Le cirque Fernando s’implanta à Montmartre, au coin de la rue des Martyrs actuelle, sur un terrain vague, en 1873. Il eut alors un succès immédiat. Alors qu’il connaît des difficultés, son directeur, Ferdinand Beert, dut cesser ses activités en 1897. Il fut alors remplacé par Jérôme Medrano. L’histoire du cirque Fernando demeure pourtant encore aujourd’hui bien mystérieuse. Elle est même presque inconnue pour beaucoup de personnes, notamment pour les Parisiens.
Les débuts du cirque Fernando
À partir de 1872, l’écuyer Ferdinand Beert, aussi connu sous le nom de Fernando, débuta sa carrière en tant que directeur de cirque. En 1873, il décida alors d’implanter, à Paris, au pied de la Butte Montmartre, en plein milieu d’un terrain vague, à l’angle du boulevard de Rochechouart et de la rue des Martyrs, un cirque qu’il baptisa le cirque Fernando.
Le succès fut immédiat. C’est la raison pour laquelle il décida de construire, sur le même terrain vague, en 1874, un cirque en pierre de plus de 30 mètres de diamètre et de 21,40 mètres de haut, et conçu par l’architecte Gustave Gridaine. Réalisée en pente, la salle pouvait accueillir jusqu’à 2080 personnes. L’inauguration eut lieu le 25 juin 1875. Trente-sept artistes s’y produisaient. Le plus connu d’entre eux portait le nom de Geronimo Medrano, aussi connu sous le nom de « Boum-Boum ».
Afin d’obtenir davantage d’aide, Ferdinand Beert nomma son fils, Louis Fernando, à la direction de l’établissement en 1876. Il multiplia également des spectacles des plus surprenants : le phoque écuyer de Raziscoff, Hermann Unthan, un artiste manchot, mais aussi Thomas Boorne, un acrobate sur poney ou encore Miss Lala, acrobate aérienne immortalisée par le peintre Edgar Degas.
Finalement, Ferdinand Beert légua sa place à son fils en 1882. Ce dernier engagea alors le capitaine Cardona accompagné de ses lions et la jument Barbare. En septembre 1887, l’éléphant Jumbo rejoint également la troupe. La première d’un impressionnant spectacle, intitulé En selle pour la revue, eut lieu le 12 janvier 1889. Les spectateurs ont d’ailleurs pu y voir La Goulue, surnommée la reine du chahut, artiste et danseuse.
Malgré son impressionnant succès, le cirque Fernando fut rapidement victime de la concurrence avec d’autres cirques parisiens et hippodromes de l’époque. C’est la raison pour laquelle il connut un important déclin à la fin des années 1890.
Du cirque Fernando au cirque Medrano
C’est au début de l’année 1897 que Louis Fernando décida finalement de cesser ses activités. La direction du cirque Fernando fut alors reprise par le célèbre Geronimo Medrano. Il le renomma alors cirque Medrano.
Avec Geronimo Medrano, puis plus tardivement avec son fils Jérôme Medrano, le cirque Medrano fut surnommé “Le cirque des clowns”. Il eut énormément de succès, notamment grâce à ses spectacles dits de “clowneries latines populaires, comiques et légères”. Se succèdent alors de nombreux artistes : les trois clowns Fratellini (de 1915 à 1923), Grock (à partir de 1904), Footit et Chocolat, Rhum, Bario et Dario, Charles Manetti, Achille Zavatta, mais aussi le jongleur Rastelli, le trapéziste androgyne Barbette, l’équilibriste Mademoiselle Lala et le mime Farina. De 1936 à 1942, le cirque ouvra ses portes au music-hall avec des artistes tels que Charles Trenet. Par la suite, de nombreux artistes s’y produisent également : Buster Keaton en 1947 ou encore Fernand Raynaud en 1956.
Plus tard, en 1956, les Gruss-Jeannet, composés d’Alexis Grüss Sr., André Grüss et Lucien Jeannet, décident d’arrêter leur Radio Circus, enseigne de grande ampleur qui a marqué l’histoire du cirque, et de se produire durant un an auprès du cirque Medrano. Les deux années suivantes, ils appelèrent leur cirque le “Cirque-zoo Jean Richard”, qui devint ensuite le “Grand Cirque de France” à partir de l’année 1959.
Jérôme Medrano, épaulé par son épouse Violette, a pu mettre au point diverses techniques et innovations qui ont également marqué l’histoire du cirque : le cirque sur l’eau, la cavalcade sur glace, la cage aux fauves-ascenseur. Tout cela a pu être réalisé grâce à des metteurs en scène renommés, tels que Gilles Margaritis, et ses “Chesterfollies”, notamment présentées lors de l’émission de cirque La Piste aux étoiles. Il s’agit principalement de spectacles dits “accélérés”.
N’étant néanmoins par propriétaires du cirque, les Medrano sont expulsés de l’établissement au début des années 1960. La toute dernière représentation eut lieu le 7 janvier 1963. À la fin de cette même année, l’ancien cirque Medrano ouvre à nouveau ses portes sous le nom de cirque de Montmartre. Il est désormais dirigé par Joseph Bouglione.
Le cirque Medrano et ses années d’évènements
La salle du cirque Medrano est alors utilisée occasionnellement pour organiser des évènements, tels que la Fête de la Bière, et par le Théâtre du Soleil de 1967 à 1968. Puis, en 1967 et en 1968, deux pièces de théâtre y sont respectivement présentées : La Cuisine, d’Arnold Wesker (63 400 spectateurs) et Le Songe d’une nuit d’été, de Shakespeare (47 000 spectateurs). En 1968, le Théâtre du Soleil y achève ses activités avec L’Arbre sorcier, Jérôme et la tortue, de Catherine Dasté.
Ces séries d’évènements n’offrent pourtant pas un grand succès au cirque Medrano et le bâtiment est détruit en 1971. Ironiquement, l’immeuble qui est aujourd’hui situé à l’ancien emplacement du cirque s’appelle “Le Bouglione”, en souvenir de Joseph Bouglione, dernier propriétaire du cirque qui occupait l’établissement. Sur la façade de l’immeuble, une plaque commémorative a également été placée en hommage à l’histoire du cirque Medrano.
À partir de 1978, le cirque Medrano devient alors une enseigne au nom loué par Jean Richard, qui permet au trio de clowns, Les Bario, de devenir les vedettes, puis par Raoul Gibault, à partir de l’année 1987.
Le cirque Medrano aujourd’hui
Aujourd’hui, le cirque Medrano est devenu un cirque ambulant et continue d’arpenter les routes de France et de proposer de grands spectacles de cirque. Son chapiteau peut abriter de 1 200 à 1 500 visiteurs. Il fait partie des quatre plus grands cirques français itinérants actuels.
Par ailleurs, chaque année Raoul Gibault, son directeur actuel, propose au public un tout nouveau spectacle. Ainsi, en 2004, les spectateurs ont pu voir Kara-Kawac hypnotisant des crocodiles, en 2005 Susan Lacey et ses 12 tigres blancs, en 2006 Raoul Gibault proposa une mise en scène du Cirque sur l’eau, en 2007 Magic Polo et ses grandes illusions avec des fauves en liberté (tigres et lion blanc) s’est produit sous le chapiteau ou encore en 2008, la baronne Maxy Niedermeyer accompagnée de son tigre, son ours brun et son ours polaire. Outre ces spectacles exceptionnels, certains numéros d’éléphants, chameaux ou chevaux de Carlos Savadra sont présentés chaque année. Depuis 2009, le Festival international du cirque fait appel à de multiples artistes de renommée mondiale.
Étrangement, le cirque Medrano est internationalement connu, sauf à Paris, où il s’est tout de même implanté durant de longues années. Il reste donc relativement mystérieux pour de nombreuses personnes. Toutefois, il a pourtant été immortalisé par les plus grands artistes de Pigalle : Toulouse-Lautrec, Auguste Renoir, Gen Paul, Derain, Kees van Dongen, Picasso, mais aussi Edmond Heuzé. Les toiles de ces artistes témoignent donc bel et bien du succès du cirque Medrano dans le monde entier.