Des enfants regardent vers l’avenir via Shutterstock
Le rapport scientifique publié par l’ONU permet de nous projeter vers l’année 2300 pour voir l’état de la population mondiale. Certains de ces chiffres semblent tout à fait prévisibles, d’autres risquent de vous surprendre. Ces derniers reflètent de nouvelles tendances, susceptibles d’entraîner de grands changements dans nos comportements et nos modes de vie. SooCurious vous explique pourquoi.
En 2004, l’Organisation des Nations Unies a mis sa casquette futuriste. Dans un rapport sobrement intitulé « La population mondiale vers 2300 », le Département des affaires économiques et sociales de l’ONU a publié pour la première fois ses prévisions sur l’état du monde au cours des 300 prochaines années.
Un homme sur le toit d’un bâtiment via Shutterstock
Ce fut une entreprise de grande envergure, c’est le moins que l’on puisse dire. Imaginez les gens de 1700 en train de faire des prédictions pour l’année 2000. Même les prévisions de 1950 étaient complètement à côté de la plaque. Cependant, nos outils de modélisation sont devenus légèrement plus sophistiqués depuis le XVIIIe siècle, et compte tenu des prévisions faites pour 2300 – une population de 9 milliards de personnes vivant régulièrement jusqu’à l’âge de cent ans – les projections et les hypothèses des démographes de l’ONU semblent assez raisonnables.
POPULATION MONDIALE TOTALE, 1950-2300 (cette courbe montre l’évolution du nombre d’habitants jusqu’en 2300)
En fourchette basse, l’ONU estime que vers l’année 2300 il n’y aura que 2,3 milliards de personnes vivant sur la Terre, moins qu’il n’y en avait en 1940. En fourchette haute, elle prévoit 36 milliards, soit cinq fois la taille actuelle. Mais le nombre du milieu situé autour de 9 milliards correspond à une croissance stable à partir de 2050.
C’est surtout le taux de fécondité qui risque d’être décisif dans la réalisation de l’un des trois scénarios. L’Afrique, avec son taux de fécondité exorbitant, prend les devants. Aujourd’hui, le continent représente 16 % de la population mondiale. D’ici 2100, on prévoit que sa part du gâteau s’agrandira à plus de 50 %.
TAUX DE FERTILITE TOTAL, 1955-2300 (cette courbe montre le nombre d’enfants par femme jusqu’en 2300)
Au milieu du XXe siècle, le monde a vu une explosion de la population. Les États-Unis ont eu leur baby-boom, tout comme la Chine et l’Inde. Mais dans le contexte de l’urbanisation et l’industrialisation mondiales, des pays comme la Chine ont mis en œuvre des politiques très contraignantes de contrôle de la population et les gens ont cessé d’avoir autant d’enfants.
Aujourd’hui, nous avons encore 2,5 enfants par femme en moyenne (les statistiques sont parfois amusantes), de sorte que la population ne cesse de croître. Cependant, le taux est en baisse, ce qui signifie que la croissance de la population se stabilisera ou même baissera si elle reste en dessous de la « fécondité de remplacement » (le nombre d’enfants nécessaire pour garder la population stable).
Dans son rapport 2300, l’ONU estime que le taux ne continuera pas à baisser. Il se stabilisera autour du seuil de replacement quelque part dans les années 2130. Selon le rapport, le fait que la fécondité descende d’abord en dessous du seuil de remplacement pour regagner ensuite le niveau de remplacement et entraîner la croissance de la population avec les points de retournement environ un demi-siècle plus tard, reflète une tendance générale à long terme dans toutes les régions du monde.
ÂGE MOYEN, 1950-2300 (cette courbe montre l’âge moyen de la population par pays jusqu’en 2300)
Partout, sauf en Afrique, l’humanité a vieilli entre 1950 et 2000. Pendant des décennies, le continent a vu des taux de mortalité élevés liés au VIH/SIDA et des taux de fécondité encore plus élevés. Comme plus de bébés viennent au monde, l’âge moyen descend. Cependant, l’ONU prédit la fin de cette tendance pour 2100, du fait que les progrès de la médecine permettent la survie du grand nombre des bébés jusqu’à l’âge adulte.
Au cours des deux prochains siècles, la plupart des pays verront leur âge moyen se rapprocher. « En 2200, la liste des pays comptant le plus de seniors sera pratiquement identique à la liste des pays ayant la plus haute espérance de vie », affirme le rapport. « Jusqu’en 2300, il y aura peu de changement dans la liste. En 2300, la population japonaise de 65 ans et plus n’aura que légèrement augmenté par rapport à 2050. »
ESPERANCE DE VIE A LA NAISSANCE, 1955-2300 (cette courbe montre l’espérance de vie des hommes en rouges, et des femmes en bleu, jusqu’en 2300)
Les gens vivent plus longtemps que jamais. D’ici 2300, l’ONU s’attend à ce que les habitants du monde vivent encore plus longtemps, sans aucun effet de plateau. Regroupant les régions développées et celles en développement, l’ONU estime que les femmes vivront en moyenne jusqu’à 97 ans et les hommes jusqu’à 95 ans. Dans les pays développés, ces estimations montent respectivement à 102 et 99 ans.
L’allongement de la vie humaine est l’indice le plus fiable de l’efficacité de la médecine moderne. Les bébés survivent à l’accouchement, les enfants se font vacciner, les adultes reçoivent un traitement rapide et efficace en cas de maladie et les soins aux personnes âgées retardent la mort en la rendant plus douce. Mais bien sûr, il y aura toujours des gens qui n’acceptent pas la mort et rêvent de vivre éternellement.
ESPERANCE DE VIE A LA NAISSANCE, HOMMES, 1950-2300 (Cette courbe montre l’espérance de vie des hommes par pays jusqu’en 2300)
Si l’on tient compte du sexe, l’ONU prédit que la plupart des hommes atteindront leur 95e, voire leur 100e anniversaire, même si en moyenne ils vivront toujours moins longtemps que les femmes.
Pour les pays d’Afrique sub-saharienne comme le Nigeria, l’ONU attend que la menace du VIH/SIDA devienne une relique du passé, ce qui rendra la longévité plus accessible aux personnes dans les pays en développement. Avec cette augmentation de la population âgée viendra un nouveau mode de vie pour de nombreuses familles. « Compte tenu de nos modes actuels de soins aux personnes âgées et des tendances déjà visibles dans les ressources publiques pour la recherche de soins, ceci implique davantage de ménages multigénérationnels », écrit dans son rapport le professeur Alaka Basu Malwade, chercheuse en sociologie à l’université Cornell.
ESPERANCE DE VIE A LA NAISSANCE, FEMMES, 1950-2300 (Cette courbe montre l’espérance de vie des femmes par pays jusqu’en 2300)
En 2300, beaucoup plus de femmes vivront jusqu’à 100 ans. Au Japon, l’espérance de vie atteindra 108 ans. Aux États-Unis, elle passera à 102. « S’il y a une conclusion à tirer des projections de la population en 2300, c’est un changement majeur dans la répartition d’âge dans le monde à ce moment », déclare Alaka Basu Malwade. « En particulier, je voudrais croire que des liens affectifs affaiblis entre les générations (petits-enfants et grands-parents) changeront de façon drastique vers 2300. »
Les pays occidentaux vont probablement adopter des attitudes similaires à celles des pays asiatiques, comme le Japon et la Chine, où les personnes âgées jouissent d’un grand respect. Comme l’explique le professeur Basu, cela pourrait aboutir à un renversement du « flux intergénérationnel des ressources émotionnelles ».
DENSITE DE POPULATION, 1950-2300 (cette courbe montre le nombre de personnes par kilomètres carrés par pays jusqu’en 2300)
Un monde avec 9 milliards de personnes est un monde plus peuplé que celui que nous habitons actuellement. Mais il est imaginable, d’autant que toutes les régions ne seront pas affectées de la même manière. L’ONU prévoit que de nombreux pays, comme l’Inde et le Nigeria, deviennent plus peuplés avec le temps et devront probablement trouver des solutions innovantes pour éviter la surpopulation. D’autres, comme la Chine et les Etats-Unis, ne seront pas susceptibles de voir des changements radicaux.
Il n’est pas facile d’entrevoir le monde de demain, surtout à l’échelle de trois siècles. Et vous, croyez-vous que ces changements pourraient être bénéfiques à tous les pays de notre planète, en donnant lieu à une vie plus saine et plus solidaire ?
Par Ida Junker-Ceretti, le
Source: tech insider
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Catégories: Sciences, Actualités