Avez-vous déjà entendu parler de la méthode des loci ? C’est une méthode mnémotechnique qui consiste à mémoriser un parcours familier dans lequel on va venir implanter de nouvelles informations à certains endroits.
En quoi consiste cette méthode
Nous sommes nombreux à envier les performances cérébrales exceptionnelles des champions du monde de la mémoire, ou à lorgner sur des personnages de fictions comme Sherlock Holmes en nous disant qu’il serait génial si on avait une telle mémoire d’éléphant dans la vraie vie. Mais saviez-vous que c’est non seulement possible mais aussi que c’est à votre portée ? Une équipe de chercheurs qui a publié une étude dans Science Advances vient effectivement de le prouver.
« Loci » veut dire lieux en latin. La méthode des loci peut ainsi s’appeler la méthode des lieux et c’est le poète Simonide de Céos qui aurait mis au point cette méthode pour parvenir à mémoriser de longues listes d’éléments ordonnés. A noter que cette méthode est pratiquée depuis l’Antiquité.
Concrètement, imaginons qu’il existe un chemin, une route ou une allée que vous connaissez par cœur. La méthode des loci suggère que pour vous souvenir d’une quantité astronomique de nouvelles informations, vous n’avez qu’à vous imaginer parcourir cette allée en déposant ces informations dans des coins ou recoins que vous connaissez bien. Plus tard, lorsque vous aurez besoin de vous rappeler ces informations dans l’ordre, vous n’aurez qu’à faire le chemin en sens inverse et « récupérer » les données que vous avez déposées au fur et à mesure, explique Livescience.
Est-ce que cette technique marche vraiment ?
Pour démontrer l’efficacité de cette technique, l’auteure principale de l’étude, Isabella Wagner, neuroscientifique cognitive à l’université de Vienne, et son équipe ont mené une étude et l’ont divisée en deux parties. Dans la première partie de l’étude, ils ont recruté 17 champions du monde de la mémoire et 16 autres athlètes dans d’autres domaines. Ils leur ont fait faire des scans d’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) du cerveau tout en leur demandant d’étudier des mots aléatoires sur une liste. Par la suite, les chercheurs ont présenté trois mots de la liste aux participants et leur ont demandé dans quel ordre ils étaient sur la liste.
Dans la deuxième partie de l’étude, les chercheurs ont pris 50 participants qu’ils ont répartis dans 3 groupes. Le premier groupe de 17 personnes a été formé pendant 6 semaines à la méthode des loci. Le deuxième groupe était composé de 16 personnes, des témoins actifs, et ont été entraînées à une autre technique de mémorisation appelée « entraînement à la mémoire de travail » tandis que les 17 personnes restantes appartenaient au groupe passif, ce qui signifie qu’elles n’ont reçu aucun entraînement.
A noter que les chercheurs ont effectué des scans IRMf sur tous les participants avant et après la formation. Puis, ils leur ont demandé de se rappeler une série de mots sur une liste et les ont interrogés sur le nombre de mots retenus après 20 minutes, 24 heures et quatre mois plus tard.
Les participants présentaient un écart considérable de mémoire
Les scientifiques voulaient ainsi analyser les souvenirs faibles – ceux qui disparaissent après 20 minutes – et les souvenirs durables des participants, c’est-à-dire les souvenirs qui restent même après 24 heures. Les résultats ont nettement démontré que l’entraînement avait procuré une meilleure mémoire aux participants qui ont bénéficié d’une formation.
Au bout de 20 minutes, les personnes qui ont été formées à la méthode des loci se sont rappelées de 62 mots en moyenne, tandis que le groupe de témoins actifs s’est rappelé de 41 mots et le groupe de témoins passifs, 36 mots. 24 heures plus tard, le premier groupe se souvenait encore de 56 mots contre 30 et 21 pour les groupes témoins actifs et passifs et quatre mois plus tard, les participants formés à la méthode de loci avaient retenu encore 50 mots, contre 30 pour les témoins actifs et 27 pour les témoins passifs.
Mais les chercheurs ont également découvert que le cerveau des participants formés à la méthode de loci – aussi bien que les champions du monde de la mémoire – a activé certaines régions cérébrales impliquées dans le traitement de la mémoire à long terme.
La chercheuse Wagner affirme ainsi que presque tout le monde peut apprendre à utiliser la méthode des loci mais cela requiert du temps et une pratique régulière. « Mais il est certainement possible de ‘booster’ la mémoire et d’atteindre des performances de mémoire élevées, voire exceptionnelles », a-t-elle ajouté.
Par Arielle Lovasoa, le
Source: Lives science
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