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Les températures glaciales forcent un python géant à régurgiter un cerf entier

Ce phénomène apporte un nouvel éclairage sur le comportement de cette espèce invasive

Un python géant régurgite un cerf entier
© Ecology and Evolution / Travis R. Mangione

À la fin de l’année dernière, un python birman a été observé en train de régurgiter un cerf entier dans la réserve nationale de Big Cypress, en Floride. Cette scène rare s’est produite après une chute des températures en dessous de 10 °C, un seuil bien inférieur au confort thermique de ces reptiles à sang froid. Bien que les scientifiques aient déjà documenté des vomissements de pythons dans des environnements contrôlés, comme des laboratoires, cette observation marque la première fois qu’un tel phénomène a été enregistré en pleine nature. L’incident a été détaillé dans une étude publiée dans la revue Ecology and Evolution.  

Une espèce envahissante et encore mystérieuse  

« Chaque jour, ces serpents nous surprennent », explique Mark Sandfoss, biologiste à l’U.S. Geological Survey (USGS) et principal auteur de l’étude. « Les pythons semblent constamment défier nos attentes, mais c’est fascinant de voir comment la science et les observations sur le terrain s’accordent. »  

Introduits en Floride à la fin des années 1970, les pythons birmans (Python bivittatus) se sont imposés comme une espèce envahissante. Malgré leur présence depuis plusieurs décennies, ils restent mal compris, notamment en ce qui concerne leur biologie et leurs interactions avec les espèces locales, comme les cerfs à queue blanche.  

La population de cerfs dans la réserve de Big Cypress est en déclin, ce qui inquiète les experts, car ces animaux jouent un rôle clé dans l’alimentation de prédateurs comme la panthère de Floride (Puma concolor coryi). Pour étudier l’impact des pythons sur les cerfs et leur digestion, des scientifiques ont suivi pendant un an plusieurs grandes femelles pythons, les plus susceptibles de s’attaquer à cette proie. 

Un des serpents étudiés montrait une bosse significative dans son estomac, signe qu’il avait avalé un gros repas, probablement un cerf. Cependant, après plusieurs jours, la bosse ne semblait pas se réduire. Lorsque les températures ont chuté à 9,4 °C, l’équipe est retournée sur place et a découvert le python sans sa bosse, nageant dans un marais peu profond à proximité d’un cerf de Virginie (Odocoileus virginianus) à peine digéré. « Ils ont trouvé le serpent vide et ont immédiatement détecté l’odeur du cerf régurgité à proximité », rapporte Sandfoss.  

Le froid, un défi pour les pythons  

En tant qu’animaux à sang froid, les pythons ont du mal à fonctionner dans des environnements froids. Une chute de température ralentit leurs processus biologiques, notamment la digestion. Si les conditions restent trop froides, les aliments dans leur estomac peuvent commencer à se décomposer plus rapidement qu’ils ne peuvent être digérés, entraînant une prolifération de bactéries. Pour se protéger, le serpent vomit sa proie, même si cela lui coûte énormément d’énergie.

Dans ce cas précis, le python a survécu à cet effort intense. Cependant, en tant qu’espèce envahissante, sa survie soulève des questions complexes. D’un côté, manquer un repas aussi important pourrait limiter sa reproduction, contribuant ainsi à freiner la croissance de la population de pythons. De l’autre, le serpent pourrait chasser un autre cerf pour compenser cette perte d’énergie, ce qui aggraverait le déclin des cerfs et perturberait davantage l’écosystème local.  

« La population de cerfs dans la réserve diminue depuis plusieurs années, et nous pensons que les pythons en sont en partie responsables », explique Travis Mangione, biologiste au National Park Service (NPS). « Ce python, même après avoir vomi, continuera à consommer des animaux indigènes. »  

Comprendre les limites des pythons  

Alors que les scientifiques cherchent à mieux comprendre comment les vomissements influencent l’écosystème, ces observations fournissent également des indices sur les limites géographiques des pythons birmans. La température semble être un facteur déterminant : ces reptiles ne peuvent probablement pas s’établir dans des régions où il fait trop froid pour digérer leurs repas.  

Cette étude s’inscrit dans un projet de recherche plus large qui analyse les habitudes alimentaires des pythons sur une année entière. Les chercheurs espèrent ainsi mieux comprendre le processus de digestion de cette espèce impressionnante mais encore mal connue.  

« Les pythons ont une biologie fascinante et complexe », conclut Sandfoss. « Nous n’avons jamais eu à gérer une espèce terrestre ectotherme aussi grande et envahissante. Chaque découverte nous aide à mieux cerner cette problématique. » Pour rappel, les pythons birmans peuvent engloutir des proies encore plus grosses qu’on ne le pensait.

Par Eric Rafidiarimanana, le

Source: Live Science

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