
À un peu plus de 600 années-lumière de la Terre, des astronomes ont observé une « frénésie alimentaire » record. Impliquant une planète errante, elle brouille un peu plus la frontière entre ce type d’objet et les étoiles.
La vorace Cha 1107-7626
Ces dernières années, des observations ont suggéré que les planètes errantes, boules de gaz et de poussière n’étant pas soumises à l’influence gravitationnelle d’une étoile et flottant librement dans le cosmos, étaient bien plus répandues qu’on ne le pensait initialement. Cependant, on ignore toujours si elles se forment seules, comme les étoiles, ou si elles ont été éjectées de leur système parent lors d’un évènement cataclysmique.
Dans le cadre de travaux publiés dans The Astrophysical Journal Letters, Víctor Almendros-Abad, de l’observatoire astronomique de Palerme, et ses collègues ont documenté la poussée de croissance record de Cha 1107-7626.
Cet objet avait attiré l’attention des astronomes pour la première fois en 2008, suite à la détection de ce qui s’apparentait à un disque planétaire primitif. Il a fallu attendre 2025 pour qu’il bénéficie d’une étude approfondie, grâce au Very Large Telescope de l’Observatoire européen austral au Chili.
Alors que Cha 1107-7626 s’était montrée plutôt calme les mois précédents, en juin, elle a soudainement commencé à accrêter des quantités prodigieuses de matière, avec un taux de croissance multiplié par près de dix pendant huit semaines, correspondant à un gain de masse d’environ 6 milliards de tonnes par seconde.

Du jamais-vu pour une planète errante
Selon Almendros-Abad, une telle « voracité » n’avait jusqu’à présent été observée que chez des astres semblables au Soleil, se révélant au moins 100 fois plus massifs que Cha 1107-7626.
À l’instar des étoiles, de puissants champs magnétiques seraient à l’oeuvre et contribueraient à canaliser un flux remarquable de gaz et de poussière, mais les mécanismes déclencheurs de ce festin interstellaire restent à ce stade obscurs.
« Chaque fois que nous observons ces mondes errants, ils brouillent un peu plus la frontière entre les étoiles et les planètes », écrit l’équipe. « Ces scénarios de formation doivent présenter des signatures chimiques différentes, mais nous n’avons pas encore trouvé la pierre de Rosette qui nous permettrait de les distinguer. »
Soyez rassurés, il est très peu probable qu’une planète errante menace la Terre dans un avenir proche.