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Ce physicien du projet Manhattan a inventé le premier jeu vidéo, bien avant Pong

Quand la science nucléaire a donné naissance au jeu vidéo

Premier jeu vidéo

Bien avant les pixels de Pong et les bornes d’arcade des années 1970, un scientifique qui avait participé à la mise au point de la bombe atomique a créé, presque par hasard, le tout premier jeu vidéo de l’histoire. Mais comment un physicien du projet Manhattan en est-il venu à inventer un divertissement électronique ? Explications.

D’un laboratoire nucléaire à l’idée d’un jeu

En 1971, le monde découvrait Computer Space, premier jeu d’arcade commercial, bientôt éclipsé par Pong et la console Magnavox Odyssey. Pourtant, l’histoire du jeu vidéo avait commencé bien plus tôt. En effet, dans les années 1950, plusieurs chercheurs créaient déjà des expériences interactives, souvent destinées à tester des ordinateurs ou illustrer des principes scientifiques.

Mais le premier jeu vidéo conçu uniquement pour divertir remonte à 1958, et on le doit à William Higinbotham, physicien américain au parcours pour le moins singulier. Né à Bridgeport, dans le Connecticut, il avait travaillé pendant la Seconde Guerre mondiale au laboratoire de Los Alamos, où il participa au développement des systèmes électroniques des premières bombes atomiques. Après le conflit, profondément marqué, il contribua à fonder la Fédération des scientifiques américains, militant pour la non-prolifération nucléaire, avant de rejoindre le Laboratoire national de Brookhaven, où il passa le reste de sa carrière.

Tennis for Two, le jeu qui a tout lancé

C’est à Brookhaven qu’en 1958, lors d’une exposition scientifique, William Higinbotham eut une idée insolite. « Avoir un jeu auquel les gens pourraient jouer pourrait égayer l’endroit », expliquait-il. Son objectif : montrer que la science pouvait aussi être ludique et proche du public.

En quelques heures, il conçut le principe de Tennis for Two, une simulation de tennis affichée sur un oscilloscope, assemblée en trois semaines par le technicien Bob Dvorak. Les joueurs manipulaient une manette pour ajuster l’angle de leur tir, appuyaient sur un bouton pour frapper la balle, et suivaient son trajet sur l’écran.

Le cœur du système reposait sur un calculateur analogique, utilisé à l’origine pour tracer des trajectoires balistiques. Le manuel technique mentionnait des courbes de missiles ou de balles soumises à la gravité, une lecture qui inspira directement William Higinbotham. Il n’y avait qu’un pas entre la trajectoire d’un projectile et celle d’une balle de tennis.

Un pionnier oublié

Tennis for Two fit sensation lors de sa présentation, au point que William Higinbotham en réalisa des versions améliorées, incluant des variations de gravité.

Mais après quelques années, le jeu disparut dans l’ombre, avant de ressurgir dans les années 1970, lorsqu’un article le mentionna comme le premier véritable jeu vidéo de divertissement. Contrairement aux programmes précédents, conçus pour des recherches ou démonstrations techniques, celui-ci ne servait qu’à amuser.

Ironie du sort, William Higinbotham ne chercha jamais à tirer gloire de son invention. Décédé en 1994, une année marquée par la sortie de Final Fantasy VI, Doom II et Donkey Kong Country, il souhaitait être reconnu pour ses travaux sur les radars et la non-prolifération nucléaire.

Mais l’histoire en a décidé autrement : ce physicien restera comme l’homme qui, presque par accident, a donné naissance à ce qui deviendrait une industrie de plus de 189 milliards de dollars.

Par ailleurs, voici 10 jeux vidéo à faire absolument au moins une fois dans sa vie.

Par Cécile Breton, le

Source: IFL Science

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