Dans l’histoire de la comédie et de la télévision, il y a eu un avant et un après Seinfeld. Si la série est encore méconnue en Europe, elle est de loin la plus connue aux États-Unis. Depuis, chaque série comique, de Friends à How I Met Your Mother en passant par Sex and the City, marche dans le sillon laissé par cette série culte. Retour sur le succès incroyable de la série qui se décrivait comme n’étant « à propos de rien ».

 

Avant l’arrivée de Seinfeld, les sitcoms et les séries américaines étaient terriblement ancrés dans une tradition de moralité puritaine et de sentimentalisme. Combien de fois les téléspectateurs des années 70 et 80 ont vu les mêmes familles idéales, les mêmes héros aux coeurs purs et au final, les mêmes séries ? Pour briser le moule, il a fallu attendre la rencontre de deux génies de la scène comique américaine : Larry David et Jerry Seinfeld. Le premier écrira la série, le deuxième en sera le coauteur et l’acteur principal. Alors que les deux amis passent une soirée ensemble et s’échangent des blagues en marchant dans la rue, ils en viennent à la conclusion que si leurs conversations les font autant rire, elles feront certainement rire les autres.

 

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La série mettra en scène des amis, dans la vie de tous les jours, dans la vraie vie et ce sont leurs conversations et non leurs actions héroïques qui formeront le coeur de la comédie. Pire que de s’éloigner des héros aux coeurs purs, les personnages principaux de la série seront des narcissiques, des gens sans qualités qui vivent des vies sans savoir quoi en faire. Ce sera « une série à propos de rien ». Avec un tel pitch, les deux créateurs ajoutent que la réelle idée derrière est de dépeindre la façon dont un comédien trouve la matière première qu’il utilise pour ses sketchs. Ses notes sur la vie de tous les jours, ce qu’il remarque chez les autres, etc. Le personnage principal joué par Jerry Seinfeld portera non seulement son nom, mais sera également comédien.

Cela suffit à convaincre la NBC de produire un épisode pilote. Une fois la machine en marche, Seinfeld arrive sur les ondes en juillet 1989. La critique tombe sous le charme et les téléspectateurs mordent petit à petit à l’hameçon. Pour le dernier épisode en 1998, un peu moins de 80 millions de personnes sont devant la télévision, soit 30 % de la population américaine. Encore aujourd’hui, Seinfeld est la série la plus rediffusée aux États-Unis. Zappez un peu et vous êtes certain de tomber sur un épisode quelque part. Au coeur de cette popularité, quatre personnages incroyables. Jerry Seinfeld joue un personnage du même nom, un comédien qui est pourtant le plus sain du groupe, même s’il est loin d’être sans défauts. Son truc ? Il arrête ses relations amoureuses pour le moindre détail qui ne lui plait pas. Un thème qui sera repris dans des dizaines de séries par la suite.

 

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Ensuite vient George Costanza joué par Jason Alexander et meilleur ami de Jerry. Larry David ne joue pas dans la série, mais c’est tout comme à travers George. Misérable et envieux de tous, il est l’incarnation du loser éternellement en manque de confiance en lui. Dans sa façon d’inventer des histoires pour se sortir de situations improbables, il est généralement le personnage par lequel l’humour arrive au milieu de la scène. La présence féminine du groupe, c’est Elaine Benes interprétée par Julia Louis-Dreyfus. Si vous vous demandiez d’où venait l’inspiration pour les quatre héroïnes de Sex and the City, ne cherchez pas plus loin. Attirante et assurée, elle ne loupe jamais une occasion d’être franche avec tout le monde, quitte à se mettre dans des situations compliquées.

Pour finir le quatuor, on a le personnage le plus déjanté de la télévision : Cosmo Kramer, joué par Michael Richards. Inspiré par le voisin de Larry David à l’époque de la création de la série, le personnage est le voisin de palier de Jerry (d’où vient l’idée de Friends d’avoir un groupe d’amis vivant dans le même immeuble). Une coiffure improbable, un style vestimentaire surprenant, une énergie débordante, Kramer est le plus vieux du groupe, mais aussi le plus imprévisible. Des plans farfelus à chaque épisode et des situations à se tordre de rire à chaque fois qu’il entre en scène. Ajoutez à cela un casting incroyable de personnages secondaires et parmi les meilleurs auteurs de comédie de l’histoire et vous avez Seinfeld !

 

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Dans Seinfeld, les personnages ne sont pas attachants car ils sont bons, beaux ou charismatiques. Ils sont attachants car ils n’aiment personne, n’ont aucune véritable qualité qui sort de l’ordinaire et ne savent pas quoi faire de leurs vies. En somme, ils sont attachants car ils sont humains, nous ressemblent et sont hilarants. Seinfeld ne s’est jamais pris au sérieux, plaçant toujours l’humour avant tout le reste. La formule a fonctionné et depuis 1989, aucune autre série n’est devenue aussi populaire aux États-Unis.

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