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Des plongeurs récupèrent des blocs pesant jusqu’à 80 tonnes provenant du phare d’Alexandrie

Ces vestiges appartenaient autrefois à la base, à l'entrée et à la porte cérémonielle de ce monument

Le phare d'Alexandrie
Le phare d’Alexandrie — Michael Rosskothen / Shutterstock.com

Enfoui sous l’eau depuis plus de 700 ans, le légendaire phare d’Alexandrie, l’une des sept merveilles du monde antique, refait surface grâce à une équipe internationale de plongeurs, d’archéologues et d’ingénieurs. Vingt-deux blocs monumentaux de pierre, dont certains pèsent jusqu’à 80 tonnes, ont récemment été extraits du fond marin, au large de la ville égyptienne d’Alexandrie. Ces éléments colossaux, aujourd’hui rescapés des flots, appartenaient aux fondations et à l’entrée du phare de Pharos.

Un chef-d’œuvre de l’Antiquité

Construit autour de 280 av. J.-C. sur l’île de Pharos, sous le règne du roi égyptien Ptolémée II Philadelphe, le phare avait une vocation pratique et symbolique. Il servait de repère aux navires approchant les côtes dangereuses d’Égypte, mais incarnait aussi le prestige d’Alexandrie, métropole culturelle et commerciale de son époque.

Avec une hauteur dépassant 100 mètres, le phare comptait parmi les plus grandes constructions du monde antique. Sa structure se décomposait en trois parties : une base carrée, une section octogonale et une lanterne cylindrique au sommet. Un feu, alimenté par du bois ou de l’huile, projetait sa lumière jusqu’à 50 kilomètres grâce à des miroirs métalliques polis, probablement en bronze. 

Cet imposant monument a subsisté pendant plus de 1 600 ans avant d’être détruit par une série de tremblements de terre en 1303 et 1323. Il s’effondra progressivement, pierre par pierre. Au fil des siècles, une partie de ses restes fut réutilisée pour ériger le fort de Qaitbay, toujours visible aujourd’hui sur le même site.

Le projet PHAROS

Les vestiges du phare ont été localisés pour la première fois en 1994 par des archéologues sous-marins. Depuis, un travail de cartographie, de photographie et de numérisation a permis d’explorer ces fragments. La récente récupération de blocs s’inscrit dans le cadre du projet PHAROS, une initiative collaborative entre le CNRS (France), le ministère égyptien du Tourisme et des Antiquités, et Dassault Systèmes.

Parmi les pierres remontées figurent des éléments de la porte principale, des fondations de la tour, ainsi qu’un mystérieux pylône mêlant architecture égyptienne et techniques grecques. L’origine et la fonction exacte de cette structure restent encore à élucider.

Chaque pièce est désormais soumise à un scan 3D de très haute précision. L’objectif est de créer un jumeau numérique du phare. Cette reconstitution offrira aux chercheurs un outil inédit pour explorer les techniques de construction antiques, tester des théories sur l’éclairage et analyser les causes de l’effondrement du monument.

Une quête pour comprendre et préserver

Parallèlement à l’étude des blocs, les chercheurs scrutent avec attention les textes anciens, les monnaies antiques et les représentations gravées pour en extraire des indices sur l’aspect et l’évolution du phare au fil des siècles. En recoupant ces sources avec les éléments retrouvés, les historiens établissent une chronologie complète : de la construction du phare au IIIe siècle avant notre ère à son effondrement dans les années 1300, jusqu’à son démontage partiel à l’époque mamelouke.

Il ne reste aucun plan d’origine, et les descriptions écrites de l’époque sont rares. Jusqu’à présent, les représentations du phare reposaient sur des interprétations artistiques et des hypothèses souvent approximatives. Grâce au projet PHAROS, les chercheurs espèrent enfin percer les secrets techniques de cette merveille.

Le phare d’Alexandrie n’était pas seulement un exploit architectural ; c’était aussi le symbole d’une ville rayonnante, qui rivalisait autrefois avec Athènes et Rome. Il veillait sur les navires comme sur les érudits de la légendaire bibliothèque d’Alexandrie. Aujourd’hui, le projet PHAROS pourrait enfin apporter des réponses et redonner à Alexandrie une part de son identité historique en restituant virtuellement ce monument emblématique. Pour aller plus loin, découvrez les 7 merveilles du monde antique, ces monuments de légende enveloppés de mystères.

Par Eric Rafidiarimanana, le

Source: ZME Science

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