Shenmue. Ce nom porte en lui-même tant de souvenirs, d’espoirs et de rêves brisés pour les joueurs du monde entier. Enfin, pour ceux qui ont eu la chance infinie de mettre la main sur cet incroyable jeu qui a profondément marqué l’époque par son côté révolutionnaire. Sorti sur Dreamcast, le premier jeu connaîtra un succès limité et son éditeur, Sega, ne rentabilisera pas le projet, ce qui conduira à l’abandon de la franchise après le deuxième épisode, en plein milieu de son histoire. Mais, rassurez-vous ! Une campagne Kickstarter a été annoncée pour Shenmue 3, et c’est dans l’espoir de vous donner envie de découvrir ces jeux mythiques que l’on vous propose une petite rétrospective sur cette fameuse licence.

Les origines 

Le projet est lancé par Yu Suzuki qui, au sein de Sega, était notamment à l’origine de la franchise Virtua Fighter. Ayant la volonté de lancer un RPG basé sur le monde de cette dernière licence, il commence à travailler, avec son studio, sur un jeu mettant en scène les personnages combattants de la franchise dans un univers ultra réaliste. Prévu pour la Saturn, une ancienne console Sega, le « Projet Berkley » se stoppera à un stade très avancé, abandonné pour réaliser Shenmue dans sa version définitive.

Le scénario

Tout d’abord, il est important de commencer par introduire l’histoire du jeu : Le personnage principal est un jeune Japonais de 18 ans nommé Ryo. Expert en arts martiaux, il aura le choc de voir un jour, en rentrant au dojo de son père, ce dernier en plein combat contre le mystérieux Lan Di, venu réclamer un artefact dont Ryo ignore tout. Incapable de sauver son père, ni l’un ni l’autre ne faisant le poids face à Lan Di, il le verra mourir et assistera impuissant à ses derniers instants. Il se jure alors de le venger et part dans une croisade vengeresse. Fresque en 16 chapitres, dont seulement 5 ont vu le jour pour l’instant, le scénario est épique et d’une rare maturité pour l’époque.

 

La liberté

La première chose qui frappe lorsque l’on joue à Shenmue, c’est la liberté. Le jeu reprend le système F.R.E.E. pour Full Reactive Eyes Entertainment, c’est-à-dire que le joueur peut interagir avec énormément d’objets et de personnes dans un environnement totalement libre. C’est un univers comme on en a jamais vu à l’époque, et comme on en a rarement vu depuis : le jeu incorpore la gestion du temps qui passe (si vous avez besoin d’aller dans un magasin ouvert de 9h à 18h, et qu’il est 20h, vous allez attendre), un système de météo et de saison très efficace, et même la gestion d’argent. Ultra réaliste, Ryo vivra, en parallèle de sa quête de vengeance, une vraie vie : Il devra travailler, manger, s’entrainer aux arts martiaux et nouer des amitiés, même si cela ne s’avère pas nécessaire pour réussir l’histoire. C’était du jamais vu, et aujourd’hui encore, on peine à se rappeler un jeu qui a atteint un tel niveau de maîtrise. Quasiment impossible à finir à 100 % en une seule partie tant le jeu contient de quêtes annexes et de scènes aléatoires, il a su occuper un grand nombre de joueurs pendant longtemps. Il est même remarquable de noter que si Ryo n’a pas terminé le scénario le 14 avril 1987 (le jeu commençant à l’hiver 1986), il meurt tué par Lan Di, nous offrant un magnifique Game Over.

 

Le gameplay

Forcément très inspirés du gameplay de Virtua Fighter, les combats sont dynamiques et agréables, et se feront la plupart du temps à mains nues. Cependant, on doit à Shenmue une innovation majeure dans le gameplay des jeux vidéo : les QTE. S’ils existaient déjà depuis Dragon’s Lair, c’est bien la licence Shenmue qui va les démocratiser et leur donner leurs formes actuelles, formes qui contribueront ensuite à améliorer des jeux comme God of War.

 

L’échec commercial

Titre à l’ambition démesurée, son développement a forcément été, financièrement parlant, extrêmement coûteux. C’est pas moins de 47 millions de dollars qui seront investis, une somme faramineuse pour l’époque. Hélas, le jeu est sorti en exclusivité sur Dreamcast pour le premier opus, une console qui ne connut qu’un succès modéré et un catalogue restreint, ce que ne pouvaient prévoir les développeurs au moment de la conception du jeu. Certains diront même que si chaque possesseur de Dreamcast avait acheté un exemplaire de Shenmue, le jeu n’aurait tout de même pas été rentabilisé, et le jeu n’a connu qu’un succès limité en Europe et au Japon, à l’inverse des États-Unis où le jeu a très bien marché. Malgré la sortie de Shenmue 2, la licence tombe à l’abandon après celui-ci, laissant une histoire inachevée et des joueurs dans l’attente d’un miracle.

 

Shenmue : Un nouvel espoir ?

Si, depuis la sortie de Shenmue 2 en 2001, les joueurs sont dans l’expectative et attendent désespérément la sortie d’une suite, on en parla peu. On parla beaucoup d’un Shenmue Online, un MMO dans l’univers du jeu, qui ne vit jamais le jour et Shenmue 3 ne connut jamais d’officialisation, jusqu’à l’E3 2015 où Yu Suzuki revient sur le devant de la scène, annonçant une campagne de financement participatif visant à financer Shenmue 3. S’engageant à le développer si l’objectif de 2 millions de dollars est atteint, il s’annonce prêt et motivé à terminer sa saga. L’objectif sera atteint en à peine quelques heures, et depuis, la joie règne dans le coeur des fans qui voient une attente de 15 ans toucher à sa fin.

 

Pour notre part, on tenait véritablement à vous faire découvrir cette franchise mythique qui a changé à jamais le visage du jeu vidéo, et on espère que notre objectif a été atteint. On ne peut s’empêcher de ressentir une certaine peur, la peur que le troisième opus soit une déception, tout simplement parce que la magie des anciens se serait évaporée avec le temps. Et vous, pensez-vous que Shenmue peut faire un retour victorieux, ou qu’au contraire, il est déjà trop tard ?

 

 

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