L’analyse de gravures découvertes sur un célèbre site archéologique du sud de la Turquie suggère qu’il s’agirait du plus ancien calendrier solaire au monde, documentant également un événement cataclysmique à l’origine d’un refroidissement marqué du climat mondial.
Des gravures intrigantes
Göbekli Tepe est un site néolithique précéramique vieux d’environ 12 000 ans. Selon de récentes recherches, les symboles en forme de V gravés sur l’un de ses piliers représenteraient les jours de l’année (avec un total de 365 marques divisées en 12 mois lunaires plus 11 jours supplémentaires ou épagomènes), et une divinité « créatrice ou contrôlant le temps », semblable à un oiseau et portant un collier, le solstice d’été.
Ce qui en ferait le plus ancien calendrier lunisolaire connu, précédant de plusieurs millénaires ses homologues mésopotamiens et aztèques.
Les gravures anciennes semblent également documenter les positions changeantes des constellations dans le ciel, indiquant une compréhension du concept de précession 10 000 ans avant qu’il ne soit énoncé par l’astronome grec Hipparque.
The Vulture Stone of Göbekli Tepe. Thought by researchers Martin Sweatman and Dimitrios Tsikritsis to be evidence of a comet strike in ~10,950 BCE. This event possibly led to the Younger Dryas, a 1,000 year cooling of the global climate that is possibly linked to the Neolithic. pic.twitter.com/DCBEDke13w
— sean (@DilettanteryPod) July 9, 2021
Plus intrigant encore, l’interprétation d’autres pétroglyphes évocateurs (qui représenteraient le flux de météores des Taurides traversant les constellations du Verseau et des Poissons) semble soutenir l’hypothèse controversée de l’impact d’une comète il y a environ 13 000 ans, qui aurait déclenché une mini-ère glaciaire connue sous le nom de « Dryas récent », à l’origine de la disparition de la mégafaune du Pléistocène et de la culture Clovis en Amérique du Nord.
Observateurs attentifs
Si davantage de preuves se révéleront nécessaires pour appuyer ces théories, les auteurs de la nouvelle étude, publiée dans la revue Time and Mind, estiment que les gravures de Göbekli Tepe auraient pu préfigurer le développement des premières formes d’écriture, des millénaires plus tard.
« Il semble logique qu’à la suite d’un tel évènement, les habitants de Göbekli Tepe [qui aurait également constitué une forme de mémorial] soient devenus des observateurs attentifs du ciel », estime Martin Sweatman, de l’université d’Édimbourg.
« Il pourrait avoir déclenché la civilisation en initiant une nouvelle religion et en motivant des développements dans l’agriculture pour faire face au climat froid. »