De récentes analyses ont permis la mise en évidence d’un réseau de zones cérébrales commun à la dépression, l’anxiété, la schizophrénie, la toxicomanie ainsi que les troubles bipolaire et obsessionnel compulsif.
Des résultats frappants
Si des recherches antérieures basées sur des scanners cérébraux avaient lié plusieurs régions cérébrales à divers problèmes de santé mentale, leurs résultats s’avéraient incohérents. Supposant que ces différentes zones formaient un réseau commun à différents troubles, les chercheurs de l’hopital Brigham de Boston ont examiné les dossiers médicaux de 194 vétérans de la guerre du Vietnam ayant subi une lésion cérébrale.
Il s’est avéré que ceux-ci étaient plus susceptibles de recevoir le diagnostic de multiples troubles mentaux (dont les six mentionnés en introduction) s’ils avaient subi des lésions dans des zones situées à l’arrière de l’encéphale, notamment le cortex pariétal postérieur, lié à la perception spatiale. De tels diagnostics étaient beaucoup moins fréquents lorsque les lésions étaient localisées à l’avant du cerveau (notamment au niveau du cingulum antérieur, associé aux émotions, et l’insula, liée à la conscience de soi).
La comparaison de ces résultats à l’aide d’un connectome (carte des connexions cérébrales) a montré que lorsque les régions identifiées à l’arrière du cerveau présentaient une faible activité, celles situées à l’avant avaient tendance à présenter une forte activité, et vice versa. L’analyse complémentaire de 193 scanners cérébraux issus d’un échantillon de 16 000 personnes a également montré un rétrécissement des tissus dans les régions situées à l’avant du cerveau et celles leur étant liées, chez les sujets atteints de l’un des six troubles mentaux.
« Dans l’ensemble, ces résultats suggèrent que chez les personnes ne souffrant pas de troubles mentaux, les régions postérieures du cerveau inhibent les régions antérieures », explique Joseph Taylor, auteur principal de la nouvelle étude, publiée dans la revue Nature Human Behaviour. « En cas de lésions des premières citées, les secondes deviennent hyperactives, ce qui peut entraîner le développement d’une maladie mentale et un rétrécissement des tissus associés. »
Le « réseau transdiagnostique »
Selon le chercheur, l’hypothèse d’un circuit cérébral commun est appuyée par les données d’ablations neurochirurgicales réalisées sur des patients atteints de maladies psychiatriques extrêmes et incurables.
« Nous l’avons nommé ‘réseau transdiagnostique’ car il semble être impliqué dans de nombreux diagnostics psychiatriques différents », explique Taylor. « De tels résultats soutiennent l’idée controversée qu’en dépit de symptômes très différents, les maladies mentales partagent une cause sous-jacente commune, ou facteur p. »
L’équipe prévoit d’explorer prochainement les effets du renforcement de l’activité cérébrale dans les régions postérieures, via une technique appelée stimulation magnétique transcrânienne, en tant que traitement potentiel des maladies mentales.
Par Yann Contegat, le
Source: New Scientist
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