipe de scénaristes dans l’Ep4 ou la petite fille des Ep7 et 8 devaient être capables de jouer tous les registres, car dans mon esprit, chaque personnage de SKAL pouvait avoir son spin-off. En ce qui concerne le tournage, il a eu lieu à Montréal, au Canada et a duré 12 jours, de mi-novembre à tout début décembre 2016.
As-tu éventuellement rencontré des difficultés concernant les aspects humains, financiers ou techniques ?
B.C. : Déjà, avant même de commencer le travail d’écriture de la série, c’était en soi un exploit de trouver un producteur et un diffuseur pour développer un tel projet, qui plus est des Français, alors que le concept de SKAL est clairement « américain ». Ensuite, oui, il y a eu beaucoup d’obstacles à la fois humains, techniques et financiers, mais dès le début, nous savions où nous mettions les pieds. Sans avoir les largesses budgétaires, le temps de préparation ou le nombre de jours de tournage d’un film de cinéma, nous voulions en livrer les ambitions. Ceci étant dit, là où l’on n’a vraiment pas été aidés, ce fut sur la météo. À l’origine, 50 % de la série devait se dérouler en extérieur : par exemple, la fusillade de l’Ep5 devait se faire dans une ruelle, par beau temps et avec un joli ciel bleu. Mais l’arrivée du froid et de la neige nous a obligés à trouver un plan B, et cela, pour tous les extérieurs. Mais en définitive, SKAL a été à l’image de tous les tournages : plein d’imprévus et de contraintes.
Malgré ces contraintes, quel a été l’un de tes meilleurs souvenirs de tournage ?
B.C. : Il y en a eu tellement… Déjà, d’avoir travaillé avec une équipe et des acteurs formidables. Ensuite, d’avoir tourné au Canada et à Montréal, car j’y ai réalisé plusieurs clips musicaux, dont mon tout premier pour une artiste signée sur un gros label. Après, si je devais ne garder qu’un seul « meilleur » souvenir de tournage, ce serait lorsque Arthur (Evan Marsh) se livre face caméra en fin d’Ep6. Cette scène a été filmée à la fin d’une longue journée de travail, et voir un acteur réussir à donner quelque chose d’aussi juste et dramatique en seulement une prise a été à la fois un véritable plaisir de cinéphile, mais surtout, une sorte d’aboutissement en tant que réalisateur : c’est un monologue, il s’agit d’un plan fixe sans aucune coupe, le jeu oscille entre joie de façade et désespoir total, une vraie performance d’acteur. En voyant cette scène encore aujourd’hui, j’ai l’impression que, collectivement, nous avons fait plus que simplement raconter l’histoire d’un YouTuber qui doit survivre à la disparition de l’eau sur Terre : nous avons touché le cœur du public. Du moins, c’est ce que je pense !
Si demain, l’eau venait à disparaître ou si tu te retrouvais sur « La route » comme Viggo Mortensen, que ferais-tu ? Et à quel personnage t’identifierais-tu ?
B.C. : Déjà, si j’étais Viggo Mortensen, je me contacterais pour faire un film avec moi-même ! Viggo, si tu lis cette interview, appelle-moi ! Cet aparté mis à part, si toute l’eau de la planète disparaissait comme décrit dans SKAL – c’est-à-dire du jour au lendemain, sans que l’État ne fasse quoi que ce soit pour aider les civils – et bien, je serais/nous serions vraiment dans une sacrée merde. De notre point de vue d’Occidentaux, les événements de la série ne semblent pas si terribles que ça, car l’eau est accessible à bas prix, en abondance et, d’ailleurs, nous la gaspillons allègrement, et pourtant on se déshydrate en permanence : en transpirant, en respirant, en digérant, sans compter tout ce qui aggrave cette déshydratation comme les sodas, le café ou encore l’alcool. Avec une activité normale et sans un apport en eau suffisant (soit quotidiennement entre 1,5 litre et 3 litres), un adulte moyen meurt au bout de 3 jours, 14 s’il reste alité.
À titre de comparaison, la même personne pourrait vivre jusqu’à 70 jours sans manger. Du coup, après avoir étudié la question pour SKAL, je me dis qu’en comparaison, les héros de « La Route » ont la vie facile. Toutefois, j’imagine que j’essaierais de survivre et d’être avec ma famille si c’est possible. Ensuite, dans le genre apocalyptique, si l’on devait être réalistes, il n’y aurait que des salauds ! Mais j’aimerais malgré tout paraître héroïque. Dans un jeu vidéo comme Fallout, je n’arrive jamais à faire le mal : je joue toujours le bon samaritain ou le justicier au grand coeur. Donc s’il y a bien un personnage à qui je pourrais ressembler en cas d’apocalypse, ce serait Furiosa dans Mad Max : Fury Road. Avoir un objectif altruiste et s’y tenir au péril de sa vie.
Quels sont tes projets ? Une saison 2 pour SKAL ?
B.C. : Déjà, nous préparons plusieurs autres séries en format 10×10 min avec Rockzeline. Ensuite, je développe plusieurs projets de genre. Une série dramatique franco-française pour Netflix en format 10×42 min, des films de cinéma comme une dystopie YA d’horreur provegan ou encore un thriller psychologique façon Blumhouse Productions. Bref, les projets et les idées ne manquent pas. En ce qui concerne la suite de SKAL, il n’y a rien d’officiellement signé avec Blackpills à ce jour. Mais avec mes coauteurs et Rockzeline, nous avons beaucoup d’idées en stock si une saison 2, et même une saison 3, devaient voir le jour. Après, si vos lecteurs aiment la série et veulent le faire savoir à Blackpills, qu’ils ne se gênent pas pour aller troller leur Instagram, leur Twitter ou leur page Facebook !
As-tu un message à faire passer ?
B.C. : Déjà merci au DGS de s’être intéressé à la série SKAL, j’en suis très fier et j’espère que cette interview motivera vos lecteurs à aller la regarder sur Blackpills (l’application et les séries sont 100 % gratuites). Ensuite, je tenais à remercier encore une fois tous ceux qui ont rendu l’aventure SKAL possible à commencer par l’équipe parisienne du court-métrage, mais aussi mon producteur Antoine Disle, ainsi que Mathias Bernard et l’équipe de Rockzeline. Viennent ensuite Blackpills, mes deux coauteurs, Guillaume Grélardon et Marc Lahore, et bien sûr La Guérilla. Ma femme, Laura, que j’aime et qui me soutient dans tout ce que j’entreprends et David Hadj qui, une fois encore, s’est occupé avec brio de la BO de l’un de mes projets. Enfin et finalement, je tenais à remercier toute mon équipe au Canada et l’incroyable casting que j’ai eu le plaisir de diriger : Trevor Hayes, Mariah Inger, Shawn Baichoo, Darren Eisnor, Olivia Scriven, Chirs Sandiford, Stephane Malka, Hayley Festeryga, Chelsea Goldwater, Philippe Sovet, Patrick Ryan, Jean Drolet et bien sûr, Evan Marsh.
Si vous souhaitez en savoir plus sur Benjamin Cappelletti, n’hésitez pas à visiter son site Web.
Par Alyssa Yang, le
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