
En Zambie, des chercheurs ont documenté une mode intrigante chez un groupe de chimpanzés, impliquant l’insertion de brins d’herbe dans leurs oreilles… et leur arrière-train.
Une autre idée de la mode
Généralement, les tendances se répandant chez les animaux, et plus particulièrement les singes, servent un but concret, qu’il s’agisse de la fabrication d’outils utilisés pour obtenir plus facilement de la nourriture, ou de l’utilisation de plantes pour soigner des plaies. Au cours des dernières années, des comportements en apparence futiles ont été rapportés chez des orques, arborant d’étranges « chapeaux de saumons ».
La « mode des brins d’herbe » a été documentée pour la première fois en 2010 chez une femelle chimpanzé nommée Julie. Évoluant dans un sanctuaire zambien, celle-ci avait été observée à plusieurs reprises en train d’insérer ces végétaux dans ses oreilles. De façon intrigante, ce comportement singulier avait été adopté par sept autres membres de son groupe, et été perpétué après sa mort, suggérant une forme de transmission culturelle.
Près de quinze ans plus tard, cette mode est réapparue chez deux mâles du groupe d’origine et d’autres résidents du sanctuaire, n’ayant aucun contact avec ce dernier. Dans ce second cas, les six individus concernés ont même apporté leur « touche personnelle » en insérant également des brins d’herbe dans leur arrière-train.

Les auteurs de la nouvelle étude, publiée dans la revue Behaviour, ont découvert que les deux groupes de primates avaient les mêmes soigneurs, qui ont expliqué utiliser occasionnellement des brins d’herbe ou des allumettes comme « coton-tiges ». « Les chimpanzés les ont probablement copiés et ont par la suite découvert qu’ils pouvaient également les insérer à un autre endroit », suppose Edwin van Leeuwen, de l’université d’Utrecht.
Renforcement des liens sociaux
Qualifiée de remarquablement rare, cette tendance illustre une fois de plus la complexité des comportements des primates.
Selon van Leeuwen, le fait de copier leurs congénères pourrait constituer pour les chimpanzés zambiens une marque de respect ou d’attachement, « contribuant à renforcer leurs liens sociaux et à créer un sentiment d’appartenance au groupe, comme chez les humains ».
Fin mai, une mode bien différente avait été documentée chez des capucins d’une île isolée du Panama, surpris en train d’enlever des bébés singes hurleurs.