
D’après un récent rapport alarmiste, nous ne sommes plus qu’à moins de trois ans avant d’atteindre un réchauffement climatique de 1,5 °C. Explications.
Juste une question de temps
Ce rapport publié par plus de 60 climatologues révèle qu’il ne reste plus que 143 milliards de tonnes de dioxyde de carbone à émettre dans le monde avant d’atteindre l’objectif de 1,5 °C fixé par l’accord de Paris signé par 195 pays pour lutter contre le changement climatique. Selon l’Organisation météorologique mondiale, nous émettons actuellement environ 46 milliards de tonnes de CO2 par an.
La température mondiale est actuellement supérieure de 1,2 °C à la moyenne préindustrielle, la quasi-totalité de cette hausse étant due aux activités humaines, selon le rapport. Mais nos émissions pourraient avoir un impact encore plus important sur le réchauffement, jusqu’ici masqué, car l’océan a absorbé une grande partie de la chaleur excédentaire. Selon la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA), l’océan libérera cette chaleur supplémentaire au cours des prochaines décennies par évaporation et transfert de chaleur direct, que nous réduisions ou non les émissions.
Cela signifie donc que même si les émissions de carbone tombaient à zéro, les températures mondiales continueraient d’augmenter pendant quelques décennies, les experts prévoyant un réchauffement supplémentaire de 0,5 °C provenant seulement des océans. Toutefois, les températures finiraient par se stabiliser grâce au rayonnement de la chaleur vers l’espace. Et sur plusieurs milliers d’années, la Terre ramènerait ses températures à des niveaux préindustriels grâce à des puits de carbone naturels, comme les arbres et les sols absorbant le CO2.
Mais pourquoi 1,5 °C ?
Comme l’a expliqué Kirsten Zickfeld, professeure de sciences du climat à l’université Simon Fraser au Canada, au-delà de cette limite, les niveaux de réchauffement sont dangereux pour les populations vivant dans les pays en développement économique, et particulièrement dans les nations insulaires. « La limite de 1,5 °C est un indicateur d’un état du système climatique où nous pensons pouvoir encore gérer les conséquences. »
La spécialiste ajoutant : « Une énorme quantité de chaleur supplémentaire pourrait être absorbée par l’océan et libérée plus tard si nous dépassons 1,5 °C, ce qui est une autre raison pour laquelle les scientifiques s’inquiètent du franchissement de ce seuil. Dépasser 1,5 °C augmente également le risque de franchir des points de basculement climatiques, c’est-à-dire des éléments du système terrestre susceptibles de basculer rapidement vers un état radicalement différent. Par exemple, la calotte glaciaire du Groenland pourrait soudainement s’effondrer dans l’océan, et la forêt amazonienne se transformer en savane sèche. »
Inverser la hausse des températures ?
Même s’il est préférable de réduire les émissions au plus vite, il est encore possible d’inverser une hausse de température de 1,5 °C ou plus si nous dépassons ce seuil critique. Si nous commençons à faire baisser à nouveau les températures, cela n’annulera pas les effets du passage des points de basculement climatiques. Par exemple, cela ne provoquera pas de regel des calottes glaciaires ni de baisse du niveau de la mer après sa montée. Mais cela réduirait considérablement les risques pour les écosystèmes qui réagissent plus rapidement aux changements de température, comme les toundras recouvertes de pergélisol.
« Inverser la hausse des températures nécessite non seulement des émissions nettes nulles, mais aussi des émissions nettes négatives », a noté Kirsten Zickfeld. « La neutralité carbone signifierait que nous séquestrions autant de CO2 que nous en émettons grâce aux puits de carbone naturels et aux technologies d’émissions négatives. Les émissions négatives nécessiteraient des systèmes qui absorbent le carbone de l’atmosphère puis l’enfouissent sous terre, ce que l’on appelle souvent le captage et le stockage du carbone. La neutralité carbone pourrait stopper le réchauffement. Mais si nous voulons inverser le phénomène, nous devons éliminer davantage de carbone de l’atmosphère que nous n’en émettons. »
Pour éventuellement nous aider, il existe aujourd’hui diverses techniques naturelles de captage du carbone. Mais elles ne sont pas totalement au point et elles sont surtout extrêmement coûteuses, et le resteront probablement pendant longtemps, a déclaré Robin Lamboll, chercheur en climatologie à l’Imperial College de Londres et co-auteur du récent rapport. « En pratique, nous nous en sortirons plutôt bien si le déploiement de ces technologies dépasse le simple objectif de zéro émission nette. Mais, une certaine incertitude subsiste quant à la réaction de la Terre à ce changement, et il est possible que la planète se refroidisse à ce moment-là. Si nous nous refroidissons, ce sera très lentement. Dans un scénario très optimiste, nous pourrions baisser de 0,3 °C en 50 ans. »
Qu’en pensez-vous ? Par ailleurs, les records de chaleur pourraient avoir une autre origine que le changement climatique.
Par Cécile Breton, le
Source: Live Science
Étiquettes: changement climatique, rechauffement climatique
Catégories: Écologie, Actualités
et la terre qui se rapproche du soleil, ça doit aussi agir!!