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Les milieux aquatiques alimentés par des flux d’eaux usées sont intrinsèquement sujets aux polluants issus de l’activité humaine, et cela peut inclure la consommation de substances actives, licites ou non, comme le confirme cette nouvelle étude.

Des effets de plus en plus étudiés

Si les effets des résidus de médicaments et autres substances actives sur la faune et la flore sont encore mal connus, les recherches commencent à mettre en évidence certains des risques qu’ils impliquent. Ces dernières années, il a ainsi été démontré que de tels polluants pouvaient altérer le comportement reproducteur et les niveaux d’anxiété des poissons. Une étude publiée en 2019 avait ainsi révélé que les antidépresseurs tels que le Prozac pouvaient perturber leur comportement social en groupe.

Dans le cadre de travaux présentés dans le Journal of Experimental Biology, des scientifiques de l’université tchèque des sciences de la vie de Prague ont élargi ce constat en examinant l’impact de la méthamphétamine (psychostimulant illicite) sur les poissons évoluant dans des cours d’eau contaminés. Pour ce faire, l’équipe a isolé des truites fario dans un réservoir d’eau de 350 litres, contenant les mêmes micro-concentrations de méthamphétamine que celles relevées dans certaines rivières, pendant une période de huit semaines.

Les chercheurs ont ensuite transféré les poissons dans un second réservoir d’eau douce « pure », et leur ont laissé le choix de rester dans cet environnement ou de retourner dans l’eau contaminée par la méthamphétamine. Cette expérience a été répétée tous les deux jours pendant 10 jours, l’idée étant de déterminer si les poissons souffraient ou non du sevrage.

Un cycle de migration potentiellement perturbé

En suivant les choix des poissons au cours de cette période, un schéma a commencé à se dessiner, et il est apparu clairement que les truites qui avaient passé deux mois dans le réservoir contenant de la méthamphétamine étaient effectivement devenues dépendantes à cette substance, continuant à la rechercher pendant leurs quatre premiers jours de sevrage. Ces poissons étaient également moins actifs que les truites du groupe témoin, et des traces de drogue ont été retrouvées dans leur cerveau jusqu’à 10 jours après leur retrait du réservoir.

Outre les dommages physiologiques que la consommation de méthamphétamine pourrait causer aux poissons, les scientifiques pensent qu’une telle dépendance pourrait les pousser à migrer vers des décharges d’eaux usées insalubres à la recherche de leur dose.

« Le déclenchement de la toxicomanie chez les poissons sauvages pourrait représenter un autre exemple de pression inattendue sur les espèces vivant dans des environnements urbains », a estimé Pavel Horký, auteur principal de l’étude. « Une telle contamination pourrait perturber le fonctionnement d’écosystèmes entiers. »

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