L’utilisation d’une technique d’imagerie avancée a révélé plusieurs modifications subtiles apportées par les artistes de l’Égypte ancienne à leurs œuvres il y a plusieurs millénaires.
Percer les secrets des peintures égyptiennes
L’étude des peintures égyptiennes anciennes est aussi ancienne que l’égyptologie elle-même. Depuis le XIXe siècle, les scientifiques étudient les types de techniques, de pigments et de matériaux utilisés pour réaliser ces œuvres grandioses. Si la majorité de ces recherches a impliqué des pièces de musée, l’étude de monuments inachevés a également offert un aperçu du « mode opératoire » des artistes de l’époque.
De tels travaux s’étant quasi exclusivement appuyés sur des techniques archéologiques traditionnelles, impliquant une certaine part d’interprétation, une équipe internationale et pluridisciplinaire de chercheurs a récemment utilisé des scanners portables pour examiner les peintures d’anciens tombeaux égyptiens et révéler des détails invisibles à l’oeil nu.
Détaillées dans la revue PLOS One, ces récentes recherches ont impliqué l’imagerie par fluorescence X (XRF), utilisant les rayons X pour déterminer la composition chimique d’un objet sans avoir besoin de prélever d’échantillons physiques.
Les deux oeuvres étudiées, réalisées il y a environ 3 000 ans, ont été choisises en raison de leur état de conservation exceptionnel. Représentant le pharaon Ramsès II (ayant régné entre 1279 et 1213 avant notre ère), la première se trouvait dans le tombeau de Nakhtamon, un important sculpteur inhumé près de Thèbes, tandis que la seconde montrait le fonctionnaire égyptien Menna et sa femme adorant Osiris.
Des détails invisibles à l’oeil nu
Leur examen étroit a révélé des traces de retouches jusqu’alors négligées, effectuées lors de la production initiale des oeuvres. Il s’est notamment avéré que la coiffe, le collier et le sceptre de Ramsès II avaient été retravaillés, et la position et la couleur d’un bras de Menna modifiées (des altérations subtiles révélées par l’utilisation de pigments sensiblement différents).
Soulignant la complexité de l’art égyptien ancien, ces différents éléments suggèrent que les artistes ont pu apporter les modifications qu’ils jugeaient nécessaires aux oeuvres, ou qu’il s’agissait de demandes formulées par leurs commanditaires.
L’équipe prévoit d’analyser prochainement d’autres peintures de la nécropole thébaine afin de révéler davantage de leurs « secrets de fabrication », et éventuellement identifier les artistes en étant à l’origine.