L’étude d’oiseaux vivant dans la zone d’exclusion de Tchernobyl (CEZ) a révélé un lien clair entre la radioactivité et leur microbiome intestinal, renforçant l’idée que celle-ci affecte leur santé.
Des comparaisons révélatrices
La catastrophe nucléaire de Tchernobyl a conduit à l’établissement d’une zone d’exclusion de 30 kilomètres de rayon autour de la centrale, toujours en vigueur aujourd’hui. Si les loups, chiens errants et batraciens semblent s’être adaptés à ses niveaux élevés de radiations et certains vers à y être immunisés, leur impact sur les espèces aviaires locales a été globalement moins exploré.
Dans le cadre de travaux présentés à l’occasion de la dernière conférence de la Society for Experimental Biology, des scientifiques ont examiné l’impact de l’environnement irradié sur deux espèces communes d’oiseaux européens : la mésange charbonnière (Parus major) et le gobemouche noir (Ficedula hypoleuca). Plusieurs nichoirs ont été placés dans deux parties de la CEZ (la première présentant une contamination radioactive élevée et l’autre une contamination relativement faible), et les populations d’oiseaux comparées.
Bien que moins de nichoirs aient été occupés dans la zone fortement contaminée, il n’y avait pas de différences significatives dans l’écologie de la reproduction ou la santé des oisillons. Tout aussi surprenant, le régime alimentaire des oiseaux des zones contaminées comprenait une plus grande variété d’insectes.
Le séquençage génétique d’échantillons de fientes a permis de comparer la composition de leurs microbiotes intestinaux. Si les niveaux de radiation environnementale ne semblaient pas impacter la variété des bactéries présentes, elle affectait significativement leurs concentrations, connues pour influencer notre santé.
Des découvertes antérieures
Ces découvertes s’ajoutent à celles réalisées en 2011. Portant sur 550 oiseaux de la CEZ, des recherches avaient révélé que leur volume crânien et cérébral était nettement plus faible, suggérant que même de faibles niveaux de radiations affectent leur développement et leurs capacités cognitives.
« La contamination radioactive constitue un stress supplémentaire auquel les organismes doivent faire face, ce qui entraîne une myriade de conséquences qui ne sont pas encore totalement comprises », souligne Sameli Piirto, chercheur à l’université de Jyväskylä et auteur principal de la nouvelle étude. « L’étude de ses effets est cruciale si l’humanité souhaite continuer sur la voie du nucléaire. »
Par Yann Contegat, le
Source: IFL Science
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