
De récents essais cliniques ont démontré que l’administration d’oxygène par voie rectale était sûre. Si une telle approche peut faire sourire, ses implications sont elles tout à fait sérieuses.
Une approche sûre
La « respiration entérale » est étudiée chez les mammifères depuis plusieurs années. En 2021, des chercheurs japonais avaient démontré que l’administration d’un liquide oxygéné via un tube inséré chirurgicalement dans le rectum de porcs permettait d’augmenter significativement leurs taux sanguins d’oxygène.
Pour la première fois, des cobayes humains ont eu droit à un traitement similaire, impliquant la version non oxygénée d’un liquide perfluorocarboné. Mené par la même équipe, cet essai clinique pionnier visait spécifiquement à déterminer si elle était réellement sans danger. À cette fin, 27 volontaires en bonne santé ont été « invités » à conserver entre 25 et 1 500 millilitres du fluide dans leur rectum pendant 60 minutes.
Bien que les participants ayant reçu les doses les plus élevées aient rapporté des ballonnements et de légères douleurs, aucun effet indésirable grave n’a été signalé. Seuls sept d’entre eux n’ont pas été en mesure de retenir leur « souffle » (on ne vous fait pas un dessin) pendant la durée de l’expérience.
« Maintenant que nous avons établi la sécurité de l’approche, la prochaine étape consistera à évaluer son efficacité », s’est réjoui Takanori Takebe, chercheur à l’université d’Osaka et auteur principal de la nouvelle étude, publiée dans la revue Med.

Seconde phase des essais cliniques et implications
Le prochain volet des essais impliquera une version du liquide riche en oxygène, capable de traverser les parois intestinales. Les chercheurs évalueront précisément les volumes et le temps nécessaires pour améliorer cliniquement ses concentrations sanguines chez les sujets.
À terme, l’approche pourrait être dispensée aux patients dont les voies respiratoires sont obstruées. Elle se révélerait particulièrement précieuse dans les pays à faible revenu, dont les hôpitaux disposent d’un nombre souvent limité de respirateurs artificiels.
Chez cette tortue canadienne, la respiration entérale est une question de survie.