Une équipe internationale d’astronomes a annoncé la détection d’un mystérieux signal radio en provenance de Proxima Centauri, astre le plus proche de notre Système solaire. Explications.
Une mystérieuse découverte
Toute prétendue manifestation d’une civilisation extraterrestre doit être prise avec d’énormes pincettes. Ce qui se révèle d’autant plus vrai lorsque le signal capté s’apparente à une technosignature, c’est-à-dire le signe d’une technologie extraterrestre plutôt que de la « simple » présence de vie au-delà de la Terre. Par conséquent, l’équipe du Breakthrough Listen s’est montrée extrêmement prudente face à cette mystérieuse découverte, décrite dans un document de recherche présenté sur le site du Scientific American et auquel le quotidien britannique The Guardian a eu accès.
« Personne ne prétend qu’il s’agit d’une technosignature », souligne l’astronome Pete Worden. « Mais il se trouve que l’équipe du projet Breakthrough Listen a détecté plusieurs signaux inhabituels, les plus forts et persistants provenant de Proxima, et mène actuellement une enquête approfondie afin d’en déterminer l’origine. »
Les chercheurs ont détecté ces signaux en examinant les données recueillies par l’Observatoire de Parkes en Australie, dans le cadre d’une recherche menée en 2019 sur les puissantes éjections de matière de l’étoile Proxima Centauri. Il s’est avéré que les signaux d’origine potentiellement extraterrestre identifiés par les algorithmes de l’équipe provenaient de technologies humaines (comme les satellites), à l’exception d’un seul.
Celui-ci a été émis pendant environ 3 heures et était concentré dans une gamme très étroite de longueurs d’onde, n’étant généralement pas utilisée par nos satellites et autres engins spatiaux. Premier signal à franchir les étapes initiales du protocole de contrôle du projet Breakthrough Listen, spécifiquement conçu pour éliminer les émissions d’origine terrestre, l’évènement a été nommé Breakthrough Listen Candidate 1, ou BLC1.
Différentes hypothèses envisagées
Les membres du projet appellent toutefois à la prudence et soulignent qu’il est très probable que de tels signaux se révèlent être des interférences radio provenant de technologies terrestres, plutôt que de celles d’une hypothétique civilisation extraterrestre. L’équipe procède actuellement à des vérifications supplémentaires afin de déterminer l’origine de BLC1. Si ce dernier provenait vraiment de Proxima Centauri, il s’agirait assurément d’une découverte fascinante, puisqu’il s’agit de la voisine stellaire le plus proche de notre Système solaire (4,2 années-lumière), qui abrite à minima une planète en plus de Proxima b.
« Proxima est également intéressante parce que certains chercheurs ont émis l’hypothèse que s’il y a beaucoup de technologie dans la galaxie, envoyer le signal directement constituerait une façon assez inefficace de communiquer sur de grandes distances », estime Jason Wright de l’université d’État de Pennsylvanie. « Lorsque vous appelez quelqu’un, votre smartphone n’envoie pas directement un signal radio à l’appareil de votre correspondant. »
Selon les chercheurs, les civilisations extraterrestres avancées seraient en effet plus susceptibles de mettre en place un réseau semblable à un système de téléphonie mobile interstellaire, avec de nombreux nœuds interconnectés relayant des messages à travers la galaxie. « Si tel est le cas, les signaux proviendraient majoritairement d’étoiles proches », note Wright.
De nouveaux éléments de réponse attendus dans les prochains mois
Il faudra encore patienter quelques mois pour savoir si le signal BLC1 était ou non d’origine terrestre, lorsque les travaux définitifs de l’équipe seront publiés. Les chercheurs précisent toutefois que même si le signal ne provenait pas d’interférences produites par nos propres satellites ou engins spatiaux, de nombreuses autres pistes seront envisagées avant de conclure qu’il émanait d’une technologie extraterrestre. En attendant, l’équipe entend surveiller de près Proxima Centauri.
On rappelle qu’il y a quelques jours, des chercheurs de l’université Cornell ont annoncé la détection du premier signal radio en provenance d’une exoplanète. Celui-ci provenait du système stellaire Tau Bootis, situé à 51 années-lumière.
Par Yann Contegat, le
Source: New Scientist
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