Un chantier banal en Dordogne, un coup de pelle… et voilà qu’émerge une tombe romaine intacte. Deux mille ans d’histoire d’un seul coup. Au centre, une bague en or gravée en grec. Un minuscule bijou qui pourrait bien réécrire l’histoire antique du Sud-Ouest.

Une découverte fortuite sous les vestiges du Moyen Âge
Le site de fouille, situé à Lamonzie-Saint-Martin, a d’abord été exploré pour documenter des silos médiévaux. Mais sous ces structures, les archéologues ont mis au jour un bustum romain aux parois calcinées. Une pratique funéraire rare dans cette région du sud-ouest de la Gaule.
La datation repose sur une céramique sigillée et une pièce de bronze typiques du Haut-Empire. Ces objets situent la sépulture entre 70 et 130 après J.-C. Une découverte rurale qui remet en question notre vision des implantations romaines locales.
Un jeune défunt entouré de richesses dignes de l’élite romaine
Le mobilier funéraire retrouvé est impressionnant : près de 500 objets, dont 22 en or. Parmi eux, une bulla d’enfant, traditionnellement offerte aux jeunes citoyens romains, et un bracelet torsadé. Ces éléments évoquent un adolescent issu d’une famille privilégiée.
Des cristaux décoratifs montés sur cuir, associés à des monnaies du Haut-Empire, suggèrent une bourse ou un coffret précieux brûlé avec le défunt. Ce soin dans le rituel d’incinération montre une mise en scène sociale très codifiée.
La richesse symbolique et matérielle de cette sépulture, en pleine campagne, pose une question : à quel réseau appartenait cette famille ? Était-elle implantée localement ou liée à des élites plus larges du monde romain ?
Une bague grecque gravée, rareté précieuse dans une tombe gallo-romaine
Les archéologues ont retrouvé une bague fondue, ornée d’une intaille en cristal gravée de sept lettres grecques : ΑΛΛΑΛΗ. Ce nom intrigue. Était-ce celui du défunt, d’un proche, ou un mot à portée symbolique ?
La présence d’un nom grec dans une tombe du sud-ouest de la Gaule indique sans doute une identité hellénisée. Ce détail suggère une famille cultivée, ou du moins désireuse d’afficher une appartenance à une culture savante et impériale.
Une tombe isolée qui pourrait redessiner la carte archéologique locale
Le site ne présente aucune trace de nécropole associée, ni de bâtiment antique à proximité. Cette séparation topographique intrigue les chercheurs. Elle pourrait signaler la présence d’une villa rustica aujourd’hui disparue.
Les futures recherches géophysiques tenteront de localiser les structures environnantes. Une villa enfouie expliquerait la richesse du mobilier et l’isolement apparent de cette sépulture hautement symbolique.
Cette découverte pourrait redessiner la carte archéologique du Périgord antique. Elle rappelle que les campagnes, souvent négligées, cachent encore des trésors capables de transformer notre compréhension du passé romain local.
Par Eric Rafidiarimanana, le
Source: Science & Vie
Étiquettes: dordogne, Archéologie funéraire, Gaule romaine, Bijoux antiques
Catégories: Actualités, Histoire