
L’exposition récurrente au plomb a été liée à une mosaïque de problèmes, notamment neurologiques. De nouvelles recherches suggèrent que les Néandertaliens étaient beaucoup plus sensibles à cette source de pollution que notre espèce.
Une exposition indissociable de notre paysage évolutif
Si les Romains et Grecs y étaient déjà exposés, on estime que le plomb a commencé à faire des ravages au sein de nos sociétés à partir de la fin du XVIIIe siècle. La contamination se faisant principalement par le biais de rejets industriels, des canalisations, mais aussi de l’utilisation généralisée de peintures et de carburants en contenant. En 2022, une étude avait même lié les gaz d’échappement de véhicules fonctionnant à l’essence au plomb à une réduction du QI de plus de 150 millions d’Américains.
Détaillée dans la revue Science Advances, l’analyse de l’émail de 51 dents d’hominidés et de grands singes, couvrant les derniers millions d’années et provenant de trois continents (Afrique, Europe et Asie), brosse un tableau bien différent.
Les chercheurs ont observé la présence systématique de dépôts de ce métal lourd, indiquant une exposition récurrente durant l’enfance (probablement par le biais de poussières et la consommation d’eau contaminée), aujourd’hui connue pour impacter significativement le développement cérébral.
Selon Renaud Joannes-Boyau, auteur principal de l’étude, ces données indiquent que l’exposition au plomb est indissociable de notre paysage évolutif. Ce qui suggère que ce puissant polluant a probablement façonné les comportement et les capacités cognitives des espèces concernées.

Du plomb dans la cervelle
Afin d’évaluer son impact sur nos ancêtres et les Néandertaliens, l’équipe a cultivé des « mini-cerveaux » en laboratoire (appelés organoïdes) qui ont ensuite été exposés au plomb.
Il s’est avéré que les spécimens porteurs de la variante moderne du gène NOVA1, observée chez notre espèce et régulant l’expression génétique cérébrale en réponse à l’exposition à ce métal lourd, étaient peu affectés. À l’inverse, des perturbations notables ont été mises en évidence dans les neurones associés au développement de la parole et du langage pour les « organoïdes néandertaliens », présentant une version archaïque de NOVA1.
Dans l’ensemble, l’expérience suggère que le cerveau de nos cousins disparus était bien plus vulnérable aux effets délétères du plomb, et que l’impact sur son développement aurait contribué à leur déclin, en limitant leurs aptitudes linguistiques et sociales. Des conclusions faisant écho à celles d’une étude publiée en août dernier.
Par Yann Contegat, le
Source: IFL Science
Étiquettes: cerveau, Néandertalien
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