
Des scientifiques suisses ont franchi une étape décisive dans la protection des données en ligne face à la menace croissante de l’informatique quantique. En combinant un cryptage avancé et un nouveau type de matériel, ils ont mis au point une puce capable de résister aux attaques menées par ces ordinateurs ultra-puissants. Le système innovant, baptisé « QS7001 », a été présenté par la société suisse de semi-conducteurs SEALSQ lors du Forum économique mondial de Davos.
L’importance d’un cryptage infaillible
Actuellement, pour protéger les données sensibles transmises sur Internet, comme les informations bancaires ou les dossiers médicaux, les messages sont cryptés. Ce procédé consiste à brouiller les informations à l’aide de problèmes mathématiques complexes. Seules les parties autorisées, qui possèdent la « clé », peuvent déchiffrer ces messages. Bien que le cryptage ne bloque pas l’interception d’un message, il empêche quiconque d’en lire le contenu.
Toutefois, l’essor de l’informatique quantique remet en question cette sécurité. En quelques secondes, ces machines pourraient déchiffrer des codes qui prendraient des millions d’années à résoudre avec des ordinateurs classiques. Par conséquent, les systèmes de cryptage conventionnels, comme le RSA, deviennent vulnérables.
En effet, un exemple marquant est qu’un cryptage RSA utilisant un faible nombre de bits (50 bits) a déjà été brisé grâce aux ordinateurs quantiques. Si de tels exploits deviennent courants, la sécurité des communications mondiales pourrait être gravement compromise.
Une solution basée sur la réduction du temps de vulnérabilité
Le système QS7001 combine deux protocoles de cryptage résistants aux attaques quantiques, Dilithium et Kyber, développés par le NIST (National Institute of Standards and Technology). Ces technologies de cryptographie post-quantique sont conçues pour résister aux attaques des ordinateurs quantiques. Selon Dave Lear, analyste en cybersécurité, « cette innovation illustre la course entre les technologies de protection et celles conçues pour les contrer ».
Les protocoles résistants aux quanta sont conçus pour que même les ordinateurs quantiques ne puissent pas casser les clés cryptographiques. Cependant, comme la puissance des ordinateurs quantiques ne cesse de croître, il reste possible qu’ils surpassent ces protections à l’avenir.
L’innovation du QS7001 réside dans la réduction drastique du temps de transmission des données. Alors qu’un microcontrôleur traditionnel met jusqu’à 1 500 millisecondes (1,5 seconde) pour transmettre des données chiffrées, cette nouvelle technologie réduit ce temps à seulement 100 millisecondes (0,1 seconde). Cette amélioration a été rendue possible grâce à une optimisation de l’authentification, de la signature et du cryptage des données, tout en respectant les normes de sécurité les plus strictes. En accélérant la transmission et le cryptage, le système minimise la fenêtre d’opportunité pour d’éventuels pirates informatiques.
Une technologie prometteuse mais perfectible
Malgré ses avancées, cette solution ne prévient pas totalement le risque d’interception des données. Les informations captées peuvent être stockées en vue d’un décryptage ultérieur, lorsque les ordinateurs quantiques auront gagné en puissance. Toutefois, le QS7001 assure que les messages interceptés ne puissent ni être modifiés ni redirigés.
Par ailleurs, d’autres technologies, comme la communication quantique, pourraient être intégrées à ce système pour renforcer encore davantage la sécurité. Il pourrait offrir la possibilité de détecter l’interception d’un message et de l’annuler avant qu’il ne soit lu.
En combinant ces innovations, il serait possible de créer une infrastructure de cybersécurité inédite, capable de protéger les données dans un monde où l’informatique quantique deviendra une réalité incontournable. Selon Lear, « tant que le temps nécessaire pour décrypter un message dépasse la durée de validité de la clé, les informations restent protégées. Mais cela ne tiendra que jusqu’à l’arrivée d’outils encore plus rapides. » Par ailleurs, voici pourquoi Majorana 1, la nouvelle puce quantique de Microsoft, est révolutionnaire.
Par Eric Rafidiarimanana, le
Source: Live Science
Étiquettes: informatique-quantique, puce, cybersecurite
Catégories: Actualités, Cybersécurité
On dit chiffrer!! Quelqu’un qui dit « crypté », quelle que soit la qualité de son argumentaire, est d’office disqualifié.
Et ce système ne protège en rien de l’attaque « store now, décrypt later » ni contre les attaques latérales (« side channel ») ou contre la chaine d’approvisionnement.