Alors qu’il s’apprête à accueillir la COP30, le Brésil fait un choix qui fait grincer bien des dents : autoriser un forage pétrolier au large de l’Amazonie. Entre ambition climatique affichée et intérêts économiques assumés, ce paradoxe ne passe pas inaperçu. Voici pourquoi ce forage cristallise autant les tensions, à quelques semaines d’un sommet censé montrer l’exemple.

Un projet d’exploration pétrolier au cœur d’une région très sensible sur le plan écologique
Le 20 octobre 2025, Petrobras, l’entreprise pétrolifère publique brésilienne, a reçu l’aval pour effectuer un forage d’exploration dans le bassin de Foz do Amazonas, à 500 km de l’embouchure du fleuve et à 175 km des côtes. Si la zone paraît lointaine, elle est à la fois proche de la biodiversité unique de l’Amazonie… et potentiellement riche en hydrocarbures.
Selon le ministère des Mines et de l’Énergie, la marge équatoriale pourrait renfermer jusqu’à 10 milliards de barils. Une manne convoitée, surtout après les découvertes du Guyana voisin. Lula y voit un levier pour financer la transition énergétique. Mais peut-on vraiment verdir l’économie avec de l’or noir ?
Défauts de procédure, risques environnementaux : les ONG montent au front
Pour les défenseurs de l’environnement, ce forage est une « erreur historique ». Ilan Zugman, de 350.org, fait partie des voix qui s’insurgent. Huit ONG ont porté plainte contre l’Ibama, l’agence environnementale brésilienne, accusée de n’avoir ni consulté les populations autochtones, ni exigé de véritables garanties environnementales.
Et pour cause : Petrobras avait déjà été recalé en 2023, faute d’un plan d’urgence crédible contre les fuites de pétrole. Une marée noire dans cette zone pourrait avoir des conséquences dramatiques sur les écosystèmes marins et côtiers. Les tests fournis récemment sont jugés insuffisants par les experts.
Une autorisation mal tombée qui complique la position du Brésil avant la COP30
Trois semaines avant la COP30, ce projet fait tache. Comment le Brésil peut-il prétendre être un leader climatique tout en investissant massivement dans de nouveaux gisements pétroliers ? La question embarrasse jusque dans les rangs du gouvernement.
Cette contradiction affaiblit la position diplomatique du pays, surtout face à des partenaires européens ou africains de plus en plus exigeants sur la cohérence climatique. L’écart entre les discours et les actes est ici flagrant, et risque de nourrir la méfiance à l’ouverture des négociations.
Pétrole contre planète : peut-on vraiment concilier transition écologique et forage ?
Si l’on comprend l’envie d’investir pour l’avenir, faut-il encore que cet avenir soit viable. Chaque baril extrait aujourd’hui pèse lourd dans le budget carbone de demain. Certes, l’argent du pétrole peut financer la transition. Mais miser sur une ressource fossile en déclin, dans une zone à très haute valeur écologique, revient à hypothéquer la crédibilité du Brésil.
Les prochaines semaines diront si la pression internationale suffira à freiner cette dynamique. En attendant, ce choix reste un symbole fort : celui d’un pays qui, entre forage et forêt, hésite encore sur le bon cap à prendre.
Par Eric Rafidiarimanana, le
Et les Allemands avec le lignite en environnement urbain.