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Tous les requins pourraient bientôt perdre leurs dents et cela fait craindre le pire pour l’océan

Cette vulnérabilité pourrait avoir des effets en cascade sur tout l’écosystème marin

Grand requin blanc
― Ramon Carretero / Shutterstock.com

Longtemps perçus comme des machines de survie quasi indestructibles, les requins pourraient bien révéler une faiblesse insoupçonnée. Une étude récente révèle que l’acidification des océans affaiblit les dents des requins, ce qui pourrait modifier leur rôle dans l’écosystème marin. Une situation qui, si elle peut rassurer les surfeurs, soulève des inquiétudes pour l’équilibre des océans.

Des dents vulnérables face à l’acidité

Les requins sont connus pour leur capacité unique à renouveler constamment leurs dents, un atout qui leur a permis de survivre pendant des millions d’années. Pourtant, cette adaptation remarquable pourrait ne pas suffire face à l’augmentation de l’acidité des océans, causée par les émissions humaines de dioxyde de carbone (CO2). Lorsque ce gaz se dissout dans l’eau, il modifie son pH, rendant les océans moins alcalins dans un processus appelé acidification.

Les effets de cette acidification sur les récifs coralliens sont bien documentés. Mais les dents, qui paraissaient jusque-là à l’abri, se révèlent elles aussi vulnérables. Les résultats de l’étude ont été publiés dans la revue Frontiers in Marine Science

« Bien que les dents de requin soient constituées de phosphates hautement minéralisés, elles restent sensibles à la corrosion dans un environnement océanique plus acide », explique Maximilian Baum, chercheur à l’université Heinrich-Heine de Düsseldorf et auteur principal de l’étude. Selon lui, les dents de requin sont des outils perfectionnés pour trancher la chair, pas pour résister à une eau acide.

Une expérience révélatrice

Pour comprendre cet impact, les chercheurs ont recueilli 600 dents de requins à pointe noire dans un aquarium. Ces dernières ont été placées dans des réservoirs aux niveaux d’acidité variés pendant huit semaines. Les observations au microscope électronique ont montré des signes visibles de dommages : fissures, trous, corrosion des racines et altération structurelle. Les dents exposées à une eau plus acide apparaissaient nettement plus fragiles et susceptibles de se casser sous la pression.

Le professeur Sebastian Fraune, co-auteur de l’étude, précise que si les requins vivants disposent de mécanismes naturels de réparation et de renouvellement dentaire, ceux-ci pourraient être mis à rude épreuve dans un océan plus acide. Ces mécanismes pourraient nécessiter plus d’énergie dans un environnement acide, ce qui aurait un coût pour l’animal.

Des conséquences écologiques à grande échelle

Si les requins à pointe noire, qui nagent souvent la bouche ouverte, sont particulièrement exposés à l’acidité, d’autres espèces pourraient également être affectées. Les poissons qui ne remplacent pas leurs dents aussi fréquemment risquent de souffrir encore davantage. Heureusement, les niveaux de pH testés lors de cette étude (7,37) ne devraient pas être atteints avant 2300, à condition que les émissions de CO2 continuent au rythme actuel. Mais même des changements plus modérés pourraient perturber les écosystèmes marins, si des espèces clés comme les requins venaient à être affaiblies.

Maximilian Baum souligne l’importance de maintenir le pH des océans proche de sa moyenne actuelle (8,1) pour préserver les outils de prédation des requins et éviter des déséquilibres écologiques majeurs. Faute de quoi, ces prédateurs pourraient perdre leur rôle central dans les chaînes alimentaires marines.

Les requins ont traversé des centaines de millions d’années d’évolution, mais les niveaux de CO2 actuels n’ont pas été atteints depuis 20 millions d’années. À l’époque, l’adaptation des requins et des autres espèces s’est déroulée sur des millions d’années, un luxe que les conditions actuelles ne leur offrent pas. En seulement deux siècles, les émissions humaines de gaz à effet de serre bouleversent un équilibre qui a mis des millénaires à se former.

Par ailleurs, un trésor préhistorique remonte à la surface : deux requins géants piégés depuis 325 millions d’années.

Par Eric Rafidiarimanana, le

Source: IFL Science

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