Seul squale évoluant dans les eaux polaires de l’Atlantique Nord, le requin du Groenland est non seulement l’un des plus gros requins carnivores de la planète, mais également le vertébré à la longévité la plus importante.

LES ISLANDAIS L’APPELLENT « SKALUGSUAK »

Les Islandais l’appellent « Skalugsuak » d’après une vieille légende inuit. Le mythe prétend que ce dernier vivait à l’origine dans le pot d’urine de Sedna, la déesse de la mer et que sa chair peut détruire la peau humaine, mais ce vertébré évoluant dans les eaux arctiques est plus connu sous le nom de requin du Groenland.

Le hákarl (requin en islandais) est une spécialité culinaire à base de requin du Groenland

Une légende loin d’être complètement fantaisiste : sa chair contient effectivement une grande quantité d’urine pour réguler sa flottabilité. Il doit être bouillie plusieurs fois dans le but d’éliminer l’oxyde de triméthylamine, une neurotoxine -dont les effets sont proches de ceux de l’ivresse- pour être dégusté.

Pas aussi majestueux ou effrayant que son confrère le grand requin blanc, le requin du Groenland peut mesurer jusqu’à sept mètres. Il possède un corps allongé et épais aux tons gris-bruns, une petite tête dotée d’un museau arrondi et de minuscules yeux. Il est d’ailleurs souvent porteur de parasites oculaires bioluminescents, qui l’aideraient à attirer des proies.

LE REQUIN DU GROENLAND PEUT MESURER JUSQU’À 7 MÈTRES

On le trouve dans les profondeurs de l’océan arctique

Les premières photos d’un spécimen vivant apparaissent seulement en 1995. On le trouve le plus souvent entre 200 et 400 mètres de profondeur dans les eaux polaires de l’Atlantique Nord et du Pacifique Nord. Il s’agit du seul requin capable de tolérer les températures arctiques à l’année.

Ce prédateur s’attaque à tous types de proies, et se délecte aussi des restes d’animaux terrestres

Muni de dents très effilées au niveau de la mâchoire supérieure et larges au niveau de la mâchoire inférieure, ce prédateur foudroyant chasse le calmar, le phoque et le marsouin, et toutes sortes de poissons osseux et cartilagineux. C’est aussi un charognard qui se délecte des restes de bélougas, de narvals et même d’animaux terrestres.

Durant des années, les scientifiques ont estimé que le requin du Groenland vivait, comme la majorité des squales, environ 100 ans. Très récemment, sa longévité a été largement revue à la hausse, en utilisant une méthode entièrement nouvelle.

Après avoir capturé 28 spécimens, les scientifiques ont effectué une datation au carbone 14 de leur cristallin. Les résultats obtenus étaient tout simplement sidérants : le requin du Groenland de cinq mètres de longueur était âgé d’environ… 392 ans ! Une longévité tout à fait étonnante chez les vertébrés. Elle dépasse de loin celle des grandes tortues terrestres et de la baleine boréale.

Leur maturité sexuelle intervient lorsqu’ils mesurent au moins quatre mètres, soit un âge proche de 150 ans. La femelle peut donner naissance à dix petits par portée et les nouveau-nés mesurent environ 90 cm.

Pour les scientifiques, cette longévité hors norme s’explique par deux facteurs principaux. En raison de leur grande taille, les requins du Groenland possèdent déjà un métabolisme plus lent que la majorité des créatures marines. Ce phénomène est décuplé par le fait qu’ils évoluent en permanence dans des eaux glaciales.

SON MÉTABOLISME EXTRÊMEMENT LENT LUI ASSURE UNE LONGÉVITÉ HORS DU COMMUN

Le requin du Groenland nage à la vitesse très lente de 0,34 mètre par seconde

Qui dit métabolisme ralenti, dit aussi vieillissement des cellules beaucoup plus lent. Vous comprenez aisément pourquoi le requin du Groenland est capable de vivre plusieurs siècles, ce qui fait de lui le doyen des vertébrés.

Pour aller plus loin, percez le secret de l’immortalité avec la méduse Turritopsis dohrnii.

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