Récit japonais le plus vieux de l’Histoire, Le Conte de la princesse Kaguya a eu un impact considérable sur le folklore et la culture de l’archipel. Personne ne connaît l’identité de l’auteur, mais tout le monde fut fasciné par son histoire durant des siècles. Aussi appelé Le Conte du coupeur de bambou, c’est ce dernier qui trouve un bébé aux cheveux lumineux et prétendant venir de la Lune. Lumière sur un texte fondateur de l’identité japonaise.
Le récit débute avec la journée d’un vieux coupeur de bambou qui tombe sur une canne de bambou brillante. Lorsqu’il la coupe et regarde à l’intérieur d’où vient la source de lumière, il trouve un bébé pas plus gros que son pouce. N’ayant pas de descendance, le vieil homme ressent tout de suite le besoin de s’en occuper comme sa propre fille et la nomme Kaguya-hime (princesse lumineuse). Le lendemain et tous les jours suivants, son père trouve dans chaque taille de bambou une pépite d’or. Il devient extrêmement riche alors que Kaguya grandit rapidement et se fait connaitre à travers la région pour sa beauté exceptionnelle.
Des princes viennent des quatre coins du pays pour la demander en mariage, mais la jeune fille ne voulant pas se marier, elle décide de leur confier des missions impossibles à réussir comme rapporter le bol qu’avait utilisé le Bouddha pour mendier ou le joyau qui se cache dans le cou d’un dragon. C’est ensuite l’empereur du Japon qui vient demander sa main, mais Kaguya refuse également. Durant tout l’été, Kaguya pleure toute la nuit en voyant la Lune. Elle finit par révéler son secret à ses parents : elle vient de la Lune et doit à tout prix y retourner.
L’empereur revient vers elle et tente de la retenir avec ses gardes, mais apparaît alors une ambassadrice de la Lune qui aveugle ses protecteurs et invite Kaguya à rentrer. Cette dernière est partagée par l’amour qu’elle a pour ses parents, mais ne peut se résoudre à ne pas retourner sur la Lune. Avant de quitter la Terre, elle écrit une lettre à l’empereur à laquelle elle attache un élixir d’immortalité puis écrit à ses parents en leur laissant sa robe en souvenir. Lorsque l’empereur lit sa lettre, il est tellement ému qu’il refuse de boire l’élixir, prétendant ne pas vouloir vivre éternellement s’il ne pouvait plus la voir.
Il demande à ses hommes quel est le sommet le plus proche du ciel et de la Lune et lorsque ses gardes lui parlent d’une montagne appelée Grand Mont. L’empereur veut que l’on fasse brûler la lettre et l’élixir en haut de la montagne en espérant que cela atteigne la Lune où vit Kaguya. La montagne fut quant à elle renommée à l’incinération de l’élixir d’immortalité. Immortalité se prononçant fuji (ou fushi), la montagne fut baptisée mont Fuji. Un nom à propos pour le plus grand sommet du Japon. Malgré l’impact culturel énorme de l’histoire, on ne sait ni qui l’a écrit, ni quand exactement si ce n’est dans le courant du Xe siècle.
Le personnage du coupeur de bambou apparaissait cela dit déjà dans une série de poèmes datant de 759, le Recueil de dix mille feuilles (Man’y?sh?). Cela indiquerait qu’il correspond à un archétype précis et important du folklore japonais. Quant à l’histoire de Kaguya elle-même, son interprétation à été le sujet de nombreux débats au cours des siècles. Si certains y voient une critique du système politique à travers le refus de Kaguya d’épouser les princes et l’empereur, d’autres mettent l’accent sur la dimension science-fiction de l’histoire.
Selon les avis, Kaguya aurait commis un crime important sur la Lune et aurait été exilé sur Terre pour purger sa peine. Mais l’hypothèse la plus crédible étant donné les nombreuses références à son statut de princesse, c’est qu’elle soit effectivement la princesse de la Lune et que son passage sur Terre ne soit qu’un moyen de la protéger alors qu’une guerre fait rage dans son royaume. Il est fascinant de se dire qu’un conte de plus de mille ans avait énormément d’éléments appartenant à la science-fiction.
Il est clair dans l’histoire que Kaguya ne vient pas d’une race divine, mais bien d’une race extraterrestre à la technologie largement plus avancée puisqu’elle est capable de faire le voyage entre la Terre et la Lune sans aucun problème. L’histoire a depuis été racontée des centaines de fois à travers des adaptations plus ou moins fidèles à l’oeuvre originale, que ce soit en film, en manga ou en jeu vidéo. Le meilleur exemple de ces dernières années est sans aucun doute Le Conte de la princesse Kaguya par le studio Ghibli et réalisé par Isao Takahata (Le Tombeau des lucioles, Pompoko).
Soulignant les thèmes chers à la culture japonaise comme le devoir, la famille et l’héritage, Le Conte de la princesse Kaguya est en plus d’être un récit d’exception, une oeuvre surprenante par ses concepts flirtant avec la science-fiction. Écrit au Xe siècle, on trouve déjà une race extraterrestre voyageant entre la Terre et la Lune et une princesse fantastique qui ne cesse d’émerveiller les différentes générations de Japonais. Préférez-vous lire l’histoire originelle ou regarder une adaptation comme celle du studio Ghibli ?
Par Florent, le
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