Située entre les Philippines et le Japon, la fosse des Mariannes est connue pour sa profondeur abyssale d’environ 11 000 mètres, faisant d’elle la fosse océanique la plus profonde du monde. On aurait pu penser que le ventre des océans soit encore vierge de toute pollution humaine, pourtant des polluants d’origine industrielle viennent d’être retrouvés dans l’écosystème de la fosse.

Un groupe international de chercheurs de l’université d’Aberdeen ont publié une étude dans la revue Nature ecology & evolution révélant la présence de très fortes concentrations de PCB (polychlorobiphényle) et de PBDE (polybromodiphényléthers), des substances hautement toxiques, dans les tissus graisseux des amphipodes, des petits crustacés qui vivent dans les profondeurs des Mariannes. D’après François Galgani, spécialiste d’éco-toxicologie à l’Ifremer (Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer), c’est la première fois qu’on retrouve ce type de polluants aussi loin sous la surface de l’océan en terme de profondeur.

Interdits depuis les années 70 en Europe et aux Etats-Unis du fait de leur caractère cancérogène, François Galgani explique cependant que les polluants émanent probablement du sud-est asiatique où l’interdiction reste partielle et récente pour les pays qui la respectent. Emportés par les courants venus de l’Ouest, ces polluants capables de parcourir de longues distances se déposent progressivement dans les profondeurs par le biais de la chaîne alimentaire. D’après François Galgani, les polluants se sont donc fixés sur la neige marine, association de matière organique et de substances minérales, jusqu’à atteindre le fond de la fosse où vivent les amphipodes.

D’après les chercheurs, le taux de contamination des crustacés est 50 fois plus élevé que ceux des crabes vivant dans les eaux de la Liaohe River qui comptent parmi les plus polluées de Chine. Loin d’être négligeables, François Galgani pense cependant que ces niveaux de pollution ne devraient avoir que des effets limités sur l’écosystème. Mais les chercheurs sont bien décidés à approfondir leurs recherches sur le sujet.

Un exemple d’amphipode

Seul un nombre limité d’espèces peuvent supporter les conditions de vie dans la fosse des Mariannes où la pression est 1 000 fois plus forte qu’en surface. Si les conséquences de la pollution des abysses sont encore mal connues, les polluants pourraient venir bouleverser le processus de reproduction des espèces qui vivent en profondeur, déjà dotées d’un cycle de reproduction plus long que les autres…

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